Si les idées ont joué un rôle dominant à travers l'affrontement des idéologies totalitaires de 1917 à 1989, leur influence sur les relations internationales est beaucoup plus complexe depuis la fin de la Guerre froide. Trois tendances principales peuvent être dégagées :
-Aux oppositions idéologiques classiques (libéralisme/communisme/anarchisme et fascisme), tendent à se substituer des oppositions moins élaborées, exprimant d'avantage des attitudes intellectuelles que des doctrines, regroupées en deux axes : l'axe horizontal « universalisme contre particularisme » et l'axe vertical « technocratie contre populisme ».
-Depuis la mort des grandes idéologies, les idées s'avancent masquées : derrière des faits, des identités apparemment innées, …, se cachent des idées implicites ou oubliées.
-La notion d'idée semble elle-même éclater : les idéologies étaient des interprétations globales du monde, « aujourd'hui, visions du monde, concepts, croyance, stratégies, pratiques, normes ou valeurs vivent des existences souvent séparées ».
[...] Goldstein) distinguent entre d'une part, les visions du monde, normes et principes moraux et d'autre part les croyances causales influençant les stratégies dans les situations d'incertitude ou incarnées par les institutions. Le XXème siècle, géopolitique et idéologie L'histoire du XXème siècle montre que c'est une relation tantôt harmonieuse tantôt conflictuelle qui a primé entre idées, intérêts et puissance. - La politique extérieure de l'Allemagne nazie, de la Russie communiste et de la Chine maoïste ont montré que si les totalitarismes ont pu adopter n'importe quel compromis tactique et n'importe quelle alliance contre-nature, ils n'en étaient pas moins portés par une dynamique idéologique qui les mettait inévitablement en conflit avec le monde extérieur. [...]
[...] Malgré le grand mouvement de sécularisation, les croyances religieuses peuvent jouer un rôle ambigu dans trois cas de figure : - Celui des pays non-chrétiens qui sont encore le théâtre d'une lutte intérieure pour la définition laïque ou religieuse de leur identité (Israël, l'Inde, Turquie, Algérie) - Celui des sectes à diffusion internationales - Celui de l'Islam : bien que le spectre de l'Islam ait souvent remplacé le spectre du communisme, Olivier Roy a souligné dès 1992 que le fondamentalisme islamique était avant tout un mouvement de protestation socioculturelle, qu'il n'a jamais réussi à produire un modèle cohérent ou viable d'organisation politique ou économique ni une organisation transnationale solidaire et qu'enfin le radicalisme révolutionnaire a vite été dépassé par un intégrisme conservateur, d'ailleurs en train de se défaire. Nous ne sommes donc pas en train d'assister à un conflit global de civilisation, mais à un mélange de fragmentation et de transnationalisation Finalement, les deux idéologies concurrentes et émergentes sont aujourd'hui celles du communautarisme et des droits de l'homme, aucune des deux ne pouvant se passer de la rationalité et de la puissance de l'Etat. Les idées d'intervention ou d'ingérence contre l'humanité ou pour les droits de l'homme et d'internationalisme juridique montent en puissance. [...]
[...] Le rôle des idées dans les relations internationales Pierre Hassner (in : Politique étrangère, 3-4/2000) Si les idées ont joué un rôle dominant à travers l'affrontement des idéologies totalitaires de 1917 à 1989, leur influence sur les relations internationales est beaucoup plus complexe depuis la fin de la Guerre froide. Trois tendances principales peuvent être dégagées : - Aux oppositions idéologiques classiques (libéralisme/communisme/anarchisme et fascisme), tendent à se substituer des oppositions moins élaborées, exprimant d'avantage des attitudes intellectuelles que des doctrines, regroupées en deux axes : l'axe horizontal universalisme contre particularisme et l'axe vertical technocratie contre populisme - Depuis la mort des grandes idéologies, les idées s'avancent masquées : derrière des faits, des identités apparemment innées se cachent des idées implicites ou oubliées. [...]
[...] - Il en encore plus difficile de départager les idées, les passions et le relations de puissance en matière de religion. Le rôle des religions peut parfois être décisif (cas de la visite du pape en Pologne en 1979, encourageant le mouvement Solidarité), mais il reste passager et lié à des circonstances nationales ou à des conjonctures politiques particulières, comme aux Philippines, lors de la chute du régime Marcos, ou en Croatie. L'influence politique du catholicisme est très réduite, même dans le conflit irlandais qui n'a rien d'une guerre de religion. [...]
[...] Le XXIème siècle : le fluide et le flou Sommes-nous en train d'assister à un épuisement général des idéologies et des idées politiques en général au profit de la globalisation et du fanatisme fondamentaliste ? - La globalisation, correspondant à la domination de l'idéologie libérale, du libre-échange et de l'idée du déclin des Etats, est encouragée et utilisée par la seule puissance vraiment globale que sont les Etats-Unis, accréditant la thèse de la fin de l'histoire Mais elle suscite aussi un renouveau des réflexes anti-américains et tiers- mondistes qui modèrent le consensus favorable à la globalisation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture