2500%, c'est la valeur que peut prendre la drogue entre son prix à la production et son prix sur les marchés de consommation. Ce chiffre comprend chaque étape, qui ajoute une charge supplémentaire en fonction de la dangerosité. C'est notamment le cas des pays où transite la drogue.
La drogue constitue une menace aux yeux de la communauté internationale depuis 1909 et la Conférence de Shanghai. Depuis, une liste internationale des stupéfiants a été établie sous l'égide de l'Organisation des Nations unies afin de mettre en place une lutte plus efficace et plus harmonieuse. Cependant, la hausse de la consommation des drogues dans le monde a entraîné de nouvelles stratégies de la part des trafiquants qui utilisent dès lors un nouveau type de transit.
La mutation de l'ordre production-consommation des drogues dans le monde a entraîné des changements dans les routes utilisées pour relier les lieux de production aux lieux de consommation. La baisse du marché de consommation des drogues aux Etats-Unis et la parallèle hausse observée sur les marchés européens ont poussé les trafiquants de drogues à utiliser de nouvelles routes pour acheminer les stupéfiants en évitant les saisies des forces de l'ordre. C'est ainsi que de nombreux pays d'Afrique sont devenus les étapes incontournables sur les différentes routes des drogues. Moins soupçonnées que les cargaisons en provenance d'Amérique latine ou du Triangle d'or, les cargaisons en provenance d'Afrique échappent davantage aux saisies douanières. Le transit de la drogue qui a lieu en Afrique se définit donc comme une étape sur la route de la drogue, une sorte de couverture pour les trafiquants qui se servent de ces zones de non-droit pour s'assurer que la drogue arrive à destination.
L'Afrique, encore en marge du trafic de drogue avant les années 1980, a vu une nette augmentation du transit, notamment à partir des années 1990. C'est en effet en 1993 au Nigéria qu'est saisie une quantité spectaculaire (300kg) d'héroïne en provenance de Thaïlande. C'est à partir de cette saisie que la prise en compte du problème des drogues en Afrique a commencé à inquiéter la communauté internationale. Au cours des années 1990, de plus en plus de pays africains se sont vus inclus dans un système de trafic de drogue, en tant que plaques tournantes vers les marchés de consommation, majoritairement européens.
Le transit de drogue par l'Afrique entraîne de nombreux aspects sous-jacents qui tendent à freiner le continent dans son développement. Il est donc intéressant de se demander comment s'organise le transit de drogue sur ce continent et en quoi il constitue une réelle menace qu'il faut enrayer.
[...] Annexe : Carte Trafic de cocaïne en 2006 Source : Données tirées des questionnaires destinés aux rapports annuels de l'ONUDC, DELTA Le mode opératoire des criminels organisés Les criminels organisés agissant dans le trafic de drogue en Afrique utilisent de nombreuses couvertures et contournent les lois pour assurer leurs profits. L'Afrique est devenue un transit assez sécurisé pour les trafiquants du monde entier en raison de ses nombreuses zones de non-droit et de son manque de contrôle en matière de stupéfiants. Les criminels se sont donc organisés en de véritables gangs et entretiennent de larges connexions avec les trafiquants d'Amérique et d'Asie. [...]
[...] Ces principaux points de transit se trouvent en Afrique de l'Ouest. Les pays d'Asie, du Triangle d'Or 4 et du Croissant d'Or 5 sont, pour leur part, fournisseurs du trafic en matière d'héroïne et d'opiacés et, plus rarement, de résine de cannabis (Afghanistan). Cette héroïne arrive essentiellement en Afrique de l'Est et Australe. Elle est majoritairement destinée au marché sud-africain, bien que d'autres marchés locaux d'héroïne se développent dangereusement. De plus en plus d'organisations criminelles tentent par ailleurs de passer de l'héroïne vers les marchés européens, notamment ex-soviétiques où la chute de l'URSS a entrainé de brusques mutations sociales. [...]
[...] De nombreuses organisations prévoient ainsi une nouvelle crise alimentaire dans certaines régions, venant alimenter la sous-nutrition de la population la culture de cannabis en Afrique s'est notamment développée après une chute mondiale des cours laproduction de cacao en a été fortement touchée Source : Data for Africa http://www.unodc.org/unodc/en/data-and-analysis/Data-for-Africa.html#obj L'association pour la lutte de la toxicodépendance à Kinshasa 11 Il faut par ailleurs souligner que la majorité des profits ne reviennent pas aux paysans locaux mais aux organisations criminelles. Celles-ci doivent alors blanchir l'argent de la drogue. Pour ce faire, elles réinvestissent à court terme dans l'économie locale d'où elles se désengagent ensuite rapidement une fois l'argent blanchi. Cet argent ne profite donc en rien à la société. [...]
[...] De son côté, la communauté internationale a mis en œuvre des actions sous l'égide de l'ONU, avec plusieurs organes et programmes spécialement dédiés à la lutte contre la drogue en Afrique. Les organes de police internationaux comme Interpol et Europol développent également des partenariats avec plusieurs Etats africains afin de faire tomber les différents réseaux internationaux de la drogue. Les Etats développés tentent également d'aider les Etats africains dans l'organisation d'une lutte efficace, en prenant en charge le financement de programmes ou de laboratoires pour réduire le transit. Cependant, cette lutte est encore jeune et tarde à porter ses fruits. [...]
[...] En effet, celle-ci favorise la croissance du trafic en lui donnant une couverture supplémentaire. En d'autres termes, la corruption des agents et de certains gouvernements limite largement les capacités d'action des forces de l'ordre en matière de saisies. Qui plus est, certains Etats ne veulent pas forcément pousser la lutte à son plus haut niveau. D'une part parce qu'ils peuvent y trouver un certain avantage dans le cas de pays corrompus (ce fut notamment le cas du Nigéria sous les régimes des généraux Babangida et Abacha, où même leurs proches étaient impliqués) et d'autre part, parce que celle-ci est difficile à mettre en œuvre pour des Etats ayant déjà de nombreux problèmes à régler. [...]
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