L'idée d'un village planétaire, ou « global village », élaborée en 1970 par le canadien Marshall MacLuhan semble signaler l' horizon d'un Monde sans frontière qui paraît travailler l'imaginaire de la modernité depuis des décennies.
Abolir les frontières ce serait en repousser les limites. Car la notion de frontière renvoie bien avant toute chose à la notion de limite, celle d'un territoire et plus particulièrement celle qui sépare deux Etats. La frontière revêt alors des formes multiples : elle peut être naturelle, c'est à dire constituée par un obstacle géographique, artificielle, résultant alors d'un tracé arbitraire et matérialisée par des postes de police ou de douanes. Mais la frontière est également rendue sensible par une différence de type culturel, la langue par exemple.
[...] Cependant, frontières s'entend toujours au sens figuré pour désigner des clivages qui sont loin d'avoir disparus. Seconde Partie Première sous-partie Il est des frontières qui résistent et qui demeurent. Ainsi les frontières naturelles ou géographiques ne disparaissent pas aussi vite que le Progrès technique voudrait le réaliser. Elles n'ont pas été physiquement abolies, même s'il apparaît aujourd'hui plus aisé de les franchir : Les Alpes, l'Oural, ou le Sahara matérialisent toujours une certaine immuabilité des barrières naturelles. De même, les frontières linguistiques demeurent une réalité. [...]
[...] Ainsi, dès 1948, le GATT (Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce), auquel a succédé l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 1995, met en place un nouveau système qui a plusieurs objectifs, notamment celui d'abaisser les droits de douane, d'interdire le dumping et d'étendre à tous les pays signataires la clause de la nation la plus favorisée. Cet accord a ainsi pour effet immédiat un déclin du rôle des frontières dans le domaine économique. De même, la CEE (Communauté Economique Européenne) instituée en 1957 par le Traité de Rome, a pour objectif principal la mise en œuvre d'un marché commun entre les pays membres de cette communauté. [...]
[...] Mais la frontière est également rendue sensible par une différence de type culturel, la langue par exemple. On observe aujourd'hui une tendance à la suppression des frontières entre les Etats qui se manifeste par une abolition de la notion d'espace A). Cette suppression des frontières participe évidemment du phénomène, plus, large, de mondialisation. Elle est, à l'origine, motivée par des considérations économiques, mais elle se manifeste également dans le domaine politique B). Cependant cette suppression des frontières, même si elle répond à un désir porté par la culture occidentale depuis des siècles n'est qu'apparente. [...]
[...] Mais il a mis parallèlement en place une nouvelle frontière. Cette dernière est constituée par la limite de ce nouvel espace et non plus par les séparations entre les Etats qui le composent. Ainsi, cette nouvelle frontière se matérialise en matière de droit d'asile. En effet, la décision positive ou négative prise envers un demandeur d'asile par un pays de l'espace Schengen s'applique aux autres pays signataires des accords. En outre, de nouvelles frontières se constituent au travers du phénomène de régionalisation. [...]
[...] N'évoque-t'on pas depuis quelques années la fracture numérique ? Seconde sous-partie Cette permanence bien réelle est occultée néanmoins par une tendance moderne à la confusion, plus ou moins entretenue et qui dérive à l'évidence des manifestations de l'individualisme dans sa requête des manifestations extrêmes de l'égalité, lesquelles conduisent à la fois à des pratiques d'uniformisation et à une véritable crise du sens et des valeurs. Comme le rappelle Tocqueville, les sociétés modernes démocratiques et égalitaires abolissent les distinctions en cherchant à détruire les privilèges. [...]
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