Parmi les nombreux axes de la politique extérieure du Président, s'il en est une particulièrement flagrante et marquée, c'est la politique arabe.
Nous essaierons donc de décrire les grands axes de cette politique, notamment en étudiant le discours fondateur du 8 avril 1996 à l'Université du Caire, après avoir essayé d'en déceler les sources, à la fois dans la tradition gaulliste, mais aussi en remontant aux anciens dirigeants français.
Nous tenterons de donner les raisons d'une telle politique avant d'entrevoir les évolutions possibles...
[...] Alors que Guy Mollet avait fourni à Israël son premier réacteur nucléaire, Chirac fournit à Bagdad le complexe Osirak, appelé ironiquement "Ochirac". Au début des années 1980, peu de personnes avaient une si haute opinion de Saddam; Mitterrand était beaucoup plus réservé à son égard et il hésita longtemps avant de livrer des avions Super-etendar en 1984 à l'Irak, de peur que l'équilibre entre arabes et israéliens ne soit trop bouleversé. C'est par un subterfuge juridique que les avions furent vendus à l'Egypte qui les rétrocéda à Bagdad. [...]
[...] N'oublions pas que la France a menacé d'user son droit de veto contre une résolution permettant aux américains ou britanniques de mener une guerre contre l'Irak. Chirac sait qu'il a la rue arabe avec lui et que cette même rue devient hostile aux américains adeptes du deux poids, deux mesures et du soutient inconditionnel à Israël alors que la situation dans les Territoires se détériore. Un autre facteur à évoquer est que Paris voit dans la déstabilisation des pays au Maghreb ou au Machrek une menace pour la sécurité intérieure. [...]
[...] Contrastant avec la venue historique et le discours de M. Mitterrand à la Knesset en 1982, le nouveau président s'en prend aux soldats israéliens et exige leur départ de l'église Saint Anne. Geste hautement symbolique qui lui vaudra, quelques temps plus tard d'être acclamé par la foule lorsqu'il inaugure la rue Charles de Gaulle au Caire, de la même façon qu'il a été acclamé en Algérie après ses prises de position contre une intervention en Irak. Pour résumer, l'on peut affirmer que les deux épicentres de la diplomatie française sont l'Egypte pour le Machrek et l'Algérie, comme on le verra, pour le Maghreb, en raison de leur position dominante, économique, démographique, historique et géopolitique, dans ces deux ensembles. [...]
[...] Un an plus tard, Bachar fait une visite officielle à l'Elysée et est conclue toute une série d'accords de coopération. Comme l'a dit le quotidien libanais Al Safir en 1996, Chirac est décidemment l'Homme de l'année. En 2002, le Président prit la décision de tenir le Sommet de la francophonie à Beyrouth. C'était la première fois que cette rencontre se tenait en terre arabe. Signalons que l'organisation était alors présidée par M. Boutros-Ghali, un égyptien et qu'elle l'est depuis par Abdou Diouf, une grande personnalité musulmane africaine. [...]
[...] Nul besoin de rappeler que les liens entre le Liban et la France sont très anciens et très étroits; ils peuvent remonter aux croisades, et l'Eglise maronite jouit à Paris d'un prestige indéniable. Après la guerre et les accords de Taëf en 1989, l'axe Paris-Beyrouth doit pour beaucoup à la personnalité d'un homme, Rafic Hariri, le Premier ministre. Or, ce poste est dévolu à un sunnite, traditionnellement anti- français, alors que le poste de Président est dévolu à un chrétien maronite traditionnellement profrançais. Mais M. Hariri va changer la donne par rapport au Président M. Lahoud, pro syrien. Des liens d'amitié, réels depuis les années 80, existent entre MM. [...]
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