« La mondialisation impose un modèle dont les peuples ne veulent pas » : voilà l'idée que Daniel Cohen va contester tout au long de son ouvrage. Selon lui, alors qu'il est facile d'être spectateur de la mondialisation actuelle, il est au contraire difficile d'en devenir acteur. L'économie mondiale crée un divorce entre l'attente qu'elle fait naître et la réalité qu'elle fait advenir. Comprendre la mondialisation aujourd'hui exige que l'on renonce à l'idée que les pauvres exploités par la mondialisation. C'est parce qu'elle n'advient pas, et non parce qu'elle est déjà accomplie, que la mondialisation aiguise les frustrations...
[...] Cela explique en partie que les richesses soient concentrées vers certains pôles de croissance. Si les écarts persistent, malgré l'avantage économique que constitue le faible coût de la main d'œuvre, il existe une raison culturelle : selon les travaux de Grégory Clark sur la filière textile indienne, les revendications salariales dans les pays du Sud sont illégitimes et ne font pas évoluer le capitalisme (modèle imposé par les colons, repris par les populations devenues indépendantes). Dès lors l'ouvrier n'augmente pas sa productivité (en travaillant sur deux machines plutôt qu'une). [...]
[...] C'est faute d'avoir saisi l'importance des aspirations ouvrières que le capitalisme indien a raté le coche de l'histoire. La nouvelle économie monde Daniel Cohen décrit ensuite les caractéristiques l'économie mondiale actuelle. Le nouveau commerce international, consacrant la place centrale des Etats- Unis et la révolution Internet, est une affaire de pays riches et est même un commerce de voisinage, contrairement au schéma du début du XXe siècle, selon lequel le commerce s'opérait entre pays lointains et dissemblables. En réalité, si la mondialisation occupe les esprits, c'est avant tout parce qu'elle marque le passage d'une économie industrielle à une économie post- industrielle, caractérisée par une part majoritaire de l'emploi dans le secteur des services. [...]
[...] S'agissant de l'Islam, si celle-ci représente 20% de la population mondiale et seulement de la richesse mondiale, ça n'est pas en raison d'une incompatibilité culturelle. L'idée que les pays à majorité musulmane sont aujourd'hui incapables d'ouverture est tout simplement contredite par les faits. La proximité géographique de centres dynamiques est en réalité plus influente que les modèles religieux. C'est bien plus la nature du régime politique que la religion d'une nation qui influence son développement. La croissance indigène Sont examinés ensuite les moyens dont disposent les pays pauvres pour se développer. [...]
[...] Ce n'est qu'en toute fin de l'ouvrage qu'il aborde les solutions possibles pour lutter contre les inégalités et défendre les biens publics (santé, environnement). La gouvernance mondiale est un enjeu majeur que l'auteur ne fait qu'esquisser. Enfin, une autre question n'est abordée qu'à la marge en toute fin de l'ouvrage : celle des altermondialistes. Face à un ouvrage s'intitulant la mondialisation et ses ennemis le lecteur peut légitiment s'attendre à ce qu'une analyse sur les débats d'acteurs soit faite, ou du moins à ce qu'un tableau des différentes catégories d'opposants à la mondialisation soit brossé. [...]
[...] Dans ce contexte, Daniel Cohen montre qu'un pays ne peut pas compter sur la seule division du travail pour prospérer, la seule production matérielle n'ayant que peu de valeur. Pas plus qu'hier l'industrialisation des pays riches n'était responsable de la pauvreté du tiers-monde, la désindustrialisation des premiers ne créera à elle seule demain la prospérité des seconds. Pour se développer, un pays doit devenir à son tour un centre, un lieu dense de conception et de consommation. Le choc des civilisation ? Daniel Cohen se penche ensuite sur les différences culturelles qui pourraient exister entre les nations. [...]
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