Au premier abord, il peut sembler étonnant qu'une spécialiste des relations internationales et de diplomatie se penche sur la question des forêts tropicales ; pourtant, quoi de plus mondial que les questions d'environnement ? L'air, l'eau, le climat concernent l'ensemble de la planète. Malgré tout, ces problématiques liées à l'environnement ont du mal à se frayer un chemin vers la scène internationale, plus encore à susciter des décisions ou des textes de loi. C'est ce paradoxe que Marie-Claude Smouts cherche à expliquer dans son livre : Pourquoi le forêt tropicale a été, tout à coup, érigée en question politique au début des années 80 alors que, dès le début des années 50, des botanistes et écologistes avaient déjà signalé qu'elle était en danger de disparition ?...
[...] Pourquoi la protection des forêts tropicales ne parvient dans l'agenda politique des Etats qu'à cette date ? C'est en fait seulement quand les pays industrialisés prennent conscience de l'importance de l'effet de serre et du réchauffement de la planète qu'ils commencent à se soucier de la question des forêts tropicales. Le débat en est donc biaisé et orienté vers un tout autre terrain : non plus la protection de la forêt mais la réduction de l'effet de serre Vers une écopolitique mondiale : enjeux et difficultés rencontrées. [...]
[...] La forêt tropicale se définie en fait par opposition aux zones sèches et arides (Afrique sahélienne) et à la savane herbeuse et pauvre en arbres. Géographiquement, la forêt tropicale se trouve peu ou prou entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne, ce qui correspond majoritairement à des pays en développement (et c'est pour cela que ce sujet nous intéresse ici) ; seulement deux pays industrialisés possèdent des forêts tropicales, à savoir l'Australie et la France (par ses DOM- TOM) On ne peut comprendre l'enjeu que représente les forêts tropicales à l'échelle de la planète qu'en étudiant le phénomène dans une optique de long terme : Au début du XIX° siècle milliards de forêts recouvraient la région des tropiques. [...]
[...] Marie-Claude Smouts étudie dans ce livre les relations entre les différents acteurs des relations internationales à travers la monographie d'un produit de base, le bois des forêts tropicales, ce qui a été beaucoup moins étudié que le café ou le cacao jusqu'ici. Elle décrypte le rôle des Etats, des ONG, des organisations internationales, des multinationales, des experts, des réseaux illicites, etc., dans ce jeu politique planétaire et nous permet de mieux comprendre les rapports de force qui s'y déroulent. Ce thème de la forêt est intéressant, parce que la forêt fonctionne comme un miroir de la société, exprimant des conditions du milieu, les trajectoires et les dynamiques sociales à un moment donné. RESUME 1. [...]
[...] Forêts tropicales, Jungle internationale Les revers d'une écopolitique mondiale AUTEUR ET CONTEXTE Marie-Claude Smouts est directrice de recherche au CNRS et au Centre d'études et de recherches internationales de la FNSP. Elle est spécialiste de la théorie des relations internationales et de la diplomatie internationale. Elle est l'auteur de nombreux livres et articles sur les organisations internationales, les relations Nord-Sud, et la théorie des relations internationales. Parmi ses dernières publications : Les organisations internationales, Paris, Armand Colin Les nouvelles relations internationales, ouvrage collectif, Paris, Presses de Sciences Po Le retournement du monde, Bertrand Badie, 3ème éd, Paris, Presses de Sciences Po Elle enseigne actuellement à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris dans le cadre du programme Science-Environnement-Société (PROSES) et ses recherches portent en ce moment sur les questions internationales d'environnement, comme en témoigne ce livre, publié en juillet 2001. [...]
[...] La forêt tropicale revient dans la négociation mais sous un angle très particulier, sous l'angle de la fonction de puit de carbone, dans une optique de trouver des solutions à l'effet de serre. Ce qui fait objet de débats, au niveau interétatique, ce n'est pas la protection de la forêt, c'est le problème de savoir combien de tonnes de carbone sont puisées dans l'atmosphère chaque année par hectare de forêt. La position des Etats-Unis est particulièrement dénoncée par Marie-Claude Smouts, qui, selon elle voudraient que le moindre brin d'herbe dans leur champ soit considéré comme un puit de carbone et rentre dans le calcul des émissions auxquelles ils ont droit En effet, certains pays grands émetteurs de gaz à effet de serre considèrent qu'il coûterait moins cher d'aider les pays tropicaux à conserver leurs forêts que de contrôler leur propre émission. [...]
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