Les différences de culture et de niveau de développement et la volonté d'hégémonie des États-Unis sur l'ensemble du continent sont à mettre en relation avec les tensions qui affectent l'Amérique latine et la concurrence entre les différentes constructions d'associations régionales. Si certaines tensions opposent des États latino-américains entre eux pour des questions frontalières, les tensions les plus fortes impliquent les États-Unis. Elles proviennent de leur présence multiforme pour défendre leurs intérêts (lutte contre les producteurs de drogue par exemple) et d'un rejet de l'hégémonie des Gringos par certains gouvernements (Cuba, Venezuela...).
[...] C'est que les contrastes internes sont considérables entre le Brésil dont le PIB, à milliards de dollars, se situe au 10ème rang mondial et le Paraguay, dont le PIB n'atteint pas les 16 milliards de dollars. Les revenus par tête varient ainsi de 1 à 7. Les distorsions internes entre les pays membres sont importantes, entre les petits pays et les grands et plus encore entre le Brésil et l'Argentine. Les industriels argentins craignent par exemple la concurrence de leur voisin du nord et réclament des mesures de protection pour certains secteurs. Faute de monnaie commune, les compétitivités respectives sont périodiquement altérées par les fluctuations des taux de change. [...]
[...] L'Amérique, un continent sous tensions 1. Des tensions interétatiques Les tensions entre les États américains sont de plusieurs ordres. Il y a d'abord de vieilles querelles de frontières en Amérique du Nord pour le contrôle de l'océan Arctique entre Canada et États-Unis, mais surtout en Amérique du Sud qui n'est toujours pas complètement apaisée. En 1881 par exemple, la Bolivie a perdu une guerre contre le Chili et a perdu des territoires lui donnant accès à l'océan Pacifique. La Bolivie réclame toujours la rétrocession de ces terres. [...]
[...] Cristina Kirchner, la présidente argentine, multiplie les pressions économiques et politiques. Et le pétrole, encore non exploité, envenime les choses: l'Argentine annonce qu'elle va porter plainte contre les compagnies qui prospectent les fonds sous-marins des Malouines. Le Brésil a mené une politique expansionniste entre 1865 et 1909 qui s'est appuyée sur une active diplomatie, une guerre contre le Paraguay (1864-1870) et les expéditions des paysans cueilleurs brésiliens qui remontaient depuis l'aval l'Amazone et ses affluents. Les gouvernements brésiliens ont tiré profit de cette dynamique pionnière pour agrandir leur territoire en arguant du droit du premier occupant. [...]
[...] L'enclavement et le retard économique de certaines régions (piémont des Andes, hauts plateaux d'Amérique centrale, forêt dense) ont favorisé l'émergence de guérillas de longue durée, issues de rébellions paysannes (les FARC en Colombie) et les activités illicites (drogue) ; les conflits et les trafics issus de ces zones grises débordent le seul cadre national et impliquent les voisins (Venezuela et Équateur dans le conflit en Colombie: en 2008, une incursion colombienne en Équateur lors d'une offensive contre les F ARC a entraîné la rupture de relations diplomatiques entre les deux pays) Des tensions en voie d'apaisement Dans les années 1980, la démocratisation a balayé les dictatures Latino-américaines (Brésil, Chili, Argentine) alors soutenues par les États- Unis. Des traités de paix ont .mis fin aux guerres civiles (Salvador, Guatemala). Le retour à la démocratie a favorisé l'accession au pouvoir d'indigènes comme Evo Morales en Bolivie. Contrastant avec les États-Unis, l'Amérique latine est la région du monde qui consacre le moins de crédits à la défense (sauf Brésil). [...]
[...] Les États latino-américains ne sont liés par aucune alliance militaire. Les armées du Brésil, du Chili, d'Argentine et d'Uruguay ont d'ailleurs travaillé ensemble au maintien de la paix, notamment en Haïti où l'instabilité politique sur fond de faillite économique demeure forte. Conclusion Le bolivarisme, c'est-à-dire le projet de refaire l'unité de l'Amérique hispanique, est de nos jours de nouveau évoqué dans de nombreux pays latino-américains, où la plus grande partie de l'opinion considère que les Gringos exploitent les richesses de l'Amérique latine, laquelle, sans cette domination, serait aussi riche que le Nord. [...]
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