Le désaccord entre néo-libéraux et néo-réalistes sur le caractère stabilisateur ou dangereux des institutions de sécurité reste un débat central de la théorie des relations internationales. Marqué par les nouveaux éléments empiriques : évolution de l'ONU, fin de la Guerre Froide, il se poursuit toujours, pouvant être illustré par deux articles publiés dans International Security, une des principales revues de relations internationales animée par le courant réaliste. Le premier, « The false promise of international institutions » (1994) est de John J. Mearsheimer, néo-réaliste et professeur de Science Politique à l'Université de Chicago. Son titre explicite révèle bien la dénonciation par Mearsheimer de la croyance « naïve » et « dangereuse » en la capacité des institutions à promouvoir la stabilité et la paix. Pour ce faire il critique et montre les limites des trois théories institutionnalistes : l'institutionnalisme libéral, la théorie de la sécurité collective, et la théorie critique. Le second article, « Beyond Anarchy – The importance of security institutions » (2001) est écrit par David A. Lake, institutionnaliste, et mène à deux conclusions : les institutions pèsent dans les affaires de sécurité car d'importants intérêts nationaux sont en jeu, elles peuvent résoudre des problèmes de coordination et permettre la coopération entre les Etats, en influençant le comportement des Etats.
Ainsi nous nous proposons de présenter une synthèse de ces deux articles en les confrontant d'abord dans le débat opposant néo-réalistes et néo-libéraux, puis de montrer comment l'on peut dépasser ce débat grâce aux théories et méthodes novatrices des auteurs.
[...] Le désaccord entre néo-libéraux et néo-réalistes sur le caractère stabilisateur ou dangereux des institutions de sécurité reste un débat central de la théorie des relations internationales. Marqué par les nouveaux éléments empiriques : évolution de l'ONU, fin de la Guerre Froide il se poursuit toujours, pouvant être illustré par deux articles publiés dans International Security, une des principales revues de relations internationales animée par le courant réaliste. Le premier, The false promise of international institutions (1994) est de John J. [...]
[...] Présentation de l'état du débat théorique sur le rôle des institutions de sécurité dans les relations internationales John J. Mearsheimer, "The false promise of international institutions", International Security, Vol Winter 1994-95, pp. 5-49. David A. Lake, "Beyond anarchy - The importance of security institutions", International Security, Vol Summer 2001, pp. 129-160. [...]
[...] En effet, si les Etats créent les institutions pour servir leurs intérêts, ces mêmes institutions influencent et canalisent le comportement des Etats. Afin d'augmenter leur sécurité ou de contenir les dangers liés aux velléités d'un Etat révisionniste, ils peuvent augmenter leur pouvoir en ayant recours à la coopération avec d'autres Etats; et ce pouvoir peut être plus ou moins accru selon le type d'institution: alliance, protectorat ou empire. Ainsi pour Lake les institutions de sécurité ne sont pas le reflet de la distribution du pouvoir dans le monde, mais au contraire elles affectent les rapports de puissance et donc ont des effets sur la politique internationale. [...]
[...] I - B - Opposition sur le problème de la puissance Pour le courant réaliste les institutions ne font que refléter les rapports de puissance existant déjà entre les Etats. Une réelle coopération inter-étatique est inaccessible car elle est forcément entravée par la logique dominante des relations internationales: la rivalité entre les Etats dans leur quête de sécurité. Cette affirmation découle des cinq postulats principaux de la théorie réaliste que rappelle Mearsheimer : le système international est anarchique: il n'y a pas de gouvernement au-dessus des Etats, les Etats possèdent une capacité militaire offensive et sont donc potentiellement dangereux, un Etat ne peut jamais être certain des intentions des autres Etats, sa principale préoccupation est d'assurer sa survie: maintenir sa souveraineté, et cette survie est envisagée en termes stratégiques et rationnels. [...]
[...] Sortant du débat "néo-néo", Lake introduit dans son article "Beyond Anarchy" le facteur de variation dans les institutions de sécurité, afin de mieux en saisir l'impact dans les relations internationales. II - Au delà du débat: de nouvelles approches II - A - Les institutions hiérarchiques Pour Lake, les courants institutionnalistes néo-réalistes et néo- libéraux sont tous deux aveuglés par leur affirmation commune selon laquelle toutes les relations importantes au sein du système international seraient anarchiques. Les relations internationales sont en fait un système varié composé de toute une gamme d'institutions, certaines anarchiques (c'est-à-dire respectant la souveraineté des Etats), d'autres hiérarchiques (avec une instance supranationale), et ces dernières sont plus efficaces car elles influencent plus grandement le comportement des Etats que les institutions anarchiques. [...]
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