Fiche de relations internationales, questions internationales en PREP ENA: La Russie de V. Poutine a-t-elle les moyens de son ambition impériale?
La Russie n'est plus une grande puissance. Que ce soit au sein de l'espace anciennement soviétique, dans ses relations avec les Etats-Unis et les pays européens, au Proche-Orient ou ailleurs, depuis maintenant plusieurs années, les déboires se multiplient. En dépit des efforts qu'elle déploie, elle ne parvient pas à empêcher le recul de ses positions internationales. Elle n'a plus, pour reprendre la définition de la puissance de Raymond ARON, 'la capacité à imposer sa volonté aux autres'. Elle n'a plus non plus l'initiative dans la vie internationale: sa politique est avant tout réactive, voire défensive. Et pourtant, paradoxalement, elle continue non seulement à s'affirmer, mais aussi à être considérée dans la vie internationale comme un acteur majeur. Elle est de fait un partenaire auquel les Etats-Unis comme les pays européens accordent une très grande importance.
[...] Conclusion La disparition de l'union soviétique a obligé la Russie à opérer de grands changement dans le domaine de la politique étrangère. L'Etat soviétique était une superpuissance messianique et capable de peser sur la vie internationale. La nouvelle Russie doit définir une toute autre stratégie pour l'avenir, adaptée à son statut actuel de puissance régionale. De fait, certains signes témoignent d'une prise de conscience par les dirigeants russes de cette réalité: pour la plupart, ils ne considèrent plus la CEI comme l'instrument privilégié de la restauration de la puissance impériale russe. [...]
[...] Parallèlement, Moscou continue de produire du plutonium enrichi à usage militaire: 2.5 tonnes/an. Les stocks russes de matière fissile restent impressionnants: 100 tonnes de plutonium tonnes d'uranium. Dans leur politique de sécurité, les pouvoirs russes mettent aujourd'hui l'accent sur le facteur nucléaire: dès 1993, dans sa première doctrine militaire, la Russie mettait en exergue l'importance se la dissuasion nucléaire et renonçait à l'engagement de ne pas employer en premier l'arme nucléaire. Le projet de doctrine militaire et le Concept de sécurité nationale adopté en janvier 2000 affirment la nécessité de poursuivre la modernisation des forces de dissuasion nucléaire: il a été décidé que 30% des fonds d'acquisition d'armements leur seront consacrés. [...]
[...] L'analyse de sa situation intérieure révèle pourtant qu'elle n'a pas à l'heure actuelle les moyens de ses ambitions impériales. Malgré les récents succès de Poutine Il est important de noter que Poutine a caractérisé sa politique étrangère comme devant être fondamentalement "pragmatique", c'est-à-dire définie en fonction des ressources dont dispose la Russie. Conscient des faiblesses du pays, Poutine a fondé le retour de la Russie sur la scène internationale sur une stratégie de sortie de crise, dans trois direction principales: D'abord, la restauration de l'Etat. [...]
[...] L'empire a cessé d'exister et la Russie n'entend pas le reconstituer. En revanche, elle s'efforce de bâtir un système d'alliances qui lui permettra de rester une grande puissance et d'éviter le sort commun des empires disparus. Car la Russie demeure potentiellement une grande puissance, conservant certains moyens d'action lui permettant de peser sur la vie internationale: son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, la profondeur de son territoire, sa position géostratégique, ses ressources naturelles, sa capacité nucléaire, sont autant d'éléments qui viennent s'ajouter au souvenir de sa puissance passée pour justifier le traitement particulier dont jouit aujourd'hui ce pays sur la scène internationale. [...]
[...] Le pouvoir politique n'a pas su améliorer les conditions de service et d'existence des militaires. La crise matérielle de l'armée se double d'une crise d'identité liée au déclin de son prestige aux yeux de l'opinion publique. Ne se reconnaissant pas dans le pouvoir en place, elle le juge indifférent à son sort et ne lui accorde pas une pleine confiance. Cette situation est lourde de menaces pour l'ordre international: en réduisant le contrôle de la Russie sur les territoires de l'ex-URSS, l'affaiblissement de l'armée russe renforce les risques de déstabilisation régionale que l'Europe occidentale craint de voir se propager par "effet de domino". [...]
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