Le Rwanda : au cœur de l'Afrique, dans la région des Grands Lacs, 8 millions d'habitants sur un territoire grand comme la Bretagne.
C'est ce petit Etat francophone d'Afrique centrale appelé « Pays des milles collines » qui sera en 1994, le théâtre de l'un des génocides majeurs du XXe siècle fondé sur une rivalité historique. Des massacres de masse ont été encouragés par des autorités aux abois comme une ultime tentative pour reprendre la main dans l'un de ces conflits « ethniques » dont l'Afrique postcoloniale semble posséder le secret. Le Rwanda doit panser ses plaies en passant par les reconstructions psychologique, économique et politique.
Les implications des gouvernements internationaux sont connues mais la France a tardé à faire acte de contrition. Le 26 Janvier 2008, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a souhaité avec le président Rwandais Paul Kagamé la réconciliation des deux pays aux relations houleuses depuis le génocide. Le ministre des affaires étrangères a déclaré que la France avait certainement commis une faute politique, mais tout en affirmant qu'elle n'avait pas eu de responsabilité militaire, au Rwanda lors du génocide de 1994. Tout comme l'avait fait la Belgique, à travers son premier ministre Guy Verhofstadt, qui a reconnu son rôle joué au cours du siècle passé mais aussi l'immobilité criminelle de l'ONU face au génocide. L'ONU et Kofi Annan, responsable des missions de la paix à l'époque, ne sont pas épargnés par les critiques.
Toute la lumière n'a pas été faite sur le génocide Rwandais, qui revient régulièrement sur le devant de la scène. La France a-elle eu une part de responsabilité comme l'affirme Bernard Kouchner ? N'est-ce pas Paul Kagamé, le chef de l'armée des rebelles tutsis, aujourd'hui au pouvoir à Kigali - et soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de l'ancien président hutu Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994 -, qui est le véritable instigateur du génocide ? L'exposé de plusieurs thèses permettra d'éclaircir toutes ces problématiques.
Le génocide Rwandais s'est perpétré sur à peine quelques mois, d'avril à juillet 1994, mais l'antagonisme entre les ethnies remonte à un Rwanda précolonial féodal. Le royaume du Rwanda, qui s'est consolidé tout au long des XVIIIe et XIXe siècles autour de l'autorité du « Mwami » (Monarque) a toujours fonctionné sur un ordre binaire plus ou moins souple fondé sur une distinction purement sociale qui s'opère entre la minorité des pasteurs Tutsis qui fournissent l'essentiel de l'élite aristocratique, et la majorité des cultivateurs Hutus. Ces deux ethnies cohabitaient pacifiquement bien que le pouvoir restât aux mains de l'aristocratie Tutsi. Il s'agissait d'une société d'ordres, où le schéma ethnique, voire « racial » ne saurait s'appliquer. Il y eut quelques rivalités entre royaumes Rwandais pour des motifs expansionnistes et non ethniques, c'était des guerres de dynasties. Les royaumes Hutu et Tutsi qui s'étaient constitués étaient très avancés pour l'Afrique.
Comment une société d'ordre s'est-elle transformée en une société aux frontières raciales et ethniques ? Ni enfer "féodal" ni paradis "africain", le Royaume du Rwanda était en 1894 une entité d'une puissante originalité culturelle que la colonisation affecta de manière très différente de ce qui s'est passé dans la majorité des régions de l'Afrique. Le Ruanda-Urundi fit partie de l'empire colonial auquel l'Allemagne, après la Première Guerre mondiale, doit renoncer lors de la conférence de Versailles en 1919. C'est à la Belgique que la Société des Nations confie en 1923 un mandat sur ce qui constituera plus tard le Rwanda et le Burundi. Dans les deux régions, l'Administration coloniale décida qu'à partir de ce moment les chefs devaient être des Tutsis qui étaient «plus aptes à gérer» le pays et que les hutus devaient être soumis aux travaux les plus durs. Les colonisateurs poussés par leur pensée raciale vont alors transformer une société d'ordre en une société aux frontières raciales et ethniques bien distinctes.
