La MD représente donc une évolution majeure de la configuration stratégique mondiale. Elle offrira aux États-Unis un avantage stratégique absolu et pour ainsi dire permanent. Les réticences qui ont donc entouré la décision de l'administration Bush d'un bouclier étoffé traduisent cette crainte d'un fossé technologique croissant entre les États-Unis et le reste du monde leur assurant une suprématie durable. Pour autant, la participation au projet américain vaut mieux que sa contestation stérile. En effet, comme le rappelait J. Fischer, « même si nous étions contre, même si tous les pays étaient contre, les États-Unis pourraient en décider ainsi, en vertu de leur force et de leur potentiel. »...
[...] Le schéma retenu est beaucoup plus léger que l'IDS puisque les capacités du bouclier sont uniquement terrestres et limités à une centaine d'intercepteurs. L'adoption de ce projet a permis d'accélérer la recherche et les essais en particulier du véhicule d'impact l'EKV (Exoatmospheric Kill Vehicle) et les capacités d'alerte et de surveillance. Néanmoins la NMD était limitée à la seule protection du territoire américain, et non de ses alliés. Par ailleurs, la décision de la poursuite du projet et d'un premier déploiement a été suspendue par le président Clinton alors en fin de mandat. [...]
[...] Si celui-ci dispose en effet de capacités balistiques et d'armes de destruction massive, il peut avoir recours de cet arsenal pour repousser les États-Unis ou leur infliger des dommages inacceptables. La Missile Défense devient alors utile pour sortir de cette menace. Elle acquiert donc un intérêt majeur non plus dans une vocation défensive, mais dans une stratégie offensive, par exemple contre des États voyous. L'existence de cette protection doit permettre au président des États-Unis des options plus variées, dont l'attaque préventive. [...]
[...] En effet, la MD intègre une dimension internationale. En premier lieu, les États-Unis ont décidé de consulter non seulement leurs alliés (en particulier de l'OTAN) mais aussi les principaux pays intéressés par les implications stratégiques de la MD (Russie et Chine). Les États-Unis envisagent également la participation d'industries étrangères au développement de certains éléments de la MD et ont donc noué des contacts avec des entreprises européennes (EADS, BAe, Thalès). Mais c'est surtout d'un point de vue stratégique que la dimension internationale est la plus importante. [...]
[...] Les premiers projets de systèmes antimissiles remontent ainsi aux années 1950 (systèmes balistiques à charge nucléaire). Cependant, à partir des SALT (Strategic Arms Limitation Talks), les États-Unis et l'URSS ont défini techniquement les différents systèmes antimissiles balistiques dont le développement est limité par le traité ABM de 1972. En effet, afin de maintenir une destruction mutuelle assurée et donc un équilibre stratégique entre les deux puissances, le traité ABM limite le développement et le déploiement de ces intercepteurs et prohibe certains types de vecteurs antimissiles. [...]
[...] De plus, la Russie est directement exposée aux menaces balistiques de pays comme la Chine, l'Iran, l'Inde et le Pakistan et ne souhaite pas voir de sanctuarisation agressive des pays voisins. La Chine La réaction de la Chine au projet américain de MD ne s'est pas fait attendre. La Chine poursuit le développement de ses capacités balistiques et nucléaires. En effet, la Chine ne dispose que d'une force nucléaire élémentaire (missiles sol-sol) et limitée quantitativement. Elle perdrait donc beaucoup au déploiement de la MD. [...]
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