La stratégie indirecte en matière de sécurité

Thèmes abordés

Stratégie directe, stratégie indirecte, sécurité, guerre, tactique

Résumé du document

"Dans la guerre, la meilleure politique consiste en règle générale à prendre l'Etat adverse intact, l'anéantir ne serait qu'un pis aller. Capturer l'armée ennemie vaut mieux que la détruire. Prendre intact un bataillon, une compagnie ou une escouade de cinq hommes vaut mieux que les détruire. En effet, le meilleur savoir faire n'est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l'ennemi sans combattre." Sun Tsu (Chapitre 3 p.115)
« Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes ; la vraie victoire, c'est de l'épargner. » Louis XV, 1745
Ces deux citations de Sun Tsu et de Louis XV illustrent superbement le paradoxe intrinsèque de la guerre. En effet, action ontologiquement violente, la guerre se pare
du qualificatif de « réussie » quand ses stratèges atteignent la victoire avec l'effusion de sang la plus réduite.
Après des siècles d'approche directe, témoins de l'affrontement en règle d'armées régulières, une nouvelle stratégie a fait son apparition, la stratégie indirecte. L'évolution des perceptions morales et politiques de la guerre a eu pour résultat de faire plébisciter cette approche à la fois par les milieux politico-militaires et par l'opinion publique.

Extraits

[...] DORA BORRIONE MENACES INTERNATIONALES SCIENCES PO 2011 Fiche technique : Qu'est ce qu'une stratégie indirecte en matière de sécurité ? "Dans la guerre, la meilleure politique consiste en règle générale à prendre l'Etat adverse intact, l'anéantir ne serait qu'un pis aller. Capturer l'armée ennemie vaut mieux que la détruire. Prendre intact un bataillon, une compagnie ou une escouade de cinq hommes vaut mieux que les détruire. En effet, le meilleur savoir faire n'est pas de gagner cent victoires dans cent batailles, mais plutôt de vaincre l'ennemi sans combattre." Sun Tsu (Chapitre 3 p.115) Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes ; la vraie victoire, c'est de l'épargner. [...]

[...] Afin de mieux appréhender la notion de stratégie indirecte, il est intéressant de revenir brièvement sur ce qu'est la guerre et ce qu'est une stratégie. A l'origine, la guerre est une lutte entre des groupes organisés munis d'armes offensives et défensives s‘améliorant continuellement. Le lieu de la guerre était par le passé le champ clos, qui est ensuite devenu le champ de bataille tandis qu'aujourd'hui on parle désormais de théâtre d'opérations Ces opérations s'organisent sur terre sur mer et dans les airs. [...]

[...] Cependant, lors de la Seconde Guerre Mondiale, la doctrine du Blitzkrieg, après avoir été victorieuse, se retrouve confrontée à un échec : celui du front russe. Face à cette défaite, la doctrine britannique de l' approche indirecte apparaît comme une alternative intéressante. Sir Basil Henry Liddell Hart (1895-1970), éminent historien et théoricien de la guerre, est à l'origine de cette doctrine qui fut donc ensuite appliquée par Winston Churchill : il s'agit de ne pas affronter l'adversaire dans une épreuve de force directe, mais de le contraindre à la dispersion en menant des actions du fort au faible sur de multiples théâtres d'opération secondaires. [...]

[...] Economica, Coll. Stratégies et Doctrines Afghanistan Update Conférence du General David H. [...]

[...] Dans cette vision, et comme l'explique Vincent Desportes, le succès repose moins sur la maitrise des techniques militaires de destruction et l'efficacité des procédures centralisées que sur l‘analyse de l'adversaire, l'exploitation de ses faiblesses et la foudroyance ponctuelle d'une part, l'initiative et la liberté d'action individuelles d'autre part. La stratégie indirecte a plusieurs dimensions. D'un point de vue restreint, sa principale dimension est la dimension militaire : comme expliqué par M. Coutau Begarie, on renverse le rapport de force par une manœuvre plutôt que par le combat traditionnel Cet aspect fait de la stratégie indirecte le parent proche de la stratégie insurrectionnelle : la stratégie du faible au fort étant l'arme du pauvre la préférée de l'insurgé. [...]