Depuis l'invention du fer, l'armée, instrument de la violence maximale rationalisée, constitue l'axe central de tout pouvoir politique d'Etat dans les mécanismes de perduration d'un ordre socio-économique donné. Le caractère dialectique de la relation entre les facteurs politique et militaire est pour ainsi dire biologique. Le maintien de l'ordre social est avant toute chose fonction de l'efficacité du projet national qu'un Etat incarne, c'est-à-dire de sa capacité à évoluer conformément aux aspirations des masses, en puisant dans la continuité historique nationale les motifs de son action. L'armée est dans ce cadre l'institution qui adhère le plus entièrement au projet national, comme l'atteste la devise de l'Ecole polytechnique encore de nos jours : « pour la patrie, la science et la gloire ». C'est sa fonction symbolique immuable, dont les ressorts sont les modalités matérielles spécifiques du développement national.
[...] Il entend aussi appliquer cette logique globale à l'institution militaire : nous ne voulons pas de politique dans l'armée . mais que l'armée comme un tout soit une force dans la politique nationale On recrute des personnalités pour soutenir ses projets, certains le rejoignant malgré l'avis général de leurs partis respectifs. L' alliance des forces travailleuses du peuple dans l'Union Socialiste Arabe, les syndicats ouvriers et professionnels, incarne cette stratégie de cooptation. La Charte d'Action Nationale de 1963 lance ainsi l'Union Socialiste Arabe et le Conseil de la Nation où doivent siéger ouvriers et paysans à 50% ; elle proclame le socialisme scientifique Après les pressions des étudiants et ouvriers dans les manifestations de février 1968 il sort le programme du 30 mars qui promet un certain degré de libéralisation du régime. [...]
[...] Le caractère dialectique de la relation entre les facteurs politique et militaire est pour ainsi dire biologique. Le maintien de l'ordre social est avant toute chose fonction de l'efficacité du projet national qu'un Etat incarne, c'est-à-dire de sa capacité à évoluer conformément aux aspirations des masses, en puisant dans la continuité historique nationale les motifs de son action. L'armée est dans ce cadre l'institution qui adhère le plus entièrement au projet national, comme l'atteste la devise de l'Ecole polytechnique encore de nos jours : pour la patrie, la science et la gloire C'est sa fonction symbolique immuable, dont les ressorts sont les modalités matérielles spécifiques du développement national. [...]
[...] C'est l'image de la dépendance d'une société militarisée de la société militaire, vectrice des solidarités locales et nationales. A l'heure des discours des chantres de la démocratisation consécutivement au 11 septembre 2001, l'armée serait-elle pour autant peu encline à accepter l'organisation d'authentiques processus électoraux pouvant potentiellement remettre en question ces privilèges et la dépendance qu'ils instaurent dans la société ? D'une part la coopération accrue avec des puissance occidentales favoriserait l'adoption d'opinions politiques plus démocratiques chez les militaires envoyés en exercice dans ces pays : après que Nasser ait arraché aux soviétiques la suppression des cours d'idéologie auxquels ses officiers se devaient d'assister dans le cadre de leur programme de formation militaire à Moscou, Sadate se plaignait toujours des tentatives d'endoctrinement de ses cadres par les coopérants militaires soviétiques en Egypte, avant de les renvoyer définitivement. [...]
[...] Dans le civil, environ cent mille emplois concerneraient l'industrie militaire dans une vingtaine d'unités de production autonomes. L'exigence d'une forte industrie de défense autonome permet la pérennisation d'ambitions de modernisation et d'intérêts corporatistes bien plus larges. Mais à travers ces activités l'armée est un vecteur de maintient d'une légitimité potentielle du régime aux yeux des classes moyennes gravitant autour du fonctionnariat, et qui sont la base sociale immuable du régime : l'armée compte environ 45000 officiers et plus de 60000 sous-officiers de carrière, donnant accès à des privilèges et des réseaux de redistribution, et de contacts par les familles d'officiers ou de sous-officiers, de membres de l'AOI ou du ministère de la Production militaire. [...]
[...] Elle défend aussi l'idée d'une élection présidentielle à suffrage universel direct, afin de contourner le contrôle militaire sur ce poste. Mais comme le souligne G. A. Gawad Soltan, le fait que les militaires ne jouent plus le rôle de king- maker ne signifie pas une réduction réelle de l'influence des militaires en politique, mais plutôt une transformation de ses modalités : avant il s'agissait d'un centre de pouvoir, aujourd'hui d'un groupe d'intérêt, ou lobby Si les militaires ne donnent plus le ton en termes d'agenda politique, leurs intérêts sont largement pris en compte dans les choix du gouvernement, en particulier du président. [...]
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