Le terme Francophonie revêt diverses acceptions. Il renvoie tout d'abord à une réalité objective : l'ensemble des populations parlant le français dans le monde. C'est aussi l'idée, émise en 1880 par l'essayiste Onésime Reclus, selon laquelle ces critères géographiques devaient susciter un sentiment transnational d'appartenance à une même entité culturelle. Le caractère unilatéral de la domination française s'y opposait. La francophonie moderne qui apparaît avec la décolonisation de l'Afrique francophone est donc le résultat d'un processus séculaire d'acculturation forcée fondé sur l'impérialisme linguistique, qui a augmenté le nombre des locuteurs francophones. Les considérations (géo)politiques sont claires : conserver le statut mondial de la France, remis en question avec l'apparition du Tiers Monde, par la promotion de sa langue.
Mais comme le préconise M. Bruguière, ancien rapporteur général du Haut comité de la langue française, une telle politique internationale ne doit pas être " définie et conduite par la France seule mais par la totalité des pays en cause ". Ses détracteurs reprochent à la Francophonie d'être une forme de néocolonialisme plus insidieuse. Mais n'est ce pas un des artisans de la négritude, L. S. Senghor, qui remet à l'honneur ce terme jusqu'alors inaperçu en 1960, dans la revue Esprit , évoquant la volonté collective des pays d'expression française de participer à la même " communauté d'espérance et de destin " ? L'ambiguïté idéologique est évidente.
Le concept de francophonie prend à cette époque une réalité juridique, puisque le terme désigne aussi une organisation intergouvernementale informelle qui s' est progressivement intégrée et élargie.
[...] Les considérations (géo)politiques sont claires : conserver le statut mondial de la France, remis en question avec l'apparition du Tiers Monde, par la promotion de sa langue. Mais comme le préconise M. Bruguière, ancien rapporteur général du Haut comité de la langue française, une telle politique internationale ne doit pas être " définie et conduite par la France seule mais par la totalité des pays en cause Ses détracteurs reprochent à la Francophonie d'être une forme de néocolonialisme plus insidieuse. Mais n'est ce pas un des artisans de la négritude, L. [...]
[...] La Francophonie-organisation internationale est dans les années soixante plus encore qu'une structure informelle : un ensemble d'instances de concertation et de coopération, nées d'initiatives individuelles ou collectives et composée d'associations publiques ou privées (ONG). Quelles sont les étapes de la Francophonie institutionnelle ? En 1960, les nouveaux pays francophones (notamment ceux nouvellement indépendants) créèrent la Confédération des ministres de l'éducation nationale des pays ayant en commun l'usage du français (Confémen). En 1967, l'Association internationale des parlementaires de langue française (A.I.P.L.F.) se constitua à Luxembourg voit la première Conférence des Etats Francophones à Niamey et la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports. [...]
[...] Le sommet francophone regroupe aujourd'hui 52 Etats, avec l'élargissement depuis 1997 à trois pays au statut d'observateur : Albanie, Macédoine et Pologne. Stratégies, enjeux, équivoques de la Francophonie dans le contexte mondial Les phénomènes linguistiques sont-ils assez plastiques pour justifier une politique à leur égard, c'est à dire l'intervention d'un pouvoir -qu'il soit d'Etat, économique ou culturel- destiné à les orienter à son bénéfice ? Autrement dit, le rôle mondial d'une langue peut il relever d'une politique ? Certains, linguistes le nient, qui ont pu observer l'apparition, l'enrichissement ou le déclin des langages, et s'opposent à ce qui pourraient fausser ou compliquer leurs conditions d'expérience. [...]
[...] En 1973 se tient le premier sommet franco-africain à Paris. C'est surtout avec le premier septennat du président socialiste, toujours soucieux de marquer le rang de la France, que le dispositif institutionnel de la Francophonie est structuré davantage et que s'esquisse un véritable " projet francophone qui se dote en 1984 d'un vecteur médiatique, la chaîne câblée TV5. La réunion en 1986 à Paris de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernements ayant en commun l'usage du français, ou " Sommet francophone " rend officielle la dimension politique de la Francophonie. [...]
[...] La volonté politique n'est donc pas dénuée d'efficacité. Reste la question de la légitimité à agir, qui se pose avec acuité en matière internationale. Convient-il que les Etats tentent de séduire ou de forcer la volonté des citoyens étrangers par une sorte d'impérialisme linguistique et culturel ? Pour chacune des principales langues, allemand, espagnol, italien, russe, turc, il existe une politique consciente et active, visant à assurer la défense de sa qualité, le contrôle de son évolution et une place internationale toujours croissante. [...]
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