Fiche de relations internationales, questions internationales en PREP ENA: Puissances criminelles et Etats voyous
Les Américains qualifient de « Rogue States », ce que l'on peut assez fidèlement traduire en Français par « Etats voyous », les pays qu'ils suspectent de soutenir des organisations terroristes et de constituer des stocks d'armes de destruction massive. Ces puissances criminelles semblent incarner aux Etats-Unis la nouvelle menace à laquelle l'Amérique doit faire face depuis la fin de la guerre froide. Mais cette notion arbitraire est très critiquée, à l'étranger comme aux Etats-Unis, par ceux qui lui reprochent d'enfermer les Américains dans une vision manichéenne les conduisant à adopter systématiquement des politiques punitives, souvent pour des raisons de politique intérieure, sans même envisager la possibilité d'un dialogue probablement plus efficace.
[...] Enfin, le niveau ultime des sanctions est l'intervention militaire directe et massive afin de punir l'Etat voyou. Même si la volonté de préserver l'approvisionnement en pétrole était évidemment essentielle dans ce cas, le meilleur exemple reste la guerre du golfe contre l'Irak, prolongée depuis 1998 par des accrochages réguliers avec l'armée irakienne et le bombardement d'installations militaires. Dans tous les cas, l'élimination de l'option diplomatique avant même son examen au profit de l'action punitive est de plus en plus critiquée, en raison de ses résultats très incertains. [...]
[...] Néanmoins, si la Russie semble prête à renégocier le traité ABM qui interdit de tels systèmes, ce bouclier anti-missile qui affirme ne contrer que les Rogue States est dénoncé avec virulence par la Chine qui menace de répondre par une relance de la course aux armements. Bibliographie Périodiques Zunes S. The fonction of Rogue States in U.S. Middle East Policy ; Middle East Policy mai 1997 O'Sullivan M. Rogue States : les dilemmes de la politique américaine ; Politique étrangère printemps 2000 Niblock T. [...]
[...] Un second niveau plus violent concerne les opérations des services secrets. Des fonds sont alloués par le Congrès à la CIA pour déstabiliser certains régimes comme ceux d'Iran ou d'Irak. Mais les échecs répétés de la CIA à renverser ou assassiner Castro, Kadhafi et plus récemment Saddam Hussein ont remis en cause ces options. Sur le même plan, la diplomatie américaine peut frapper un Etat voyou indirectement en encourageant ou en aidant un voisin qui lui est hostile à le combattre. [...]
[...] Un troisième critère essentiel : l'hostilité aux Etats-Unis Les critères de terrorisme et de prolifération ne semblent donc pas suffisants pour faire d'un Etat un Rogue State. Le caractère répressif du régime politique et les atteintes aux droits de l'homme ne sont pas non plus pertinents puisque de nombreux pays, dont bon nombre des pétromonarchies s'ajouteraient alors à la liste. La violation de normes internationales comme les résolutions de l'ONU n'est pas plus déterminante puisque Israël mais aussi la Turquie, qui occupe depuis 1974 une partie de Chypre, et le Maroc, qui a envahit en 1975 le Sahara occidental, restent alliés des Etats-Unis. [...]
[...] La stratégie américaine de l'après-guerre froide prévoit de pouvoir mener deux guerres simultanément contre deux puissances régionales, naturellement contre deux Etats voyous. Pour répondre à une telle situation, pourtant jugée très improbable par les experts, l'Amérique doit pouvoir mettre en œuvre des forces comprenant au total 1,5 million d'hommes avec leurs armes et leurs équipements. Cette stratégie permet au complexe militaro- industriel de ne pas trop souffrir de la fin de la guerre froide puisque les besoins de l'armée américaine ne baisseraient dans ce cas que de 25% environ. [...]
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