Plus qu'hier, les crises revêtent aujourd'hui un caractère global et leurs origines sont, en général, nombreuses. Leur résolution implique, de plus en plus, une collaboration entre la force militaire, souvent multinationale, et l'environnement civil : la population locale et ses autorités, les organisations internationales et non-gouvernementales. Cette interaction est essentielle et doit être optimisée pour faciliter le bon déroulement des opérations liées à la sortie de crise, selon les normes fixées par la communauté internationale. C'est ce que l'on comprend généralement sous l'appellation de coopération civilo-militaire ou son terme anglais de CIMIC (civil military cooperation).
Le problème c'est qu'il existe autant de définitions de ce terme que de protagonistes qui le revendiquent. C'est ainsi que les principales définitions officielles que l'on peut trouver, ont aussi des sens différents. On peut les classer en trois catégories : les coopérations qui privilégient l'humanitaire (ONU, UE…), celles à dominante militaire (OTAN, France…) et enfin la vision autrichienne, qui est un mélange des deux précédentes.
L'Autriche pour sa part, a choisi un système mixte qui semble satisfaire tous les acteurs autrichiens de la coopération civilo-militaire. La coopération civilo-militaire ne peut jamais être un but en soi, et ne représente pas non plus un volet humanitaire des missions militaires autrichiennes. La coopération entre acteurs civils et militaires doit toujours se faire au profit de la mission. C'est sur cette base que se fondent aussi les perspectives de coopérations civilo-militaires en Autriche.
Il convient d'analyser la coopération civilo-militaire telle qu'elle existe en Autriche avec le « Rahmenplan 2006 » (I). A travers l'évolution du concept depuis l'indépendance de l'Autriche en 1955, la présentation détaillée de ses principales caractéristiques et de ses particularités, il faudra surtout déterminer en quoi cette démarche est originale et prometteuse, mais aussi ce qu'elle comporte comme incertitudes.
Il importe aussi de se focaliser sur la réalité des conceptions de la coopération civilo-militaire en Autriche (II). Pour cela nous présenterons les visions antinomiques de trois acteurs clefs de ce concept en Autriche : Les principaux ministères autrichiens (affaires européennes et internationales, finances, intérieur…), le Bundesheer et les ONG autrichiennes. Nous nous attacherons surtout à démontrer le fossé qui sépare la réalité théorique des bonnes intentions du « Rahmenplan 2006 ».
[...] Cependant cette cellule ne fait que contrôler le travail des équipes CIMIC nationales présentes dans le secteur, sans jamais donner de directives en la matière. Cela évite certes les doublons mais montre les limites du travail en multinational, puisque chaque pays privilégie ses propres intérêts. Actuellement, l'équipe CIMIC autrichienne travaille tout particulièrement sur des projets de la commission de l'Union européenne dans le cadre du programme CARDS (Community assistance for reconstruction, development and stabilization ou assistance des communautés pour la reconstruction, le développement et la stabilisation de la Bosnie Herzégovine). [...]
[...] Pour le militaire la coopération civilo-militaire sera alors prépondérante lors de la phase de montée en puissance d'une crise et la phase post- combats. En effet les forces militaires, après la phase de combats, se retrouvent dans une situation présentant une pénurie d'acteurs civils locaux, et sont donc obligées d'occuper des fonctions civiles. Ces fonctions doivent être le plus rapidement possible transférées à du personnel civil compétent (ONG, OIG, organisations gouvernementales). Le militaire en tant que représentant de l'autorité sur le territoire, doit soutenir ces organisations jusqu'à la reprise en main de la responsabilité administrative et politique par des autorités locales. [...]
[...] Ce sont les chefs militaires qui en sont responsables. General Joachim SPEIERING, commander in chief allied forces Central Europe, commandant en chef des forces alliées en Europe (Le 9 Septembre 1998). VORHOFER Peter Die Entwicklung zivil-militärischer Zusammenarbeit bei internationalen Einsätzen zur Krisenbewältigung, Le développement de la coopération civilo-militaire dans le cadre de missions internationales pour la gestion de crises, thèse de doctorat, Vienne p. Traduction en français : Le terme de CIMIC correspond à une coopération et coordination centrées sur la mission civile/militaire entre des acteurs civils et des forces militaires à tous les échelons de commandement. [...]
[...] Il existe deux visions différentes de cohabitation entre économie et coopération civilo-militaire. La vision pragmatique américaine et celle plus nuancée des pays européens. Dans le premier cas de figure, les Etats-Unis privilégient une vision réaliste de reconstruction d'un pays. Il faut à tout prix rentabiliser l'aide humanitaire qui est fournie. L'agence américaine USAID, une ONG d'état de type GONGO explique sur son site internet que le principal bénéficiaire des programmes d'assistance américains à des pays étrangers a toujours été les Etats-Unis L'humanitaire sera donc d'autant plus valorisé qu'il représentera des intérêts à long terme. [...]
[...] On peut très bien concevoir que des entreprises financent certains projets de CCM, en contrepartie d'une aide pour s'installer (contacts avec les autorités locales, les militaires, les autres acteurs présents sur place Les ONG sont encore plus pragmatiques dans ce domaine. Ils ont généralement d'excellents contacts avec les milieux économiques et cela ne leur pas de cas de conscience Qu'est-ce qui est le plus important pour le BMeiA ? Bien sûr les aspects humanitaires d'un engagement à l'étranger. L'économie passe au second plan, même si elle ne doit pas être totalement occultée Comment voyez-vous la CCM dans l'UE ? [...]
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