Politique africaine de la France, africains, stratégie française, Sarkozy, stratégie française
« L'ancien modèle de relations entre la France et l'Afrique n'est plus compris par les nouvelles générations d'Africains, comme d'ailleurs par l'opinion publique française, il faut changer le modèle des relations entre la France et l'Afrique si l'on veut regarder l'avenir ensemble ». Par cette déclaration prononcée au Cap le 27 février 2008, le Président Sarkozy réaffirmait sa volonté de réformer la politique africaine de la France – que l'on entendra comme la stratégie française en Afrique sub-saharienne. Cependant, si cet engagement n'est pas nouveau, notamment à partir du discours de la Baule de François Mitterrand en 1990, la stratégie française en Afrique se distingue davantage par sa continuité que par ses évolutions au cours des trois dernières décennies. Le discours controversé de Dakar du 26 juillet 2007 – dont on retient surtout la référence à « l'homme africain » qui ne serait pas entré dans l'histoire – illustre par les mots cette résistance au changement.
[...] Ces nouvelles orientations définies pour la politique africaine de la France ne commencent véritablement à se traduire par des efforts de modernisation de ses méthodes qu'avec le Premier ministre Lionel Jospin. En 1998, une décision symbolique est prise avec la réforme du Ministère de la Coopération intégré au Ministère des Affaires Etrangères et Européennes. De même, la stratégie militaire est renouvelée : si la France a considérablement réduit le nombre de ses effectifs stationnés sur le continent (environ 8000 hommes), elle fait le choix, à partir de 1997, de renforcer les « capacités africaines de maintien de la paix » (RECAMP) selon le principe de la « sécurité de l'Afrique aux Africains ». [...]
[...] De la rupture à la continuité : une rupture « de façade », trouvant peu de résonnances de fond Le discours de Cotonou sur lequel s'appuient les premières avancées en matière de transformation s'est cependant rapidement retrouvé éclipsé par celui de Dakar du 26 juillet 2007 qui ne parviendra jamais véritablement à se faire oublier même après celui du Cap du 28 février 2008. Ce discours, qualifié de provocateur, suscite des réactions virulentes telle que celle du collectif d'une vingtaine d'intellectuels africains qui répond à ce discours par le titre L'Afrique répond à Sarkozy. [...]
[...] On constate ainsi les fortes résistances de la politique africaine de la France au changement, malgré les diverses annonces de rupture et les nombreuses critiques qu'elle suscite. De plus, l'influence française en Afrique, qui s'était affirmée en « troisième voie » durant la guerre froide, n'a plus les moyens de ses ambitions tandis qu'elle se retrouve en compétition avec d'autres grandes puissances ; des puissances extracontinentales, et en premier lieu les Etats-Unis (disposant également d'une base mili-taire d'importance à Djibouti) et surtout la Chine dont l'influence croissante sur le continent a favorisé l'émergence du thème de la « Chinafrique » (voir FT sur le sujet, séance ou continentales avec le Nigéria et l'Afrique du Sud notamment, en concurrence pour la prise de leadership sur le continent. [...]
[...] Les obstacles au changement se montrent résistants et persistants tandis que la France semble amorcer son désengagement progressif du continent africain Dans son discours de La Baule, le Président Mitterrand, anticipant les réactions des dirigeants africains, a tempéré ses propos en réaffirmant les marges de manœuvre dont disposent les chefs d'Etat pour l'atteinte de ces nouveaux objectifs de démocratisation : « A vous peuples libres, à vous Etats souverains que je respecte, de choisir votre voie, d'en déterminer les étapes et l'allure ». Ce travail de nuance sera repris lors des sommets de Chaillot (1991) et de Biarritz (1994). Cependant, cela n'empêche pas une forte réaction dans les anciennes colonies. [...]
[...] Au-delà des mots, peu de transformations semblent avoir été apportées à la politique africaine de la France. En ce qui concerne les « réseaux occultes » et la diplomatie informelle, le Président Sarkozy compte dans son entourage de nombreux « anciens » tels que Patrick Balkany, Georges Ouégnin et surtout Robert Bourgi qui déclarera par exemple à la mort de Omar Bongo – avant de se faire écarter par Alain Juppé en septembre 2011 : « au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgi, c'est Ali Bongo. [...]
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