C'est en 2000 qu'il écrit Identités et démocratie dans un monde global, ouvrage très riche de sociologie politique dans lequel il tente de répondre aux questions suivantes :
Comment les identités collectives se fabriquent-elles et pourquoi mobilisent-elles si massivement ? La démocratie est-elle incompatible avec le pluralisme socio-culturel ? Les sociétés africaines ou arabes sont-elles irrémédiablement condamnées à l'autoritarisme politique du fait de leur culture ? L'islam est-il réfractaire à la modernité ?
Si l'Afrique située au sud du Sahara est au centre du livre, on distingue cependant une ambition comparatiste plus large : l'Afrique, ne serait que le révélateur et l'amplificateur de dynamiques globales auxquelles le Nord lui-même n'échappe pas. « La leçon ne vaut pas que pour l'Afrique, comme leurs ethnies, leurs religions nous parlent aussi de nous-même »...
[...] Centralité et localité La 2ème partie est tout d'abord consacrée à la dénonciation d'un certain nombre de faux paradoxes liés à la mondialisation. Le parti pris est de considérer que l'Afrique est engagée dans ce processus, en dépit des indices qui attestent de sa marginalisation économique, par le biais de mécanismes officiels (aide au développement, exportation de matières premières) ou officieux (flux migratoires, trafics illicites, réseaux divers . Y est développé ensuite le dynamisme religieux des sociétés subsahariennes. L'universel, le local et les murs Les (faux) paradoxes de la mondialisation Mondialisation et réinvention du territoire sont deux dynamiques complémentaires bien qu'apparemment contradictoires. [...]
[...] Pour l'anthropologie coloniale, il s'agissait de classifier, de différencier les sociétés colonisées des nations européennes et justifier la mission civilisatrice. Pour les culturalistes, le conflit identitaire serait un choc de cultures figées sur elles-mêmes et étrangères par définition aux cultures de la modernité occidentale. Mais si l'ethnie est plus problématique que ne le donnent à penser ces théories, on constate que son étude demeure encore aujourd'hui un tabou en France car elle risquerait de légitimer les particularismes contre la nation. L'ethnie contre la nation ? [...]
[...] Élections et démocratie : une fatalité communautariste ? Critiquer le parti identitaire se justifie, car le vote ethnique ou religieux est porteur d'exclusion d'affrontement et fausse le choix des dirigeants. Or, le vote est souvent motivé par des critères objectifs (recherche de protection ) qui poussent les Africains à soutenir un groupe différent du leur : en 1970 les régions sahéliennes islamisées du Burkinabé ont ainsi voté pour des candidats proches des milieux catholiques. Par ailleurs, les disfonctionnement électoraux africains, comme la fraude, sont hérités des pratiques coloniales et se révèlent relativement banals. [...]
[...] En assurer l'expression la moins conflictuelle possible en repensant l'aménagement des rapports entre droits particuliers et droits collectifs est le défi majeur lancé aux démocraties, anciennes ou naissantes Il n'appartient pas au politologue de dire comment, mais il s'autorise à en appeler librement à l'école de la diversité en espérant que les fils des hommes dont parle la Bible puissent alors, avec leurs différences, recommencer à bâtir la ville nommée Babel. - Commentaires critiques Ce livre est très riche et dense. Il y a beaucoup de références et de citations que l'auteur veut comparer ou confronter sans aucun a priori, positif ou négatif. [...]
[...] Aucune n'est totalement antidémocratique ou démocratique. Certaines sociétés africaines sont traditionnellement anti-autoritaires : dans les royaumes Akan le pouvoir des monarques était limité par des lois non écrites et la destitution de rois n'était pas rare. Cela ne témoigne pas pour autant d'une tradition démocratique africaine. Le mythe récurrent de la démocratie traditionnelle a plutôt servi aux dominants pour asseoir leur pouvoir en le couvrant d'un verni de légitimité populaire. La lutte pour l'indépendance ne fut pas non plus porteuse de démocratie : l'idée nationale, le culte du parti-Etat et l'unanimisme furent érigés en dogmes dans les années 1960 au nom de la construction nationale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture