Fiche de relations internationales, questions internationales en PREP ENA: La Tragédie Ivoirienne
Le 24 décembre 1999, lorsque la Côte d'Ivoire connaît son 1er coup d'Etat militaire suivi de la mise en place d'un Comité national de salut public dirigé par le Général Gueï, elle rompt, 40 années après l'indépendance, avec l'image d'une stabilité exceptionnelle dans une Afrique noire déchirée. Les élections du 22 octobre 2000, mouvementées et doublement contestées (par l'opposant du Général Gueï, Laurent Gbagbo, dont la victoire a été finalement reconnue, et par les partisans d'Alassane Ouattara, déclaré inéligible) sont venues renforcer cette rupture.
[...] Par ailleurs les contestations étaient fortement contenues par un pouvoir autoritaire, ainsi que par le financement, par l'endettement, de grands programmes publics permettant d'offrir postes et d'entretenir un système de prébendes. Les fragilités structurelles à l'origine de la crise multiforme ivoirienne Le coût d'un tel système s'est peu à peu alourdi avec l'usure du pouvoir, le gonflement substantiel du secteur public, la corruption et autres détournements d'argent (la Caisse de Stabilisation par exemple permettait au pouvoir politique un accès direct aux ressources), pour éclater avec la crise des années 1980. [...]
[...] Mise en péril du contrat social ivoirien par le recours à un discours ethno-nationaliste xénophobe. Face à l'érosion grandissante de sa légitimité et crédibilité, Henri Konan Bédié a proposé des "palliatifs idéologiques" avec la promotion du concept d'"ivoirité", dans un discours d'exclusion qui n'a cessé d'empoisonner le débat politique depuis lors. Bédié avait en effet cherché d'une part à promouvoir un nouveau "projet" national destiné à détourner la population des problèmes réels et lui offrir des boucs émissaires, alors que, sous l'ère Houphouët-Boigny, les étrangers bénéficiaient d'une grande ouverture du régime à leur égard[6]. [...]
[...] Bibliographie Abou Dramame, Bamba, "Côte d'Ivoire : ethnicité et démocratie" in Revue trimestrielle de l'Institut Africain pour la Démocratie, octobre- novembre 1995. David, Philippe, La Côte d'Ivoire, éditions Karthala Dossier Spécial "Côte d'Ivoire", in Politique africaine, mars 2000. Gaulme, François, "Côte d'Ivoire : la logique des urnes et celle de la violence", in Afrique contemporaine, Losch, Bruno, "Coup de cacao en Côte d'Ivoire, Economie politique d'une crise structurelle" in Critique Internationale, octobre 2000. N'Da, Paul, Le drame démocratique africain sur scène en Côte d'Ivoire, L'Harmattan Selon Amnesty International, la Côte d'Ivoire connaît "la crise la plus grave de son histoire". [...]
[...] Cet argumentaire n'a pas empêché, au contraire, d'accroître le manque de légitimité du nouveau président (boycott des élections de 1995 par l'opposition constituée du RDR –Rassemblement des Républicains- et du FPI –Front populaire ivoirien ; autres manipulations électorales pourtant rendues inutiles étant donné la configuration des élections[8]). Mais plus grave encore, il met aujourd'hui en péril la collectivité nationale. En effet, les "qualités ivoiriennes" selon Bédié, sont incarnées par les Akans, ou plus précisément, les Baoulés, implantés majoritairement dans les parties orientales et centrales du Sud ivoirien[9]: ainsi a-t-on assisté à une "ivoirisation" des emplois publics (notamment les hautes fonctions politico-administratives) à tonalité baoulé, et un sentiment d'exclusion au Nord du pays. [...]
[...] Une armée ivoirienne sur le devant de la scène politique. C'est dans ce contexte que l'armée ivoirienne est intervenue, le 24 décembre 1999, pour renverser un pouvoir largement décrié et mettre en place un Comité national de salut public, d'abord destiné au colonel Doué puis donné au Général Robert Gueï[10], afin que soient réintégrés les partis dans le jeu politique et s'achève la corruption. Derrière ces motifs affichés, l'armée, longtemps choyée par Houphouët- Boigny, se révoltait contre sa marginalisation sous Bédié (éviction de Gueï du gouvernement, refus de revaloriser le solde des militaires, réduction croissante de leur part du budget, sensibilité au discours d'exclusion du fait de l'origine régionale et ethnique des effectifs par "refus de déclassement"[11]. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture