Ainsi, l'affirmation d'Israël en tant qu'État juif ne peut-elle pas être perçue comme inconciliable avec le caractère profondément démocratique d'Israël ? La réponse dépend du sens que l'on accorde à l'État juif car il peut être entendu soit comme héritage culturel et historique juif garant des valeurs universelles (auquel cas démocratie et État juif ne sont pas antinomiques) soit comme absence de séparation entre religion et État, induisant l'existence d'un pouvoir religieux actif au sein de l'État.
Pour répondre à cette question, il faut revenir sur le choix d'Israël dans la définition de la relation entre religion et État car le sens accordé à l'État Juif en dépend. Dans le cas d'une acceptation religieuse du terme d'État juif, en quoi celle-ci peut-elle représenter une atteinte à la démocratie ?...
[...] Bibliographie - Gershon WEILER, La tentation théocratique, Israël, la Loi et le politique, Calmann-Lévy - Ilan GREILSAMMER (dir.), Repenser Israël, Morale et politique dans l'État juif, Éditions Autrement - Claude KLEIN, La Démocratie d'Israël, Seuil - L'Histoire, Israël, de Moïse aux accords d'Oslo, Éditions du Seuil, mai 1998 - Alain DIECKHOFF, L'invention d'une Nation, Israël et la modernité politique, Gallimard - Jean-Yves CAMUS, Annie-Paule DERCZANSKY, Le Monde juif, Éditions de Milan - Olivier DUHAMEL, Les démocraties, Chapitre sur Israël, Éditions du Seuil Theodor Herzl, L'État des Juifs Ces autorités peuvent aussi gouverner indirectement au travers d'hommes politiques laïcs (principe de la potestas indirecta qui s'imposa avec le déclin du pouvoir papal). [...]
[...] Du fait du statu quo, l'État juif présente l'ambiguïté d'être à la fois universaliste et religieux. Ce dualisme caractérise l'histoire du Peuple juif, déchiré entre le repliement et une profonde aspiration à l'universel. L'État juif universaliste laïc ne porte pas atteinte à la démocratie : le religieux est compris, non pas comme foi envers le divin mais comme ensemble de valeurs universelles, humanistes, démocratiques dans lesquels chacun peut se reconnaître, quelles que soient ses croyances. Spinoza, universaliste "laïc" en interprétant la Bible dans son Traité théologico- politique et en séparant philosophie et foi religieuse a énoncé les règles d'une religion universelle : le Décalogue, héritage juridique hébraïque est devenu une référence universelle. [...]
[...] Israël peut-il être à la fois un état juif et démocratique ? "Nous ne permettrons pas aux velléités théocratiques de nos chefs religieux d'émerger. Nous saurons les cantonner dans leur temple . ils n'ont pas à s'immiscer dans les affaires de l'État". Plus d'un siècle après cette déclaration de Theodor Herzl[1] qui s'exprimait alors sur la place de la religion dans le futur État d'Israël, qu'en est-il aujourd'hui des relations entre l'État et le religieux ? Depuis sa création en 1948, Israël a bâti une démocratie sur des compromis lui permettant d'apaiser les divisions religieux/laïcs, susceptibles de freiner sa construction. [...]
[...] Dans la réalité, le pouvoir religieux est loin d'être compatible avec le caractère démocratique d'Israël malgré la création de garde-fous hérités du Statu quo. Pour certains comme Zeev Sternhell, Israël doit choisir entre la religion et la démocratie. Certes, mais est-ce qu'une "laïcisation" complète de l'État israélien ne donnerait pas à la Nation le sentiment d'être dépossédée d'une partie essentielle de son identité ? La non-séparation État/Religion qui caractérise Israël doit cependant être aménagée de manière à ne plus heurter les sensibilités et à respecter toutes les convictions (croyants comme non-croyants) d'une société de plus en plus diversifiée. [...]
[...] Une conception religieuse de l'État juif, susceptible de porter atteinte au caractère démocratique d'Israël Précisons avant tout que la Démocratie doit être ici prise dans son sens large comprenant à la fois l'égalité entre les citoyens, le respect des libertés fondamentales et la souveraineté populaire. L'Etat juif, "Etat religieux ou État des citoyens normalisé"[3] Du fait de la non-séparation entre religion et État, on pourrait craindre que les autres religions ne soient pas traitées à égalité. En réalité, l'État Israélien se montre soucieux du respect de toutes. [...]
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