Les élections à la présidence de la Colombie auront lieu en Mai 2006. Comme tous les quatre ans, cette échéance fait régner un climat d'extrême tension dans ce pays où la situation politique et sociale apparaît comme l'une des plus complexe au monde. Il faut en effet faire preuve d'une grande attention pour ne pas se perdre dans le flou des rôles joués par les paramilitaires, les guérilleros, l'Etat, l'armée, l'Etats-Unis ou les narcotrafiquants : des acteurs aussi nombreux que variés qui contribuent à rendre la situation colombienne illisible. On s'aperçoit rapidement qu'une étude transversale du conflit serait, non seulement difficile, mais présomptueuse. Il convient alors de trouver l'angle d'approche le plus pertinent pour tenter d'apporter un éclairage sur une dimension précise de la situation. Nous nous proposons ici de considérer le narcotrafic comme l'élément déterminant des évolutions de la Colombie des trente dernières années.
Economie illicite et flux informels constituent un objet d'étude riche qui s'analyse aussi bien au travers des théories de l'Etat, de l'économie, des évolutions historiques que des facteurs sociaux et sociétaux. De plus, il est généralement admis par les spécialistes de la question colombienne que le narcotrafic est un élément essentiel au fonctionnement de la lutte armée qui oppose les guérillas marxistes aux groupes paramilitaires d'extrême droite. Par conséquent, démêler les liens qui unissent les sources de pouvoir aux narcotrafiquants est un pas vers une compréhension satisfaisante de la Colombie moderne. Enfin, parce que c'est la lutte antidrogue qui est l'enjeu majeur de la politique colombienne depuis le début des années 2000, il semble impossible d'étudier la situation de ce pays sans chercher à comprendre l'impact du narcotrafic sur l'Etat et la société.
Dans un souci de clarté, nous focaliserons notre étude sur la production et le trafic de cocaïne. Le pavot, matière première de l'héroïne, et la marijuana sont bel et bien cultivés sur le sol colombien, mais l'ampleur du trafic dont ils font l'objet est nettement inférieur à celui de la cocaïne. Par ailleurs, l'impact du trafic de cocaïne sur les acteurs du conflit ne diffère pas de celui d'autres substances. Néanmoins dans certains cas, il sera fait explicitement appel à la distinction entre la cocaïne et d'autres drogues. Pour le reste, nous assimilerons donc trafic de drogue et trafic de cocaïne.
[...] Des cartels aux cartelitos : l'évolution du narcotrafic depuis le début des années Coca et cocaïne 2. Le cartel de Medellin 3. Le cartel de Cali 4. Vers la fragmentation du narcotrafic C. La modification des rapports de force après la chute des cartels 1. Le mode d'opération des FARC : le financement par la régulation des prix 2. L'acteur au centre du narcotrafic moderne : les paramilitaires 3. De nouvelles interrogations face aux évolutions du narcotrafic II. Des politiques antidrogue devenues radicales mais très contestables A. [...]
[...] Un des contacts de Jansson au sein d'un groupe paramilitaire du Putumayo et deux employés de laboratoire de cocaïne ont révélé que les paramilitaires raffinent eux-mêmes la pâte de coca en chlorhydrate de cocaïne qu'ils vendent à 8 millions de pesos le kilo Dans le même temps, l'organisation du trafic va vers plus d'invisibilité et se mondialise. Ces évolutions ont entraîné de récentes actions du président Alvaro Uribe en matière de politique antidrogue. Le rapprochement sensible du président colombien avec son homologue américain a d'ailleurs donné lieu à des investissements massifs de l'administration Bush en Colombie. Ces investissements se sont effectués dans le cadre du Plan Colombie, qui a pris fin en Septembre 2005 et dont on peut d'ores et déjà tirer les premières conclusions. [...]
[...] Une étude commandée et financée par Washington conclue que les aspersions peuvent causer des irritations cutanées mineures Comme le souligne Francisco Thoumi, Dans le domaine de la drogue, il est fréquent que des études répondent à des intérêts politiques et occultent la réalité Sans remettre fondamentalement en cause l'étude américaine, on peut en effet présumer qu'elle sous-estime les risques et ignore la réalité de l'emploi du glyphosate en Colombie. Tout d'abord, cette molécule n'est pas appropriée pour une fumigation à l'altitude qui est celle des avions de la lutte antidrogue colombienne. Cela implique l'ajout d'un fixant, occulté dans la plupart des études américaines et dont les conséquences sur l'environnement et la santé des populations sont inconnues. [...]
[...] Toutefois, il faut garder à l'esprit l'état de dispersion de l'exercice de la violence que connaît la Colombie. a. Une politique agressive envers les guérillas : du Plan Colombie au Plan Patriote Pendant sa campagne et depuis son accession au pouvoir, Alvaro Uribe a basé sa politique sur la stigmatisation des guérillas d'extrême gauche et tout particulièrement les FARC. D'après lui, elles sont les seules responsables de l'insécurité et du narcotrafic qui ruinent le pays. M. Uribe refuse à ce titre tout dialogue avec ces organisations terroristes. [...]
[...] Cette pratique a pendant longtemps été un facteur clé de la phase larvée du conflit, créant une situation d'insécurité permanente sur les routes, mettant en avant les lacunes de l'emprise de l'Etat sur le territoire et éloignant encore un peu plus les perspectives d'investissements étrangers. Alvaro Uribe s'attribue les mérites de la baisse des enlèvements, due, selon lui, à sa politique de sécurité intérieure. Loin de nier une pacification effective des grands axes du pays par une présence accrue de l'armée, la baisse spectaculaire constatée entre 2000, où l'on dénombrait 3076 enlèvements de civils, et 2004 où le chiffre était tombé à 1441, s'explique aussi par l'évolution des rentes du narcotrafic. [...]
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