UNION EUROPEENNE, OTAN, USA, ISAF, AFGHANISTAN, IRAK
La période qui se déroule entre 2001 et 2003 se caractérise par un grand paradoxe au niveau européen. D'un côté, nous assistons au développement de la Politique Européenne de Sécurité et de Défense (PESD), à partir de son institutionnalisation jusqu'à sa mise en œuvre pratique en 2003 ; de l'autre, nous remarquons un effondrement progressif de la politique étrangère et de sécurité commune, qui touche son point le plus bas en 2003, lors du déclenchement de la guerre en Irak.
Face à ce nouvel échiquier international, l'Union Européenne a du mal à s'affirmer en tant qu'acteur global. Tous les progrès en matière de politique étrangère et de sécurité commune, ne trouvent pas un champ d'application cohérent face aux crises internationales qui bouleversent la scène régionale et internationale. C'est une logique nationale qui va prévaloir et qui retarde toute action commune et efficace de la part d'une Union Européenne élargie.
Certes la réponse des États Européens suite aux attentats de New York en 2001, de Madrid en 2004, de Londres en 2005, et au déclenchement de la guerre en Afghanistan et en Irak montre à quel point ces pays préfèrent manifester leur appui à l'administration américaine par le biais de la diplomatie nationale, plutôt qu'à travers une action concertée de leur part.
[...] L'ennemi semble tout autant impalpable que global[7], d'où une grande inquiétude instantanée puis exponentielle peu après le 11 septembre. En définitive les attentats du 11 septembre 2001 ont durablement bouleversé l'équilibre stratégique européen. Face à la perspective d'un désengagement accéléré des États-Unis en Europe, les pays européens doivent désormais se tenir prêts à assumer - seuls ou avec leurs partenaires - la sécurité et la défense de leur continent. C'est pourquoi l'Union a tenté récemment de renforcer sa coopération en la matière[8] non seulement dans son propre territoire, mais aussi et surtout avec des pays voisins notamment méditerranéens. [...]
[...] GNESOTTO Nicole, le rétrécissement de l'occident Institut d'études de sécurité de l'Union Européenne, N 21, janvier 2007, p.1. GNESOTTO Nicole, L'Europe et les États-Unis : vision du monde, vision de l'autre Commentaire, Volume 27, No 105, printemps 2004, DUMOULIN André, MATHIEU Raphaël et SARLET Gordon, Six scénarios pour la PESD la Revue du Marché commun et de l'Union Européenne, nº463, décembre 2002, p.676-687. SOLANA Javier, Une Europe plus sûre dans un monde meilleur Stratégie européenne de sécurité décembre 2003. [...]
[...] Cependant la première ligne, qui souligne l'Europe n'a jamais été aussi prospère, aussi sûre, ni aussi libre résume assez bien la philosophie de ce document capital. En effet, l'objectif pour l'Union est de se positionner tout autant aux côtés des États-Unis que dans une voie politico stratégique proprement européenne, c'est-à-dire solidaire mais dissociée de l'Amérique. Il est ainsi apparu que si l'action européenne répond avant tout à une nécessité interne et externe liée à une réalité régionale et internationale accrue, elle se fonde également sur sa capacité à répondre aux menaces actuelles, qui ne peuvent plus être uniquement combattues sur le terrain militaire. [...]
[...] Le Pentagone assura seul la planification et le déroulement des opérations militaires. Cette guerre contre le régime de Talibans et Al-Qaïda que la communauté internationale jugeait légitime se déroula donc en dehors d'une coopération européenne dans sa première phase, car il s'agissait pour l'Amérique d'exercer son droit de légitime défense individuelle et non collective. En dépit de la protestation de solidarité exprimée par l'invocation de l'article 5 de l'Alliance, Washington n'entendait pas être bloqué par les rouages trop lourds d'une institution telle que l'OTAN, en visant parallèlement à une contribution ad hoc de la part de leurs alliés les plus proches, sur leur demande[30]. [...]
[...] Après les attentats du 11 septembre, la crise irakienne est venue catalyser cette volonté pour qu'elle s'affirme de manière distincte sur la scène internationale. L'attitude de la France et de l'Allemagne est un révélateur des mutations européennes, en développant eux-mêmes une politique étrangère et une vision de l'ordre international, et en concourant ainsi à la multipolarité. Récemment encore l'Allemagne s'alignait systématiquement sur Washington, d'où l'étonnement face à son basculement stratégique en 2003. Pour la France, l'Europe doit être indépendante, c'est-à-dire être alliée des États-Unis mais de manière autonome, au sein d'une relation horizontale et non pas verticale. [...]
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