Le concept de guerre de prédation, perçu même par certains comme un paradigme, est au cœur des réflexions lorsqu'il s'agit d'expliquer la cause des guerres civiles. Il a à maintes reprises été utilisé pour qualifier la guerre Sierra léonaise et la crise des Grands Lacs.
Basés sur des calculs statistiques des guerres écoulées, il s'avérerait que les « nouveaux conflits armés » portés par des mouvements de rébellion soient motivés par la prédation. Les Etats disposant de ressources naturelles génératrices de richesses seraient, quand le contexte est favorable au déclenchement d'une lutte armée, victimes de cette prédation.
Il est vrai que la première guerre, mais surtout la seconde, ont fait l'objet de pillages et surtout de convoitises des ressources minières de l'ancien Zaïre. L'appât du gain facile a dicté des comportements belliqueux de certains officiers ougandais et de membres de mouvements rebelles. Pour comprendre l'enjeu, il faut dresser un rapide panorama des ressources naturelles du pays.
La RDC a sur son territoire la moitié des réserves mondiales de cobalt et pourrait être le premier producteur au monde de cuivre si l'Etat ne s'était pas effrité et si les deux guerres successives n'avaient pas perturbé son exploitation du minerai abondamment présent dans l'est du pays. Elle est également l'un des quatre principaux producteurs de diamants bruts et ce malgré la situation conflictuelle qui perdure à l'est du pays et qui empêche l'exploitation de certaines mines. L'est de la République démocratique du Congo recèle des gisements d'or dont il est difficile d'évaluer les réserves tant que l'exploration n'en aura pas été faite. Cependant, les experts s'accordent pour dire qu'elles sont colossales et que la concession d'Okimo, l'une des quatre de Kilo-moto en Ituri, aurait des réserves allant de 100 à 150 tonnes. Le coltan, appelé parfois durant la seconde guerre de la RDC le « nerf de la guerre », est abondamment présent à l'est du pays et représenterait les deux tiers des réserves mondiales. Sans compter le million de kilomètres carrés de forêts peuplées de bois tropicaux et rares. Nous laisserons de côté les ressources hydrauliques potentiellement non exploitables par une rébellion armée, ainsi que les ressources pétrolières trop faibles pour le moment pour attirer la convoitise.
Durant la seconde guerre, une partie de ces ressources ont été pillées aussi bien par les pays « envahisseurs » et les mouvements rebelles qui leur étaient affiliés que par les puissances alliées venues aider le gouvernement de la RDC. Cette tendance était déjà marquée lors du premier conflit. Elle a d'ailleurs donné lieu à quatre rapports d'experts indépendants commandés par les Nations-Unies ainsi qu'à une enquête parlementaire commanditée par le Sénat belge. Comme nous le verrons plus loin, il ne fait aucun doute que l'Etat congolais a été victime de pillages qui ont enrichi les autres Etats parties prenantes au conflit. Cependant, conclure, comme l'ont fait certains analystes et même les experts indépendants mandatés par les Nations-Unies, que la guerre n'avait plus de but que la prédation semble précipité. L'Ouganda comme le Rwanda avaient également leurs agendas et les motivations qui les ont amenés à la guerre n'étaient pas liées avec l'appropriation des ressources naturelles de la RDC.
[...] En Octobre 2001, Clare Short, ministre Britanique du développement international, mène une médiation entre Kagame et Museveni. La tension est vive et se prolonge jusqu'en 2003, passant par des étapes de préparation mutuelle de déstabilisation de l'autre régime. Des officiers de l'UPDF font défection et se réfugient à Kigali afin de coopérer avec le Rwanda. Le même procédé est employé par Museveni qui arme et forme des dissidents du RCD-G et même des ex FAR dans le but de renverser Kagame. [...]
[...] Le coût des troupes était couvert à 80% par les recettes d'exportation dégagées par le bureau Congo de l'APR (source registre du bureau Congo). Voir rapport de la commission d'enquête du Sénat Belge Sachant que le gouvernement Rwandais n'était pas totalement perdant puisque l'exportation de ces comptoirs était taxée. Avec cependant les limites que l'on a vues plus haut afin d'éviter de rendre le RCD financièrement indépendant du Rwanda. En parfaite transgression de la constitution Ougandaise D'ailleurs, les UPDF n'entreront sur le territoire de la RDC qu'un mois après le déclenchement de la guerre, trahissant les dissensions au sein du pouvoir Ougandais. [...]
[...] Ce ne sont pas les pillages des ressources minières Congolaises qui ont généré les profits les plus importants, mais ce que la commission d'enquête du sénat belge a appelé leur contre-valeur Dans la prédation, le nombre d'intermédiaires nécessaires pour la mise en place d'un réseau, l'incapacité de réaliser une exploitation industrielle des minerais faute d'investissements sur le long terme, tout comme la connaissance de la valeur du diamant et de l'or par l'artisan revendant sa marchandise aux belligérants, limite les profits escomptés. Malgré tout, cette exportation des ressources naturelles permet de générer des devises. Ces devises servent ensuite à importer des armes et des produits de première nécessité, ainsi que du pétrole et des pièces de rechange. [...]
[...] Faire chuter Kabila en prenant Kinshasa, et déployer les troupes à l'est pour sécuriser les frontières. Le Burundi a été le premier à toucher du doigt son objectif puisque le sud Kivu a rapidement été sous contrôle étranger et les FDD et FNL mis en difficultés. Dans la foulée, les troupes de l'armée Rwandaise et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) ont pris le contrôle du nord Kivu tandis que l'Ouganda finit par déployer les siennes dans la province orientale. [...]
[...] La part de la valeur ajoutée sur l'exportation de diamants transitant en 2000 par l'Ouganda pouvait être estimée à 8 millions de dollars[15]. Le circuit utilisé, tout comme pour le réseau Rwandais, était principalement celui de Dubai[16]. Le troisième secteur minier dans lequel l'Ouganda aurait «puisé est le Coltan[17]. A titre d'exemple, la Conmet est l'une des sociétés qui exportaient le Coltan de la zone sous contrôle Ougandais et ce, grâce à sa succursale à Kampala et à Butembo. Le minerai était acheminé par camion jusqu'à Entebe où il était chargé sur un Boeing pour être traité à Ulba au Kazakhstan. [...]
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