Le retrait français du commandement intégré de l'OTAN

Résumé du document

La politique française à l'égard de l'OTAN (Organisation du Traité Atlantique Nord) reste marquée par le retrait de la France du commandement intégré de l'organisation militaire. C'est dire que les décisions de février-mars 1966 sont au coeur de la problématique des relations entre la France et l'OTAN depuis quatre décennies. Dans un premier temps, ce retrait avait semblé être un acte isolé et imprévisible issu de l'anti-américanisme et à l'attachement de la souveraineté nationale de Charles De Gaulle. Par ailleurs, il apparaît que cette décision serait plutôt un aboutissement des projets de réforme de l'OTAN élaborés par le Général et la volonté de celui-ci d'asseoir la puissance et l'influence de la France. La décision de l'Elysée s'inscrit donc dans la volonté de doter la France d'une politique de défense indépendante, lui permettant de s'émanciper de la tutelle de l'OTAN sans pour toutefois rejeter l'Organisation. Le retrait marque donc l'intention d'une redéfinition des relations entre la France et l'OTAN.
Dans quelles mesures le retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN opère-t-il le basculement de l'intégration à la coopération?

Extraits

[...] Le retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN a donc soulevé la problématique du passage de l'intégration à une simple coopération. Néanmoins on ne peut pas parler de rupture totale, il semble que le bilan de la redéfinition de l'intégration soit nuancé. Si la France n'était plus représentée dans différents comités et groupes de l'OTAN, elle continuait à participer à nombre d'instances et activités de l'OTAN tels que le Comité de la Défense Aérienne entre autres. Le refus de l'intégration et l'application d'une politique de coopération ont permis au Général De Gaulle de faire reconnaître le rôle et l'importance de la France sur un point de vue international sans toutefois totalement isoler la France. [...]

[...] Le retrait marque donc l'intention d'une redéfinition des relations entre la France et l'OTAN. Dans quelles mesures le retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN opère-t-il le basculement de l'intégration à la coopération? En octobre 1965, Maurice Couve de Murville avait annoncé à Washington que la France ferait connaître sa position sur l'OTAN au printemps suivant, plus précisément sans doute dans le courant du mois de mars L'imminence d'une initiative française n'était donc pas inconnue des principaux alliés de la France. [...]

[...] Cependant, le contenu concret d'un retrait demeurait incertain. Le 9 septembre 1965, le général De Gaulle avait annoncé la fin de la subordination (i.e. L'intégration) prévue par l'OTAN au plus tard en 1969, confirmant ainsi ses velléités d'indépendance. Le 21 février 1966, De Gaulle précise ses intentions pour finalement les officialiser le 7 mars 1966 dans une lettre adressée au Président Johnson. La France envisageait de rester comme Partie au Traité signé à Washington le 4 avril 1949 en revanche elle entendait modifier sa participation à l'organisation c'est-à-dire modifier tout ce qui est venu postérieurement à la signature du Traité. [...]

[...] Ouvrages spécialisés Frédéric Bozo, La France et l'OTAN De la guerre froide au nouvel ordre européen, Ifri p. Sous la dir. De Maurice Vaïsse, Pierre Mélandri et Frédéric Bozon, La France et l'OTAN 1949-1996, Editions Complexes p. [...]

[...] Suite au retrait français et aux conséquences de celui-ci, le Conseil de l'Atlantique Nord quitte Paris pour s'établir près de Bruxelles. Cette série de mesures marque clairement la volonté du Général d'échapper à 'intégration et à la tutelle Atlantiste. Cependant le retrait français ne marquait pas une rupture radicale envers l'OTAN. En effet De Gaulle entendait substituer une coopération extensive à l'intégration Malgré la relative sérénité du déroulement des opérations consécutives aux retraits, les alliés nourrissaient un certain nombre de préoccupations au lendemain des notifications des décisions prises par de Gaulle en mars 1966. [...]