La formation de diasporas révèle et entretient la crise de l'Etat territorial aujourd'hui. Remise en cause du paradigme réaliste. Crise de l'Etat et développement des diasporas. Les diasporas peuvent être toutefois pour l'Etat un nouvel instrument de puissance. Défense des intérêts nationaux. Projection extra-territoriale
[...] En effet, les diasporas sont directement influencées par les dynamiques étatiques. On peut distinguer différents " scénarios " expliquant la formation de diasporas, de ces réseaux ethniques, religieux ou nationaux. Toute diaspora trouve ici son origine dans la crise de l'Etat qu'elle renforce en retour. Incapacité de l'Etat à assurer la paix : diaspora vietnamienne Difficultés économiques internes : diasporas chinoise, indienne Menaces politiques et militaires : diasporas juive (pogroms, Shoah), arménienne (génocide de 1915-16), tibétaine. Absence pure et simple d'Etat : diasporas palestinienne (avant accords de paix), tsigane, assyro-chaldéénne. [...]
[...] Ces derniers participent alors logiquement au délitement des allégeances citoyennes et de l'autorité étatique. De plus, si la diaspora est attachée à un Etat (patrie), elle reste en théorie hors d'atteinte. Cette indépendance toute théorique est à mettre à l'épreuve des faits. Il semble que l'analyse empirique vienne contrarier cette vision d'un Etat impuissant à contrôler un mouvement dont il est pourtant à l'origine. En effet, les diasporas modifient les relations interétatiques ; elles sont en réalité le " trait d'union " entre pays d'accueil et pays d'origine. [...]
[...] Quelles dynamiques entre les diasporas et les Etats ? I. La formation de diasporas révèle et entretient la crise de l'Etat territorial aujourd'hui A. Remise en cause du paradigme réaliste Les auteurs réalistes tels que R. Aron ont toujours appréhendé l'Etat comme l'acteur clé des relations internationales. Selon eux, toute analyse pertinente ne pouvait donc être que stato-centrée et devait faire appel aux critères conventionnels de puissance et d'intérêt national. L'Etat était l'unique unité de référence, l'élément structurant du système monde (dichotomie interne/externe). [...]
[...] On peut parler dans ce cas de véritable prise de conscience du potentiel politique des diasporas, voire même d'instrumentalisation de ce dernier. En fait, l'Etat a désormais tendance à considérer sa diaspora comme l'extension à l'étranger de sa propre nation. Enfin, la diaspora est généralement à la source d'importants transferts de fonds vers les pays économiquement en difficulté (travailleurs égyptiens dans les Etats du Golfe). Pour certains Etats du Sud, ces transferts peuvent représenter de 10 à 70% du revenu provenant de leurs exportations. Une fois encore, le lien avec la patrie est ici fort et déterminant. [...]
[...] Ceci permet à la communauté de faire entendre sa voix et finalement de défendre ses intérêts. La diaspora dispose de moyens pour influencer la politique de son pays d'accueil (lobbying) dans un sens favorable à la " mère patrie C'est cette relation que G. Prévélakis décrit et analyse sous la forme du triangle Homeland/Diaspora/Host-country. L'Etat d'origine trouve donc dans la diaspora une protection, une assurance de voir ses intérêts pris en charge au niveau international. Le pays hôte, quant à lui, se trouve contraint (politiquement, économiquement) sachant que tout événement est susceptible de mobiliser chaque diaspora présente sur son territoire. [...]
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