Partant du constat que la Corée du Nord se maintient à l'écart du système politique et économique mondial, on se demandera comment se caractérise son programme de recherche dans le domaine du nucléaire militaire et quels en sont les enjeux à l'échelle asiatique et mondiale. La première partie est consacrée à la présentation du nucléaire nord-coréen. On y retracera son évolution et son état d'avancement, tout en analysant les politiques de non-prolifération envisageables et effectivement réalisées. La seconde partie cherche quant à elle à analyser les enjeux du nucléaire nord-coréen dans l'espace asiatique ainsi que ses répercussions sur les principaux concepts concernant le nucléaire militaire.
[...] A rebours des conceptions jugées parfois trop alarmistes des Etats- Unis, l'Europe, et la France en particulier, semblent suivre une analyse plus nuancée. S'appuyant sur des travaux universitaires, cette conception montre d'abord qu'on peut légitimement ne pas s'inquiéter à ce que la prolifération nucléaire conduise à un nouvel équilibre mondial autour de huit puissances nucléaires[44]. Ainsi pour Emmanuel Glaser, professeur à l'Université de Laval, si l'on admet, comme l'affirment les cinq puissances nucléaires, que l'arme nucléaire a été pendant la guerre froide un facteur de stabilisation, il est parfaitement possible de soutenir qu'elle peut jouer le même rôle aujourd'hui[45] Un autre argument consiste à insister sur l'exagération des dangers de la prolifération. [...]
[...] Créée en 1956, l'AIEA a pour but de promouvoir l'utilisation pacifique de l'atome et de contrôler les activités nucléaires afin que celles-ci n'aient pas de finalités militaires. L'AIEA travaille sur les bases du TNP et siège à Vienne. Présenté par le régime comme une adaptation du marxisme-léninisme au cas nord-coréen, le Joutché maîtrise du destin peut être défini comme une doctrine qui vise à l'autosuffisance dans des domaines comme l'armée, l'énergie ou l'alimentation. On retiendra surtout du Joutché le fait que sa seule finalité est d'assurer la suprématie du pouvoir et l'adhésion populaire à travers des pratiques totalitaristes. [...]
[...] Or il s'avère que l'intervention du président Georges W. Bush a plutôt été jugée relativement modérée sur la question de la Corée du Nord, et après l'échec des précédentes tentatives de négociations, la Chine, les Etats-Unis et le Japon avaient espéré que Pyongyang reprenne durablement les pourparlers et renonce à son programme d'armement nucléaire. Sur un ton déterminé, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a donc appelé la Corée du Nord à un retour rapide à la table des négociations, sous peine d'isolement international accru tout en réaffirmant la disposition des Etats-Unis à offrir au régime nord-coréen des garanties en matière de sécurité en cas d'accord sur le nucléaire[2] Aussi le 22 février, après la visite à Pyongyang du chef du département international du Parti communiste chinois, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il déclarait qu'il souhaitait revenir à la table des négociations pour participer aux pourparlers multilatéraux sur son programme nucléaire. [...]
[...] Washington pensait avoir trouvé les moyens techno-militaires lui permettant de résoudre les nouveaux défis stratégiques. Or la décision nord-coréenne impose de prendre en compte les réalités d'une éventuelle puissance nucléaire, ce qui semble clairement affaiblir l'idée de l'action préventive. L'option militaire étant écartée, les Etats-Unis doivent donc établir un dialogue constructif en agissant avec un souci d'anticipation et en louvoyant avec subtilité et persévérance au milieu des constellations politiques multiples qui composent l'Asie. Enfin, Washington ne peut envisager un arrêt du programme nucléaire nord- coréen sans avoir en tête une déprolifération à l'échelle régionale. [...]
[...] Des hommes comme Mohamed el-Baradei, directeur de l'AIEA et Kofi Annan sont partisans de cette approche dite traditionnelle de type guerre froide. Néanmoins, le constat principal qui ressort du tableau général de la prolifération est celui d'une détérioration accélérée du régime de non-prolifération depuis la deuxième moitié des années 1990, comme en témoignent la nucléarisation de l'Inde et du Pakistan et les ambitions de l'Iran et de la Corée du Nord. Ainsi le régime de non- prolifération n'est pas parvenu à s'adapter aux nouveaux défis que lui ont lancé les programmes pakistanais et indien. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture