De fait, la mondialisation économique et la fragmentation politique sont les deux faces d'un même phénomène, celui qui remet en cause l'État-nation tel qu'il était auparavant conçu, acteur essentiel des relations internationales. L'individu et les sociétés reprennent ainsi à l'État ce qui était son apanage, réel ou pas, et se réorganisent selon des schémas qui ne sont pas absolument nouveaux, mais dont l'application n'avait jamais aussi été poussée jusqu'à son terme. En effet la mondialisation n'affecte pas seulement l'économie et la culture mais aussi la politique et la manière de vivre la démocratie. Ainsi, si les anciennes structures se voient contestées à la fois par la fin des États tels qu'ils étaient hérités du XIXè siècle et par la montée des mouvements transnationaux, une recomposition s'opère, qui voit l'avènement de nouvelles formes de communautés mais aussi de nouveaux rapports d'exclusion...
[...] Ceci eut son importance lorsque la Croatie puis la Slovénie déclarèrent leur indépendance : elles possédaient déjà chacune des milices importances, pratiquement des armées, alors qu'elles n'étaient que des régions non souveraines, les matériels (Mig, chars d'assaut lourds, armes antichar.) ayant été fournis précisément par l'Allemagne, la Hongrie et l'Autriche, lesquels ont donc une responsabilité considérable dans l'éclatement de la Yougoslavie. Enfin, les nouvelles technologies de l'information ne sont pas nécessairement des instruments de fraternisation des peuples. La possibilité de communiquer avec n'importe qui n'est pas univoque. Si les distances s'effacent, si les obstacles linguistiques et culturels tendent à s'effacer sur Internet - notamment grâce aux traducteurs automatiques - réciproquement la notion de proximité n'a plus grand sens. [...]
[...] Le principal mérite de la mondialisation a sans doute été de montrer que les affaires mondiales ne supportaient pas une lecture par trop simple et donc trop réductrice, et en conséquence de pointer le doigt vers tous les mouvements anarchiques et incontrôlables des peuples voulant leur indépendance, des couches de population parties essayer de survivre ailleurs, de cultures qui veulent s'imposer les unes aux autres ou au contraire s'enrichir mutuellement. La société mondialisée n'est pas déstructurée à proprement parler, elle n'est pas fragmentée : cela supposerait qu'elle ait été, ou qu'elle puisse être un jour parfaitement structurée ou unie. La mondialisation a accéléré la diffusion du pouvoir et des moyens d'action et fait ainsi de chacun un acteur potentiel des relations internationales. La recomposition du monde, nécessaire et en cours, dépend donc fortement des valeurs autour desquels s'articuleront les rassemblements de population, de richesse ou de cultures. [...]
[...] La Yougoslavie avait beau être un État artificiel au sens où il était récent, il avait été créé par la volonté des peuples serbe, croates et slovène, unis par une même langue : comme le remarquait le général Gallois dans Bosnia, un musulman bosniaque parle le serbo-croate mais communique difficilement avec un Albanais musulman. L'éclatement de la Yougoslavie était donc le signe d'une faillite de l'État comme force intégratrice des populations, et non la vitalité du modèle national. D'autre part, le modèle étatique se fissure parce qu'il est vécu comme inadapté. [...]
[...] Il s'agit de savoir si la mondialisation pourra, comme elle l'est d'une certaine manière pour les communautés culturelles, un humanisme en matière politique. Ainsi, en 1979, le département canadien de la Défense nationale ainsi que les partenaires de l'OTAN du Canada décidèrent de créer une espace d'entraînement aérien de 100.000 dans le Labrador. L'OTAN utilisa la base aérienne déjà existante de Goose Bay et en 1986 le Canada signa un accord pour dix ans avec l'Allemagne, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, accord prorogé pour dix ans en 1996. [...]
[...] L'État en effet, avec ses attributs régaliens, est indissociable du concept de puissance : l'État ne peut exister que comme puissance dans les relations internationales. De son statut de puissance dépend sa marge de man?oeuvre, sa possibilité de maintenir la paix avec ses voisins, de porter la guerre ailleurs ou au contraire de la subir. Les moyens de la puissance sont variés, géographiques, naturelles, démographiques, technologiques, économiques, sans oublier ce que Clausewitz appelait le moral national c'est-à-dire la cohésion nationale et l'aptitude du peuple à supporter et à soutenir la politique de ses dirigeants. [...]
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