La destitution du Shah d'Iran par l'ayatollah Khomeiny lors de la révolution islamique de 1979 marque l'avènement d'une république islamique dont les principes s'inspirent de l'islam chiite. Depuis, le régime iranien continue de faire l'objet de toutes les attentions de la part de la communauté internationale, hier pour son soutien au terrorisme, aujourd'hui pour son programme nucléaire. Dans le bras de fer qui l'oppose aux régimes occidentaux, la république islamique d'Iran suscite les interrogations, notamment sur l'organisation et l'évolution de son régime politique. Car en dépit d'une perte grandissante de légitimité à l'intérieur du pays, le régime parvient à se maintenir au pouvoir grâce à l'interférence du pouvoir religieux dans le pouvoir politique. C'est donc le rapport du politique et du religieux que nous questionnerons ici, rapport qui dépasse le simple cadre des institutions. On analysera donc également les dynamiques sociales qui sont au coeur de système politique iranien. Ainsi si l'Iran est un régime hybride dont la nature démocratique semble, à ses débuts, remise en cause par l'importance de l'ascendant religieux, le régime semble de nos jours s'accompagner d'un nouveau rapport entre la société civile et le pouvoir religieux.
[...] I - Un régime hybride dont la nature démocratique est fortement limitée par l'importance du pouvoir religieux 1. Pouvoir religieux et pouvoir politique : la cohabitation de deux légitimités Le système institutionnel iranien présente l'originalité de faire cohabiter deux légitimités : une légitimité politique et démocratique qui s'incarne dans l'élection au suffrage universel direct d'un Président de la République ; une légitimité religieuse qui s'incarne dans un Guide suprême de la Révolution nommé par un collège d'expert issu du suffrage universel. [...]
[...] Car en dépit d'une perte grandissante de légitimité à l'intérieur du pays, le régime parvient à se maintenir au pouvoir grâce à l'interférence du pouvoir religieux dans le pouvoir politique. C'est donc le rapport du politique et du religieux que nous questionnerons ici, rapport qui dépasse le simple cadre des institutions. On analysera donc également les dynamiques sociales qui sont au coeur de système politique iranien. Ainsi si l'Iran est un régime hybride dont la nature démocratique semble, à ses débuts, remise en cause par l'importance de l'ascendant religieux, le régime semble de nos jours s'accompagner d'un nouveau rapport entre la société civile et le pouvoir religieux. [...]
[...] Linz) qui permet une pérennisation du régime au prix de l'acceptation d'une opposition sociale en quelque sorte consenti. Cette évolution vers la sécularisation s'explique également par l'essor de la modernité en Iran, comme en témoigne le développement de pratiques se bornant à la sphère privée (intérêt pour l'international, habillement, musique et littérature). C'est donc également de nouvelles forces sociales qui émergent en Iran Une adaptation du pouvoir religieux à la modernité Face à l'émergence de nouvelles forces sociales, le clergé a su créer de nouveaux réseaux pour assurer la continuité de son pouvoir. [...]
[...] De nouveaux réseaux de pouvoir et d'argent se sont donc constitués, mélangeant logiques traditionalistes (organisation holiste, clans) et modernistes (utilisation des systèmes financiers, entreprises). En d'autres termes, on peut dire que le pouvoir religieux n'est plus du tout confiné dans la tradition mais maîtrise parfaitement les apports de la modernité. Ce n'est donc plus le lien entre le clergé et les commerçants et les grands propriétaires qui assure la cohésion et donne de l'énergie à l'ensemble du système mais son ancrage dans la société moderne actuelle. [...]
[...] Les seules évolutions possibles sont donc avant tout sociales. II - Une évolution politique et sociale qui traduit l'émergence d'un nouveau rapport de force entre la société civile et le pouvoir religieux 1. Un phénomène de sécularisation qui redéfinit le rapport entre le politique et le religieux L'évolution politique de l'Iran depuis la mort de Khomeiny se traduit par une ouverture du régime à la sécularisation, sans que ne soit cependant clairement contestée l'aspect islamique du régime. Confrontée au verrouillage du système politique et animée par une volonté de participation sociale visant à introduire un changement par le bas, la société civile émergente, en particulier les classes moyennes et la jeunesse, s'est largement engagée en privée dans de nouveaux référentiels marqués par la modernité. [...]
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