La piraterie maritime moderne

Résumé du document

La piraterie des siècles passés est une piraterie mythifiée, teintée d'un romantisme véhiculé dès l'enfance par des comtes et plus tard par une culture récupérant le pirate comme un personnage à la liberté incorruptible. Le pirate d'aujourd'hui est loin de faire rêver ; il fait peur ou même pitié. Peur parce que les armes ont changé : les pirates d'aujourd'hui, même les « amateurs », disposent d'un véritable arsenal. Pitié ensuite parce que ces pirates proviennent souvent de pays, comme la Somalie, où les guerres et la misère ont fait des ravages. Ce constat permet d'utiliser l'expression de « piraterie moderne » bien qu'il faille parler d'évolution plutôt que de révolution. Pointer du doigt un moment de l'histoire où la pratique de la piraterie a basculé serait impossible.

Néanmoins notre époque est originale, elle est appelée globalisation et se caractérise par une mondialisation des flux (de capitaux, de personnes) et par l'instantanéité de l'information. Etant donné que la piraterie s'inscrit dans l'Histoire et qu'elle porte les marques de la situation géopolitique et technique du moment, voyons quels sont les caractéristiques et les enjeux de la piraterie de notre temps.

Extraits

[...] La difficile identification de la piraterie par le droit international Pour réprimer un acte, il est nécessaire d'en donner une définition cohérente. Or, la piraterie moderne est un concept fuyant aux contours imprécis. Elle incarne de nombreuses situations différentes : se développant désormais aussi bien dans le domaine maritime que dans le domaine de l'aviation (avec le développement des moyens de communication), se manifestant par des actes allant du simple vol de bateau inhabité à la prise d'otage contre rançon, etc. [...]

[...] Ainsi, dans ce détroit très mince, il a été imaginé des scénarios catastrophes. Les observateurs qui voient dans la piraterie un nouveau terreau pour le terrorisme idéologique ont pensé que pourrait se réaliser un attentat terroriste, coulant un gros navire dans les hauts-fonds (seulement 25 m de profondeur au point le moins profond), et bouchant le trafic. Si cette hypothèse, fondée ou non, devait se réaliser, il est sûr que l'économie mondiale en subirait les retombées. De l'autre côté, les pays européens, gros importateurs de pétrole se voient affréter leurs ressources par le canal de Suez. [...]

[...] Des hommes sont tués sauvagement et jetés à la mer. Les pirates, après avoir pris le contrôle du KG 0729 prièrent les derniers passagers restés sur l'embarcation de se dénuder et de donner tout ce qu'ils avaient de plus précieux (les pirates tueront les réfractaires) Enfin, ils saborderont le bateau avec ses passagers à fond de cale. Ceci n'est qu'un exemple de ce qui a été commis dans la mer de Chine méridionale dans la fin des années soixante-dix et même plus tard encore. [...]

[...] Ainsi, bien que circonscrits à ces régions la piraterie maritime revêt un caractère globalisant. Voyons maintenant que, si cette piraterie reste marginale, elle n'en demeure pas moins porteuse d'enjeux importants. II) Les enjeux de la piraterie actuelle La piraterie d'aujourd'hui sévit essentiellement, on l'a vu, dans deux régions : les mers d'Asie du Sud-Est dont les attaques ces dernières années ont diminué et la mer bordant la corne de l'Afrique, notamment les eaux de la Somalie et celles du Golfe d'Aden qui à l'heure actuelle sont les mers les plus dangereuses. [...]

[...] Le nombre d'attaques pirates a triplé entre 1993 et 2003. Le premier semestre de l'année 2003 a été le pire jamais enregistré avec deux cent trente-quatre attaques, seize morts, cinquante-deux blessés et cent quatre-vingt-treize membres d'équipage pris en otage dans le monde. Le BMI note qu'en 2004, les tankers (transport de pétrole et de gaz) et les cargos transportant des matières premières étaient les cibles privilégiées avec soixante-sept attaques contre les tankers et cinquante-deux contre les cargos. D'une manière générale, les plus petits cargos, les vraquiers (bâtiments transportant des produits en vrac) sont les plus visés : ils subissent un tiers des agressions alors qu'ils ne constituent que 13% de la flotte marchande. [...]