« Le Liban reste un territoire géographiquement, culturellement, politiquement et anthropologiquement lié à la Syrie » .
Cette citation de l'ancien ministre des Finances de la République libanaise, Georges Corm, outre le fait qu'elle montre le caractère multiforme des liens qu'entretiennent le Liban et la Syrie, nous invite à nous interroger sur les racines historiques de ces liens.
La visualisation d'une simple carte géographique du Moyen-Orient pourrait nous amener à expliquer l'étroitesse des liens syro-libanais par les 359 kilomètres de frontières communes partagés par ces deux pays. Nous verrons cependant, tout au long de notre exposé, que ces liens sont beaucoup plus profonds que ceux habituellement entretenus par deux Etats frontaliers. Nous étudierons ainsi comment des interactions si fortes se sont créées et sédimentées entre ces deux entités au fil du temps. L'enjeu majeur de notre exposé sera alors d'envisager les relations syro-libanaises et leur complexité dans leur dimension historique mais également leur actualité.
On pourrait dès lors penser, de prime abord, que la phrase de Georges Corm précédemment citée demeure aujourd'hui archaïque voire anachronique. Corm écrivait, en effet, en 2003 et nous ne pouvons oublier ces images de haine anti-syrienne au Liban qui, filmées par les télévisions du monde entier en 2005, avaient été suivies par le retrait des troupes syriennes stationnées au Liban. Il apparaît toutefois clairement que la réalité reste plus ambiguë que cela, l'année 2005 ne semblant pas être synonyme d'une totale « dichotomisation » de la Syrie et du Liban. Le politologue libanais Ghaleb Kodjok affirmait, par exemple, en octobre 2008 que « les Syriens et les Libanais sont en réalité un seul peuple dans deux pays » . Notre problématique va donc consister à savoir si cette affirmation est, à l'heure actuelle, vraie ou, si ce n'est pas le cas, si elle l'a été au cours de l'Histoire. Autrement dit, est-ci légitime, de par l'étroitesse des relations syro-libanaises, de parler de « deux peuples dans un seul pays » ? Seule une analyse sur le temps long de ces relations nous permettra de répondre à cette interrogation.
[...] Un autre aspect contribue alors notablement à l'assise de l'influence syrienne : l'équilibre du partage du pouvoir entre les communautés confessionnelles a basculé en faveur de la Syrie pendant que l'influence maronite déclinait. D'une part, à la veille déjà de l'éclatement de la guerre civile, l'équilibre communautaire était loin de l'ordre démographique sur lequel avait été élaborée l'attribution proportionnelle des sièges au Parlement sur une base confessionnelle[14]. De surcroît, lorsqu'elle se termine, il faut ajouter à cette tendance de fond l'émigration stable des Maronites libanais et l'influence croissante du capital sunnite (entrepreneurs traitant avec l'Europe et le Golfe, incarnés par R. Hariri) qui mine l'hégémonie économique traditionnelle des Chrétiens maronites. [...]
[...] Leur pays est devenu la province Nord, ils n'ont jamais été véritablement associés au pouvoir. Après la démission le 26 septembre du syrien Abdel-Hamid Séraj, vice-président de la RAU chargé des Affaires étrangères, la Syrie n'appartient plus se retire de cette entité et le dirigeant syrien déclare dans une interview exclusive accordée à l'envoyé spécial de l'Orient le 5 octobre 1961: notre vœu le plus cher est de rétablir entre le Liban et la Syrie des rapports fraternels de confiance Le Liban adresse ses félicitations à la Syrie. [...]
[...] Il serait toutefois erroné de circonscrire l'opposition à la présence syrienne au Liban à la seule communauté chrétienne, et ce, surtout à partir de la reconduction au poste de président d'Émile Lahoud en 2004. Cet homme politique libanais, élu en 1998, était connu pour son allégeance vis-à-vis de la Syrie et par les bons rapports qu'il entretenait avec la communauté chiite. Bachar el-Assad, considérant Lahoud comme le seul chrétien maronite capable de porter les intérêts syriens au Liban, impose aux députés libanais, et ce, à l'encontre de la Constitution, une prorogation du mandat de Lahoud pour une durée de trois ans. C'est alors ici que l'opposition libanaise se multiconfessionnelise véritablement. [...]
[...] Renoncer à entretenir des relations économiques avec le Liban serait, pour la Syrie, condamner son économie à l'asphyxie. Bien que l'Iran ait veillé, pour soutenir le régime d'el-Assad, à renforcer ses liens économiques avec la Syrie après que cette dernière se soit retirée du Liban[28], il semble clair que le marché libanais reste un lieu incontournable pour l'activité économique syrienne. Il convient, en outre, de comprendre que l'élite libanaise au pouvoir, bien qu'elle clame haut et fort ses aspirations souverainistes, a elle-même du mal à concevoir un Liban libéré de toute emprise syrienne. [...]
[...] Disponible à l'adresse suivante : http://www.rfi.fr/actufr/articles/108/article_75604.asp Revues - Confluences Méditerranée, Israël, l'enfermement, été p. - Confluences Méditerranée, Où va le Liban hiver 2005- p. Sources primaires - AMNESTY INTERNATIONAL, Déclaration publique. Liban : les attaques contre les travailleurs syriens doivent cesser et leurs auteurs présumés doivent être traduits en justice avril 2005. - ASSEMBLEE DES EVEQUES MARONITES, Mémorandum sur les derniers développements au Liban septembre 2000. Disponible à l'adresse suivante : http://www.lebanese- forces.org/french/dossiers/memo%20nov.%202000.htm - CONSEIL DE SECURITE DE L'ONU, Résolution septembre 2004. [...]
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