"Iran : Comment sort on d'une révolution religieuse?" de Farhad Khosrokhavar

Résumé du document

Dans cet ouvrage « Iran : comment sortir d'une révolution religieuse » les auteurs reviennent sur les étapes qui ont marquées la révolution islamique. Ils en expliquent tout d'abord les causes, puis nous montre comment depuis 20 ans la révolution iranienne a évoluée à partir de la période directement post-révolutionnaire en passant par la mort de Khomeiny jusqu'à l'élection de Khâtami. Après ce rappel historique indispensable, les deux auteurs nous proposent une analyse de la société iranienne d'aujourd'hui. Ils nous montrent comment la révolution islamique qui a voulu rassembler le religieux et le politique a « chamboulé » la société et ses valeurs mais aussi et surtout la religion elle-même. Nous verrons donc comment les iraniens sont maintenant partagés entre les valeurs traditionnelles imposées par la religion et l'influence des valeurs et du modèle occidental qui apparaît comme un refuge au rigorisme islamique...

Extraits

[...] La révolution a eu pour conséquence de transformer le Chiisme en idéologie révolutionnaire. L'attente du dernier messie laissait au pouvoir terrestre c'est-à-dire aux régimes politiques le loisir de dominer les peuples. La révolution islamique, comme le prône Shariati, devait transformer l'attente passive en une attente active de lutte contre les régimes fondés sur l'or, la violence et le mensonge». Le chiisme apparaît comme un mécanisme de libéralisation sociale. Le Chiisme révolutionnaire propose un égalitarisme utopique et une lutte contre les classes dominantes. [...]

[...] A sa mort le 4 juin 1989, c'est une profonde aspiration au changement qui fait jour. Avec l'arrivée à la présidence de Rafsandjani un début de débat et libéralisation apparaît. Mais c'est surtout en 1997 avec l'élection du réformateur Khatami que les choses changent car la personnalité et la légitimité démocratique de ce dernier font qu'il va s'opposer aux principaux détenteurs du pouvoir à savoir le Guide de la révolution et le Conseil des gardiens (qui contrôle l'islamité des candidats et des lois). [...]

[...] En ce sens, la solution que nous présentent Olivier Roy et Farhad Khosrokhavar est celle développée par beaucoup d'intellectuels iraniens notamment laïques (les effendis). Ces cadres laïques très critiqués par le clergé qui les accuse d'être occidentalisé gardent bien présent à l'esprit leur culture religieuse mais ne la vivent plus comme les religieux traditionnels. Pour eux la solution passerait par une sécularisation du religieux, c'est-à-dire une séparation avec le politique afin que le clergé reprenne son indépendance et ne soit plus mêlé aux activités politiques. [...]

[...] Car si la nature du régime est encore discutée, il est indéniable que la révolution religieuse a profondément changé la société iranienne. L'Iran s'est modernisé. L'électrification, l'urbanisation, la croissance démographique et le développement de la société de consommation ont bouleversé les traditions iraniennes. La révolution peut se targuer de trois grands succès : ils sont d'ordre social (les déshérités ont bénéficié de la révolution), éducationnel (campagnes d'alphabétisation, généralisation de l'enseignement gratuit, plus de deux millions d'étudiants - femmes en majorité - dans l'enseignement supérieur) et démocratique (les scrutins de mai 1997, de mars 1999 et de février 2000 se sont déroulés dans la transparence). [...]

[...] Ou bien le nouveau guide était simplement un savant en religion ou bien avant tout un politique. L'élection du Guide Khameyni, jusqu'alors président de la république entérina le choix politique. Le guide fut perçu comme un religieux incarnant les valeurs et l'idéologie de la révolution c'est-à- dire conscient de son temps et des réalités politiques. Ce n'est plus le religieux qui est mis en avant mais la capacité à comprendre et à agir en politique. Le problème c'est que les faiblesses d'un Etat incapable de résoudre les difficultés des citoyens mais où le religieux occupe une place prépondérante ont pour conséquence une critique et une remise en cause de la religion En effet, les auteurs l'affirment clairement, l'Etat islamique est en crise. [...]