Fiche de relations internationales, questions internationales en PREP ENA: L'ONU et le maintien de la paix : gendarme ou alibi ?
-Après les idées de paix du 18ème siècle (Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, de l'abbé de Saint-Pierre de 1713 au projet de Kant, Projet philosophique de paix perpétuelle, en 1795) et l'échec de la SDN, naît en 1945 avec l'ONU l'idée d'un système contractuel de sécurité collective qui repose sur le principe de l'interdiction du recours à la force (art 2 § 4). Ce système suppose l'existence d'un policier indépendant pour le contrôler : la charte confie au Conseil de sécurité ce rôle de gendarme international en le rendant dépositaire de la force légitime au niveau international. Selon René-Jean Dupuy, avec la mise en place d'une gendarmerie internationale l'objectif n'est plus « la paix par le droit, mais la paix par la police des Grands ».
[...] (Retour à l'idée d'armée mondiale par la crise du Koweït en 90-91 : Agenda pour la paix préconise la création d'entités d'imposition de la paix fournies par les Etats membres distinctes des forces du Chapitre VII et de celles des opérations de maintien de la paix ; création d'une force de réaction rapide proposée en 1995 (Supplément à Agenda), concept de brigade multinationale d'intervention rapide des forces en attente des Nations Unies lancé en 1996, idée reprise par le Rapport Brahimi d'août 2000 qui préconise la mise sur pied par des groupes d'Etats de forces multinationales de la taille d'une brigade (4000 hommes) dotée d'une interopérabilité importante). -Les casques bleus ne sont en rien l'armée de l'ONU, car ils ne sont pas aptes à faire la guerre, mais conçus pour faire respecter des armistices que les belligérants sont prêts à respecter. Les rares fois où il sont engagés dans de vraies opérations militaires (Congo belge 1960-64, Somalie 92-94,en Bosnie-Herzégovine 92-95) se sont soldées par des échecs (armes légères, pas d'ennemi, opérations défensives, instructions contradictoires résultant des tractations au sein du Conseil de sécurité). [...]
[...] De nombreuses crises (Koweït en 1990-1991; Somalie 1992-1994, Bosnie-Herzégovine, Kosovo (Déclaration de l'OTAN le 24 avril lui confère une vocation mondiale) confirment la soumission de l'ONU à la politique américaine par l'acceptation du transfert officiel de la responsabilité de la sécurité collective de l'ONU à l'OTAN et pratiquement au seul Gouvernement américain. Le maintien de la paix comme alibi pour la non intervention militaire : Pour Ghassan Salame, le déploiement de forces onusiennes de maintien de la paix , simples témoins de la cessation des hostilités est le signe d'une décision de non-intervention militaire. L'ONU apparaît alors comme un alibi transparent à une non-intervention de ces mêmes grands. [...]
[...] Sa voie d'action va devenir celle des opérations de maintien de la paix, (entérinées par l'avis de la CIJ en 1962 sur certaines dépenses obligatoires des Nations unies) la création d'organes subsidiaires qui peuvent développer leurs activités sur les territoires étatiques, avec le consentement de l'Etat hôte. Les opérations de maintien de la paix ont été inventées pour se substituer à la sécurité collective, dont l'usage est raréfié par le droit de veto, consistent en l'envoi de Forces de Nations unies (casques bleus), dans une zone de belligérance, avec une mission par nature pacifique de stabilisation. [...]
[...] Conclusion : L'ONU, quel rôle dans le maintien de la paix ? - Maurice Bertrand : En ce début du XXIème siècle, la situation de l'ONU dans le système de sécurité mondial est loin d'être clairement définie Pour Pierre Hassner Une force de l'ONU qui se borne à se protéger elle- même sans y parvenir, risque de servir surtout d'alibi. Mais une ONU qui déciderait souverainement des menaces à la sécurité et des moyens d'y faire face, ne serait pas loin de constituer un Gouvernement mondial. [...]
[...] -De plus en plus dépossédée de son rôle en matière de sécurité collective (OTAN) et les Chapitres VI et VII de la Charte perdant de leur actualité, l'ONU n'est donc pas devenue et n'est pas prête à devenir un gendarme planétaire, mais constitue un club où les affaires du monde se décident (Glaser) Certains soulignent d'ailleurs la nécessité de définir un nouveau système de sécurité internationale, en tenant compte de des potentialités européennes . - Néanmoins, à l'heure actuelle, l'Assemblée Générale par son universalité et le Conseil de sécurité par sa capacité de prendre des décisions qui s'imposent aux Etats sont des lieux essentiels de pouvoir, et demeurent la seule source internationale de légitimité Bibliographie Maurice Bertrand, L'ONU, La Découverte Maurice Bertrand, L'ONU et la sécurité à l'échelle planétaire Politique étrangère, 2/2000, pp 375-387 Pierre-Edouard Deldique, Le mythe des Nations unies, L'ONU après la Guerre froide, Hachette Emmanuel Glaser, Le Nouvel ordre international, Hachette Pierre Hassner, La violence et la paix, de la bombe atomique au nettoyage ethnique, Points essais, Le Seuil Philippe Moreau Defarges, La communauté internationale, Que sais-je P.U.F Philippe Moreau Defarges, L'ordre mondial, Collection U Armand Colin David Malone, Le Conseil de sécurité dans les années 90 : essor et récession ? [...]
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