La singularité libanaise s'explique en partie par l'héritage historique du Liban, dont les occupations successives et interventions étrangères ont ébranlé la légitimité du gouvernement national. De 1952 à 1970, c'est dans le contexte de cette singularité que la scène politique libanaise va évoluer. Tout d'abord à travers le mouvement du Chehabisme, nouveau style politique initié par Fouad Chehab, élu président en 1958 sur le fondement d'un consensus national. D'autre part par le mouvement des phalanges libanaises, dans une tentative d'instauration d'un parti-État.
Il s'agit de comprendre comment le jeune État libanais, dans sa quête de souveraineté nationale, oscille entre un populisme nationaliste, représenté par Fouad Chehab, et la tentation du modèle du parti État des phalanges, qui maintient le communautarisme
[...] En cela, les kataeb peuvent s'apparenter à des assabiya chrétiennes, concrétisé par la cohésion des phalanges. Sources - Party Transformation in Lebanon: Al-Kata'ib as a Case Study Author(s): John P. Entelis Source: Middle Eastern Studies, Vol No (Oct., 1973), pp. [...]
[...] En effet, les kataeb privilégient l'intérêt des chrétiens en tous domaines. Ainsi, ils réclament une représentation politique pour les émigrés chrétiens, contrairement au gouvernement. L'intérêt du parti est donc communautaire avant d'être nationaliste. Et si une collaboration s'était avérée nécessaire avec les musulmans du Najjadah pour assurer l'indépendance du pays, l'objectif principal de défense des intérêts communautaires retrouve sa place prééminente une fois la souveraineté nationale assurée. La communauté chrétienne est ainsi en lutte contre l'Etat et le gouvernement en place. [...]
[...] Quant aux postes ministériels, leur répartition se limite à l'enjeu de l'équilibre confessionnel. Le Chehabisme est conscient que c'est en créant un consensus national, en se fondant sur des objectifs propres à tous les Libanais, qu'il pourra parvenir au pouvoir. Ce consensus s'est fait par le biais d'un homme, le Président. L'augmentation de son pouvoir n'a pas été le résultat d'un accès au pouvoir par la force et la violence, mais le fruit d'un consensus national. Ce consensus a donné naissance non pas à un pouvoir tyrannique, concentré entre les mains d'un seul l'homme, mais plutôt à un pouvoir consacré, symbolisé en cet homme : le président. [...]
[...] Le Caza est aussi désormais considéré comme une circonscription électorale à part entière, ceci dans l'objectif d'un féodalisme politique moins influent. Enfin, le fait que le député est élu par les différentes communautés tend à pousser les leaders à modérer leur discours politique. Chéhab veut ainsi réduire le sentiment d'injustice ressenti par les musulmans, en instaurant une répartition égale des fonctions administratives entre chrétiens et musulmans. Au sein des musulmans, la répartition est proportionnelle entre chiites, sunnites et druzes. De même au sein des chrétiens entre les différentes communautés chrétiennes. [...]
[...] Le mouvement des phalanges refuse la présence des Français au Liban et s'organise autour de la jeunesse. L'indépendance acquise définitivement en 1943 doit beaucoup au parti kataeb, qui pour l'occasion entame une collaboration avec le mouvement du najjadah, parti sunnite dont le nom signifie les sauveurs et dont les objectifs principaux se rapprochaient de ceux des kataeb. C'est ainsi que Pierre Gemayel, fondateur du parti kataeb, apparait comme l'un des pères fondateurs du Liban indépendant. b)au service de la communauté contre l'Etat Mais au-delà de sa mission première de combler les défaillances de l'Etat là où celui-ci s'avère incompétent, et en particulier quant à l'indépendance nationale vis-à-vis des puissances étrangères, le parti kataeb veut développer sa fonction sociale. [...]
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