L'Action française - Eugen Weber, 1990

Résumé du document

L'élaboration d'une doctrine se fait pendant les 10 premières années. En 1894, l'officier juif Dreyfus est condamné pour espionnage sur accusation de faux documents. Le 13 janvier 1894, Zola publie dans « L'Aurore » une lettre ouverte dans laquelle il accuse les généraux de l'état-major d'avoir sciemment condamné un innocent. Grâce au soutien de « révisionnistes », Dreyfus est finalement acquitté. Le royaliste Maurras déclare alors que le faux a été commis par patriotisme.
Né à Martigues d'une famille respectable du Midi blanc, Charles Maurras fait partie de ceux qui voient dans la défaite de Sedan la décadence de la France. La Révolution a été l'œuvre de théoriciens qui n'ont pas tenu compte de la nature imparfaite et égoïste de l'homme. Pour Maurras, le principe unitaire qui manque à la France, incarnation du bien commun, c'est un monarque limité.

Extraits

[...] Les derniers jours de l'Action Française sont troublés. Le 24 août 1914 paraît le dernier numéro du journal. MAURRAS est arrêté à Lyon le 8 septembre. La campagne de presse se déchaîne autour de son procès : Avec son disciple PETAIN, MAURRAS porte les principales responsabilités de la collaboration rappelle-t-on aux juges. MAURRAS est condamné à la prison à vie et à être dégradé nationalement. D'après Ernest NOLTE, le procès de MAURRAS est –ironie de l'histoire– dans un certain sens la reprise du procès de DREYFUS, avec lequel il présente de nombreuses similitudes : tribunal exceptionnel loin de raffiner sur le légalisme, culpabilité présupposée, documents importants écartés, condamnation évidente, accusation d'intelligence avec l'ennemi Lorsque MAURRAS s'éteint le 6 novembre 1952, des éloges s'élèvent à l'Académie française et musquent sur les radios suisse, canadienne, espagnole, aux Académies espagnole et portugaise. [...]

[...] Afin d'attirer l'attention des autorités, les dirigeants royalistes organisent de nombreuses démonstrations. Le 16 novembre 1908, c'est la naissance des Camelots du Roi. Mais le duc d'Orléans fait savoir qu'il désapprouve les violences des Camelots et la politique des barricades est abandonnée. b. La Grande Guerre, faire-valoir efficace du patriotisme royaliste Suite à la crise d'Agadir en 1911, un gouvernement de républicains durs (MILLERAND, POINCARE ) est mis en place. Le ton de la presse devient patriote, voire belliqueux. Pour les observateurs la possibilité d'une restauration monarchique devient crédible. [...]

[...] Les membres de l'Action Française craignent la guerre, mais elle s'avère inévitable et la France doit être unie. Des agitateurs comme JAURES représentent un danger, et l'Action Française ne peut que se réjouir de son assassinat par Raoul VILLAIN le 31 juillet 1914. L'Action Française est concentrée sur la victoire et MAURRAS affirme que pendant les hostilités, son mouvement soutiendra tous les gouvernements, sans tenir compte de leur nature ni de leur composition. Au combat, on admire le patriotisme de militants royalistes. [...]

[...] En mars 1928, une ordonnance épiscopale interdit aux adhérents de l'Action Française le mariage ainsi que l'enterrement religieux. En 1930, la grande dissidence prive le mouvement royaliste de ses membres les plus actifs. Quatre ans plus tard, les manifestations antiparlementaires sanglantes du 6 février apparaissent comme une victoire perdue, MAURRAS ayant décidé de ne pas tenter de putsch. Suite à l'agression de Léon BLUM le 13 janvier 1936, la dissolution de l'Action Française, des Camelots et des Etudiants d'Action Française est prononcée. [...]

[...] L'Action Française fustige toute action belliqueuse. Elle se réjouit des Accords de Munich Honneur à CHAMBERLAIN ainsi que de ceux de RIBBENTROP-BONNET. Le lendemain de l'invasion de la Pologne par les troupes allemandes, MAURRAS exprime sa résignation dans un éditorial : Voici l'ennemi Il n'y a qu'une seule chose à faire : en avant ! . Puisque nous sommes en guerre, en avant pour la victoire ! L'Action Française fait dès lors de son mieux dans le sens du patriotisme. [...]