Enfin c'est aussi l'attitude des organisations internationales et des pays développés à l'époque –notamment de la Banque Mondiale- à l'égard du Tiers Monde qui semble voir motivé la rédaction de ce livre. L'échec de nombreuses politiques de développement a fait grandir le sentiment d'une responsabilité occidentale, et les acteurs internationaux font preuve, dans les années 70, d'un certain activisme dans l'aide au Tiers Monde. Il est intéressant de noter que la critique des organisations internationales, par rapport aux reproches qui leur sont adressés actuellement, vient alors de l'autre côté de l'échiquier politique, ce qui incite à la prudence quant aux affirmations définitives sur le rôle joué par celles-ci...
[...] La responsabilité occidentale dans le sous-développement du Tiers Monde est un thème récurrent des organisations internationales comme des chercheurs et des penseurs occidentaux. Pourtant les relations économiques entre deux pays ne sont pas un jeu à somme nulle : l'amélioration de la situation d'un pays ne se fait pas nécessairement au détriment de l'autre, il n'y a pas de conflit d'intérêt intrinsèque, inévitable. En l'occurrence, les relations économiques des pays du Tiers Monde avec des pays développés, même plus puissants qu'eux, se font aussi à leur profit. [...]
[...] L'auteur s'étonne ici des erreurs et des légèretés commises par des économistes de renom au moment d'analyser les problèmes de développement. Des éléments bien maîtrisés par ailleurs de la théorie des prix, des effets d'offre et de demande, des éléments de base de la théorie économique (par exemple, la prise en compte des coûts d'opportunité d'un investissement, c'est à dire des utilisations alternatives des ressources, auxquelles on renonce) sont curieusement ignorés. Commentaire Au-delà du ton, délibérément polémique, et de l'idéologie, omniprésente, comme bien souvent chez les auteurs qui la reprochent à leurs opposants, c'est la critique de quelques idées sur le développement acceptées sans avoir passé l'épreuve du débat qui fait l'intérêt de l'ouvrage. [...]
[...] De plus la politique de beaucoup de gouvernements fait manifestement obstacle à cette réussite. Pour Bauer, le retard africain au milieu de ressources naturelles abondantes est la preuve que le progrès matériel dépend avant tout des qualités individuelles et d'un cadre institutionnel approprié Philanthropie tentaculaire La légitimité de l'aide à l'étranger est généralement tenue pour allant de soi. Pourtant ses effets attendus se produisent rarement, et des effets pervers apparaissent fréquemment. L'aide n'est pas nécessaire au développement économique de ces pays. [...]
[...] Cependant tous ces arguments, s'ils semblent de bon sens Ses arguments n'ont jamais un caractère trop technique annonce la quatrième de couverture) et peuvent aider à lever certains des obstacles qui s'opposent au développement, se fondent sur des postulats contestables. Il semble acceptable de dire que le progrès matériel se fonde sur les qualités et les motivations individuelles des individus, ainsi que sur les institutions qu'ils ont mis en place. Mais ces qualités individuelles ne sont pas une donnée inhérente à des peuples ethnies, par ailleurs très différents. [...]
[...] Enfin cette aide est censée faire face à un problème de développement. Or un problème social consiste en la contradiction entre une norme et la réalité sociale. En l'espèce, parler d'un problème de développement ne vient que du fait que l'on applique à la réalité des pays sous-développés une norme occidentale de développement, elle-même issue d'une idéologie du progrès matériel largement absente dans les pays du Sud Fondrières de la stabilisation Les politiques de stabilisation, qui ont pour but de garantir la stabilité des prix, et par là une plus grande prévisibilité et une plus grande rationalité dans l'évolution des prix sur les marchés intérieurs ou mondiaux, ont elles aussi nombre d'effets négatifs. [...]
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