C'est en novembre 1917 (octobre pour le calendrier russe) que les bolcheviks s'emparent du pouvoir en Russie et mettent en place un nouveau gouvernement dirigé par Lénine, le Conseil des commissaires du peuple ; en quelques semaines, il bouleverse les structures de l'ancien empire russe. Cette Révolution d'octobre représente un véritable choc pour le reste du monde : en effet, une révolution socialiste a pu réussir là ou l'attendait le moins, c'est-à-dire dans un des empires les plus autoritaires de l'époque ; cette nouvelle enthousiasme de nombreux intellectuels occidentaux tels que Jules Romains qui parle de « grande lueur à l'Est ». Mais la conquête du pouvoir en Russie constituait surtout un catalyseur pour la création d'une nouvelle internationale, création qui devenait d'autant plus urgente que les bolcheviks devaient faire face à une situation de crise, à la fois sur plan interne (la « guerre civile ») et sur le plan externe -interventions étrangères. C'est ainsi que l'Internationale communiste vit le jour en mars 1919 à Moscou et marqua une rupture avec la social-démocratie. Cette IIIème Internationale, « fille de la Révolution russe et de l'ébranlement qu'elle suscita dans un monde secoué par la guerre mondiale » selon Serge Wolikow, montra cependant des signes inquiétants de faiblesse durant la première année de son existence : préparé trop à la hâte, le premier congrès n'obtint pas les résultats escomptés notamment en matière d'organisation au niveau international. C'est pourquoi un second congrès fut organisé du 19 juillet au 7 août, congrès qui allait posait les conditions nécessaires à la réussite de la révolution mondiale : une liste de 19 conditions pour l'adhésion des partis au Komintern, écrite par Lénine lui-même, y fut alors présentée. C'est cette liste, à laquelle on rajouta deux conditions supplémentaires, qui allait véritablement forger l'identité de cette nouvelle internationale. Mais en quoi ce texte des 21 conditions d'admission marque t-il une nette rupture avec la tradition héritée de la IIème Internationale ? En quoi est-il une révolution à lui tout seul dans l'histoire du mouvement de l'Internationale ?
[...] C'est par exemple, en France, le socialiste Albert Thomas qui organise l'économie de guerre. Pour Lénine, c'est bien le social patriotisme qui est directement en cause dans l'échec de la IIe Internationale. Mais cette politique de rupture intervient également dans une perspective de court terme : il s'agit de prendre de vitesse l'Internationale Jaune d'Amsterdam (condition 10) qui a tenté de remettre sur pied la IIe Internationale. qui crée une véritable division au sein du socialisme en Europe Mais cette politique de rupture provoque le départ de nombreux alliés alors que la situation d'isolement de la Russie et du communisme en général est déjà critique sur le plan international ; en effet, devant ces exigences et le refus catégorique des bolcheviks d'un quelconque rapprochement avec les tendances réformistes, les partis socialistes se divisent dans toute l'Europe entre partisans et adversaires de la IIIe Internationale. [...]
[...] N'est- elle pas l'expression de l'État bourgeois ? De plus, l'inconvénient d'une telle ligne idéologique qui n'accepte aucun compromis, c'est de sous- estimer les avancées du réformisme dans la seconde moitié du XIXe siècle et de ne pas voir à quel point les masses ouvrières y étaient attachées : en effet, contrairement à la situation en Russie où toute velléité de réformisme avait été bloquée par l'autocratie tsariste, les syndicats réformistes d'Europe de l'Ouest ont obtenu des avancées sociales considérables (réduction du temps de travail, plus grande prise en compte de la pénibilité du travail ) II) pour se lancer à l'assaut du monde capitaliste Le contexte de l'après-guerre incite à croire que le moment est venu Embrasement révolutionnaire de l'Europe Un véritable embrasement révolutionnaire s'empare de l'Europe au sortir de la Première Guerre mondiale : en Allemagne, la révolution spartakiste berlinoise du début de l'année 1919 et la création d'un important parti communiste entretiennent la psychose communiste dans l'esprit des puissances occidentales ; même chose en Hongrie où Béla Kun crée une République des Conseils en mars 1919. [...]
[...] Des personnalités comme Longuet en France, ayant encore en mémoire le fonctionnement de la IIe Internationale, étaient disposées à faire des déclarations de principes et adhérer à la IIIe Internationale tout en pensant conserver une grande liberté d'action au niveau national. Seuls des Allemands comme Eberlein avaient émis quelques réserves avant même ce deuxième congrès et la création de l'Internationale communiste : ils pensaient que le déséquilibre entre le parti russe auréolé de sa victoire et les autres partis émergents était tel qu'il ne pouvait qu'aboutir à une domination russe au sein de la nouvelle Internationale. [...]
[...] Échec de la vague révolutionnaire en Europe et violence de la contre- révolution Malheureusement, la révolution échoue plus ou moins partout sur le sol européen : en Allemagne, un accord entre le gouvernement et l'armée permet d'écraser l'insurrection spartakiste et de tuer ses leaders Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht durant la Semaine sanglante (6-13 janvier 1919) alors que la République des Conseils de Bavière s'effondre. L'intervention de troupes roumaines en Hongrie permet l'établissement du régime autoritaire de l'amiral Horty. De plus, les puissances vainqueurs de la Première Guerre mondiale s'accordent pour maintenir autour de la Russie un cordon sanitaire d'États Finlande, Pays baltes, Pologne, Roumanie qui permet de se prémunir contre le risque de contagion révolutionnaire (Pierre Milza). Pourtant, ce reflux révolutionnaire n'a pas pour conséquence de décourager Lénine ; au contraire, il renforce ses convictions. [...]
[...] La Russie, encerclée par les corps expéditionnaires des puissances occidentales, attaquée de l'intérieur par les adversaires politiques du bolchevisme (généraux blancs socialistes révolutionnaires ou encore anarchistes) et surprise par la foudroyante offensive polonaise de 1920, parvient malgré tout à résister puis à reprendre le contrôle de la situation grâce à la jeune Armée rouge dirigée par Léon Trotski. Tous ces foyers révolutionnaires donnent le sentiment aux bolcheviks que la fin du capitalisme est proche. L'heure décisive est arrivée selon Lénine et la guerre l'a prouvé : le vieux monde capitaliste, en crise depuis qu'il est rentré dans une phase impérialiste, vit ses dernières heures et il faut donc sans plus tarder organiser les forces mondiales du prolétariat pour mener à bien la Révolution. [...]
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