Au moment de l'indépendance, un renversement d'alliance s'opère contre les Tutsi entre les colonisateurs et les Hutu. En 1959, commença la «Révolution Sociale» qui, s'inspirant des leçons apprises par les pouvoirs belges et les représentants de l'Église catholique, amena le remplacement du «pouvoir minoritaire tutsi» par le «pouvoir majoritaire hutu». En favorisant systématiquement la notion de «démocratie majoritaire» ou de « ethno-mathématique », les Belges firent monter les tensions entre les deux communautés ethniques. Les élections gagnées par le Parti pour l'émancipation des Hutus, le PARMEHUTU, aboutirent à une terrible guerre civile, alors que les Tutsis furent massacrés par milliers et pourchassés. La prise du pouvoir par les Hutus entraîna le départ du mwami et l'exode de plus de 200 000 Tutsis vers l'étranger (Burundi, Ouganda, Tanzanie et Zaïre). Assurés du soutien de la Belgique, les Hutus proclamèrent la République au début de 1961. En 1973, un coup d'état militaire renversa le régime et porta au pouvoir le général Habyarimana. Celui-ci mit en place un pouvoir fort, appuyé sur les hutus de sa région natale du nord. Une opposition militaire se forgea autour du FPR (Front patriotique Rwandais) présent en Ouganda essentiellement et fort de 10000 hommes principalement issus de la diaspora Tutsi. Sur le plan extérieur, Habyarimana fut reçu à l'Elysée par le Président Valéry Giscard d'Estaing (1974) et la signature d'un accord de coopération militaire avec Paris (1975) marque le basculement du Rwanda de l'aire d'influence de la Belgique à celle de la France. Fière de sa nouvelle "acquisition", la France fut désormais pleine d'une sollicitude toute spéciale pour ce petit dernier de la famille francophone. Les tentatives de rapprochement de la France envers Kigali ne sont-elles pas la preuve d'une volonté de préserver intacte son pré-carré francophone face à l'influence de Washington ? Quelles sont les raisons qui poussent la « patrie des Droits de l'homme » à envoyer dès 1990 des troupes soutenir un régime vu comme autoritaire contre un mouvement d'exilés qui tentent de rentrer dans leur pays par la force ?
Comment la guerre civile au Rwanda a-t-elle débouché sur le génocide de 1994, c'est-à-dire sur l'élimination programmée d'une population désignée comme une race ou une ethnie par le pouvoir en place ? Comment les Etats-Unis et la France au travers de la guerre civile rwandaise vont tenter de renforcer leur présence dans la région des Grands Lacs ?
[...] La spirale de la violence se porte à merveille en Afrique des Grands Lacs. Après le génocide du Rwanda en 1994, l'holocauste, que l'on refuse encore de reconnaître, en République démocratique du Congo avec plus de trois millions de morts et des dégâts matériels estimés à plus de 500 milliards de dollars américains, c'est maintenant le tour du Kenya de basculer dans l'horreur et le chaos. Mais ce qui est inquiétant, c'est que la République démocratique du Congo risque de subir les effets néfastes de ce chaos si l'on n'y prend garde. [...]
[...] Le Président Clinton a insisté pour dire que c'était par ignorance. Or, les faits prouvent que le gouvernement américain savait exactement ce qui se passait, encore plus durant les mois où le génocide avait cours. L'actuel Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan alors responsable des opérations de maintien de la paix des Nations unies, reconnaissait récemment, sa responsabilité dans le génocide rwandais (avril- juin 1994). Mais le pays étranger qui a fait l'objet de plus de débats, c'est la France. [...]
[...] Paul Kagamé, l'homme fort du FPR et actuel président du Rwanda serait le principal responsable des événements qui se sont déroulés dans ce pays de 1990 à 1994, y compris le génocide des Tutsis. Pierre Péan reprend en la développant, l'hypothèse de l'attentat commandité par le FPR contre l'avion du président Habyarimana, s'appuyant sur le témoignage du lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, publié également fin 2005. Il affirme que la France n'aurait aucune part de responsabilité dans les événements tragiques de 1994, ayant au contraire recherché la stabilisation de cette région et fait pression jusqu'au bout sur Habyarimana afin qu'il applique les accords d'Arusha. [...]
[...] Les deux ouvrages sont des clés aux problématiques encore non résolues aujourd'hui. Mais il n'y a pas UN seul responsable dans ce génocide. Tout le monde est complice et personne n'est innocent. Que ce soit Paul Kagamé, la France, les Etats-Unis, l'ONU, la Belgique ou encore l'Eglise catholique. C'est là un reproche fait à Péan qui cherche absolument à faire innocenter la France qui a sans aucun doute participé à ce génocide, que ce soit dans la formation des milices, ou à travers les liens qu'elle entretenait avec Habyarimana. [...]
[...] La régionalisation du conflit entre 1998 et 2003 Fin 1997, L-D Kabila commence à prendre ses distances avec ses "protecteurs" rwandais et ougandais dont les troupes stationnent au Kivu depuis son arrivée au pouvoir en mai 1997. En mai 1998, il les accuse de piller les ressources minières et agricoles de l'est du pays, et de porter atteinte à l'intégrité territoriale de la RDC en occupant la zone frontalière du Kivu. Il dénonce, en particulier, la volonté expansionniste du Rwanda vers cette région qui devient la véritable poudrière d'un conflit régional larvé. Les pays concernés réfutent ces accusations. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture