« Près de 10 000 personnes meurent chaque mois au Darfour tant en raison des massacres que de leur situation de réfugiés » Le Monde, 4 août 2005
Le Darfour, région grande comme la France, située à l'Ouest du Soudan vit dans un état d'insécurité endémique, aussi bien dû aux différentes milices armées qui s'y sont installées qu'aux conditions climatiques désastreuses, comme l' a montré la grande famine sahélienne de 1984-1985. 2003 marque cependant un point déterminant dans l' escalade de la violence, atteignant un niveau jamais atteint jusqu'à alors.
Rappelons les faits . Le 26 février 2003 , les rebelles du Darfour prennent le contrôle de Gulu d'un chef lieu du Nord du Darfour. 2 mois plus tard, ils attaquent l' aéroport d' El-Fasher, la capitale de Chamal Darfour, l'une des trois provinces du Darfour. Les rebelles sont organisés en deux groupes : le Mouvement/ armée de Libération du Soudan ( SLM/A) et le Mouvement pour la Justice et l' Egalité ( MJE). Pour mater la rébellion, Khartoum envoie l'armée. Ses raids aériens sont a appuyés par les Janjawids , des milices arabes à cheval, pratiquant une terrible politique de terre brûlée. Alors que le Soudan sortait tout juste de sa seconde guerre civile débuté en 1983 , commençait ce qui allait constituer une des plus grandes catastrophes humanitaires en ce début de XXIème siècle.
[...] 3 juillet : lors de la venue à Khartoum du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, constatent que peu de progrès ont été réalisés malgré les promesses du gouvernement soudanais et que des attaques de milices djandjaouids continuent d'avoir lieu. 23 juillet : l'ONU estime à le nombre de personnes tuées en quinze mois et à plus d'un million les déplacés. Près de d'entre eux se sont massés dans des camps de l'autre côté de la frontière tchadienne. Début août : L'Union africaine déploie 300 soldats au Darfour, effectif qui sera porté quelques mois plus tard à afin de protéger la centaine d'observateurs chargés de vérifier l'application du cessez-le-feu, mais aussi "les populations civiles". [...]
[...] Selon les populations locales, ces attaques comportent des motivations racistes, similaires à celles qui ont été constatées au Darfour, où les Janjawids criaient «Mort aux Noubas» et des menaces comparables, en proclamant que la terre leur appartenait. Cela peut expliquer pourquoi les raids janjawids ont provoqué la destruction totale des villages et le massacre de leurs habitants, quand ces derniers n'avaient pas pris la fuite. Ce schéma semble indiquer que les attaques ne visent pas seulement un gain matériel : elles paraissent plus spécifiquement destinées à briser la résistance des populations locales et à forcer ces dernières à quitter définitivement leurs terres. On se trouve donc bien dans la même logique qu'au Darfour. [...]
[...] Si jusqu' alors le Darfour avait été victime de la régionalisation des conflits de ses voisins, il va devenir désormais le déclencheur d'une nouvelle sorte de conflit, permis par les différents événement qui ont jalonné l'histoire du Darfour, non plus uniquement dictés par les intérêts politiques des dirigeants mais également par une logique plus sourde et profonde instaurant une fracture quasi-irréparable au sein de la population. Partie 2 L'instrumentalisation de l'identité La régionalisation d'une logique mortifère Le conflit au Darfour, débuté en février 2003, a souvent été décrit en termes religieux et ethniques. Ors appliquer une telle clef de compréhension au conflit du Darfour semble donner une explication réductrice et surtout erronée de la crise. [...]
[...] Déby soutient donc ouvertement la guérilla au Darfour pour des raisons historiques mais aussi ethniques. Les identités claniques prennent ainsi le pas sur les identités nationales, qui devienne alors de simples concepts flottants auxquels les personnes ont de plus en plus de mal à se rattacher, les luttes politiques des différents présidents tchadiens ralliant non pas des personnes de même nationalité mais des personnes appartenant à la même tribu. Le fait que Déby rêverait de constituer un grand état zhagawa[28] ne fait confirmer cette idée. [...]
[...] Conjugué à ceci, la lutte par milices interposées entre le Tchad et le Soudan déclencha l'escalade de la violence. Le fait que les nomades soient majoritairement arabes et que les agriculteurs soient majoritairement africains aviva les tensions ethniques. L'instrumentalisation de Khartoum des milices arabes Janjawids compléta ce processus. Comment et pourquoi le Darfour s'est il retrouvé au cœur des luttes pour le pouvoir des différents dirigeants politiques régionaux ? Quelles en ont été les conséquences ? Comment la crise du Darfour est-elle devenue un conflit ethnique ? [...]
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