Le livre paraît exactement un an après les attentats qui ont visé New York et Washington et causé la mort de plus de 3000 victimes civiles, ce qui est moins, de la part de l'auteur, une opération marketing qu'une action symbolique. En effet, contrairement à ce que laissait présager les déclarations, notamment européennes, dans les jours qui suivirent les funestes attentats, où l'expression commune de la solidarité prit la forme d'un « Nous sommes tous Américains » aussi touchant qu'hypocrite, l'état de grâce des Etats-Unis ne devait durer qu'un temps ! Ben Laden, souligne l'auteur, peut d'avoir déclenché « l'une des plus fortes vagues d'anti-américanisme qu'ait connues le monde depuis cinquante ans », selon le vieil adage : Il n'y a pas de fumée sans feu ! Dès les jours qui suivirent l'effondrement du World Trade Center, et passé l'instant de la première émotion et des condoléances de pure forme, nombreux furent les journalistes et même certaines figures politiques éminentes qui envisagèrent les actes terroristes du 11 septembre « comme une juste réplique au mal que feraient les Etats-Unis dans le monde » : en tant qu'icônes du capitalisme économique moderne et donc de la mondialisation, les Américains sont en effet tout à la fois responsables de la pauvreté en Afrique, de la dégradation de l'environnement, de la tension au Moyen-Orient...
[...] C'est donc sans surprise que son dernier livre, l'Obsession anti-américaine, s'est dès sa sortie classé au tout premier rang des best-sellers. Il y reprend l'un de ses thèmes récurrents, à savoir l'anti-américanisme délirant et obsessionnel, non seulement des intellectuels de gauche, mais également de la vieille droite française et européenne : en effet, alors que l'anti-américanisme de gauche s'éclaire à la lumière d'une ultime résurgence des vieilles théories marxistes qui ont pendant un demi-siècle formaté les cerveaux européens l'anti- américanisme de droite s'entend plutôt comme une forme de rancœur, de haine à l'égard d'une superpuissance américaine dont l'émergence ne signifie rien d'autre que l'échec et la déchéance des empires européens. [...]
[...] De plus, la pauvreté persistante dans certains pays d'Afrique notamment est bien plus souvent l'œuvre de détournements à des fins personnelles opérés par les régimes dictatoriaux en place, que le produit d'une prétendue négligence américaine, les Etats-Unis faisant bénéficier l'Afrique d'une sorte de plan Marshall permanent depuis 40 ans ! Enfin, ce n'est certainement pas servir la cause des pays du Tiers-monde que de réclamer la fin de la libéralisation des échanges quand on sait que ce que demandent les pays pauvres, c'est justement un plus libre accès de leur produits, notamment agricoles, au marché des plus riches. [...]
[...] Les Européens sont libres de se désolidariser des Etats- Unis, mais ils ne proposent eux-mêmes aucune solution pour parer au danger terroriste et à celui de la propagation des armes de destruction massive. Car répéter comme ils ne cessent de le faire qu'il faut recourir à une solution politique, c'est brasser du vent Déclarant ainsi forfait, qu'ils ne viennent pas ensuite maugréer contre l'unilatéralisme de la diplomatie et de la stratégie américaine, poursuit l'auteur. L'intention première de Revel fut à travers son ouvrage de réhabiliter une vérité trop souvent occultée par la haine, la jalousie et l'ignorance. [...]
[...] Et alors que l'application aux Etats-Unis de la doctrine tolérance zéro a provoqué en Europe le soulèvement des principales associations de défense des droits de l'homme, son application, en France notamment (dont le président Chirac avait repris texto la formule) n'a suscité que de faibles protestations de pure forme. De même, souligne l'auteur, il faut être d'une mauvaise foi à toute épreuve pour soutenir que les Américains sont dépourvus de toute protection sociale, quant on connaît le succès des programmes tels que Medicaid et Medicare, qui couvrent gratuitement les dépenses maladies non seulement des personnes démunies mais aussi des retraités ! [...]
[...] Autrement dit, ils demandent plus et non pas moins de mondialisation ! A propos de la prétendue américanisation du monde, de la fin de la si célèbre et tant célébrée exception culturelle résultat présenté par les auteurs qui en fomentent la thèse comme intrinsèque au processus de mondialisation, Revel objecte que c'est au contraire la libre circulation des œuvres et des talents qui permet à chaque culture de se perpétuer tout en se renouvelant. L'isolement n'engendre que la stérilité Contrairement à ce qu'a dit Jacques Chirac, la mondialisation n'est pas le laminoir des cultures : elle en est, elle en a toujours été le principe fécondateur ! [...]
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