Les médias n'ont que peu évolué durant le règne de Ben Ali, ceux-ci étant règlementés d'une main de fer par le ministère de la Communication tunisienne. Pendant 23 ans, le gouvernement a possédé la première chaine télévisée « Tunis 7 » et diffusait à longueur de journée le compte-rendu de l'activité présidentielle (mise en scène des visites et déjeunés d'affaires surjouées…). Cet agenda faisait aussi l'actualité principale des radios et des journaux écrits le lendemain. Par exemple, un reportage télévisé ventant la culture du président a été spécialement réalisé lors de la visite de celui-ci au salon du livre tunisien en 2010. De même, tous les journaux et radios relataient tour à tour cette visite, ne lésinant pas sur les flatteries et autre superlatifs pour désigner le président.
[...] Peu de Tunisiens prenaient le risque de les partager publiquement. En effet, le régime a affirmé que le ministère de l'Intérieur aurait repéré tous les profils qui partageaient des vidéos et qu'ils seraient arrêtés pour leurs actes. En plus de ces rumeurs, Ben Ali essaie de faire passer les manifestants pour des criminels en diffusant des mises en scène de personnes cagoulées effectuant un délit (casses, braquages, Ces ripostes étant un échec, il promet plus de liberté, mais les Tunisiens ne sont plus dupes et commencent à développer un sens critique des médias. [...]
[...] Les médias en Tunisie Après le 14 janvier 2011, tout restait à faire. Un an et demi plus tard, c'est encore largement le cas ! En Tunisie le printemps arabe n'a pas suffi pour faire éclore les fleurs de la liberté d'expression. Pour expliquer ce phénomène, il faut retracer l'histoire de l'utilisation des médias, du commencement de la dictature à nos jours. Les médias n'ont que peu évolué durant le règne de Ben Ali, ceux-ci étant règlementés d'une main de fer par le ministère de la Communication tunisienne. [...]
[...] Par exemple, lorsqu'un Tunisien s'immole par le feu le 17 décembre 2010, la première manifestation est directement organisée via Facebook dès le surlendemain. Les Tunisiens ont désormais pleinement conscience de ce qu'il se passe et ne peuvent plus fermer les yeux. La colère gagne progressivement les zones périphériques puis les grandes villes, provoquant un débordement dans les rangs de la police qui abandonne la répression faute de moyens. Dans un premier temps, les vidéos de ces conflits s'échangeaient surtout par messages privés. [...]
[...] Un remaniement global des médias tunisiens est donc nécessaire pour arriver à une liberté d'expression optimale, car ceux-ci sont encore marqués par le régime précédent. Mais cette révolution ne sera pas non plus possible si le gouvernement actuel continue à emprisonner la liberté d'expression et d'information. Les Tunisiens se sont battus pour leur liberté, mais se retrouvent aujourd'hui comme piégés, car cette liberté tant espérée est encore bafouée malgré un vote démocratique. Un an et demi après la révolution, tout reste encore à faire. [...]
[...] Bien entendu, ces nouvelles chaines privées sont tout autant contrôlées et détenues pour la plupart par des proches du président. Une grande partie des Tunisiens, lassés de ce contrôle des médias, ne regardait plus les chaînes officielles de Tunisie. Ils se sont alors tournés vers les médias sociaux. Jusqu'au moment où tout a basculé. Les émeutes en Tunisie de 2010 ont été précédées par des manifestations en 2008 dans la région de Gafsa. La situation sociale d'alors était exactement la même que celle de 2010 (chômage, répression, violence). [...]
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