Le terme de diaspora, d'origine grecque et signifiant « dispersion », a longtemps été employé pour décrire la dispersion forcée des Juifs dans l'Antiquité. Par extension, il en est venu à désigner toute communauté ethnique dispersée dans le monde entier. Cependant, parler d'une diaspora arménienne semble particulièrement justifié au regard des traits que partagent ces deux peuples: une histoire caractérisée par les migrations spontanées ou forcées, la formation récente d'un Etat indépendant et la persistance d'une diaspora nombreuse et influente. En effet, alors que l'Arménie compte environ trois millions d'habitants, la diaspora serait deux fois plus importante, avec une forte présence en Russie, aux Etats-Unis, en Géorgie, en France, en Iran et au Liban. L'histoire des Arméniens au vingtième siècle illustre de manière emblématique le rapport particulier à l'espace qui caractérise toute diaspora, partagée entre la dispersion et le regroupement national, entre l'exil et l'enracinement territorial.
[...] Martine Hovanessian, Territoires de l'altérité : la diaspora arménienne in Espace Géographique, pp.129-137. Anahide Ter Minassian, La diaspora arménienne in Espace Géographique, pp. 115-128. [...]
[...] Pourtant, le mythe du retour ne disparaît pas. Dans les années 1990, nombreux sont les Arméniens français ou américains qui se rendent en Arménie pour investir. Mais comme leurs prédécesseurs des années 1940, ils déchantent vite. Non rompus aux règles de la bureaucratie, de la nouvelle économie de marché et à la corruption, la plupart perdent leurs investissements et leurs illusions. Aujourd'hui, les cas de retour sont moins nombreux que par le passé. L'attachement des Arméniens à leur mère patrie n'en est pas pour autant affaibli, bien au contraire, mais il se manifeste désormais davantage par une mobilisation communautaire que par une volonté d'émigration. [...]
[...] Par extension, il en est venu à désigner toute communauté ethnique dispersée dans le monde entier. Cependant, parler d'une diaspora arménienne semble particulièrement justifié au regard des traits que partagent ces deux peuples: une histoire caractérisée par les migrations spontanées ou forcées, la formation récente d'un Etat indépendant et la persistance d'une diaspora nombreuse et influente. En effet, alors que l'Arménie compte environ trois millions d'habitants, la diaspora serait deux fois plus importante, avec une forte présence en Russie, aux Etats- Unis, en Géorgie, en France, en Iran et au Liban. [...]
[...] Trois des ministres du Tashnaktsoutyun siègent actuellement au gouvernement arménien. Toutefois, l'impact de la diaspora sur la prise de décision politique du pays reste limité. Plus forte est l'influence des organisations arméno-américaines sur la politique des Etats-Unis. L'Assemblée arménienne d'Amérique et le Comité national arménien d'Amérique, deux lobbies très influents, luttent en faveur de la reconnaissance du génocide de 1915, et pour orienter la politique étrangère américaine dans un sens favorable à l'Arménie. Dernièrement, Ara Aramian, un oligarque russo-arménien, a lancé l'Organisation mondiale des Arméniens. [...]
[...] Mais c'est l'extermination, au printemps 1915, de plus de la moitié des Arméniens de l'Empire Ottoman qui provoque la fuite massive des survivants vers la Syrie, la Perse, le Caucase et les Balkans. La création en 1918 d'une minuscule République d'Arménie - soviétisée dès 1920 ne suffit pas à endiguer les migrations. Dans les années 1920, le gouvernement turc encourage le départ des Arméniens de Turquie, qui migrent vers les pays méditerranéens, la France, les Etats-Unis et l'Amérique latine. La géographie de la diaspora n'a cessé d'évoluer au cours du vingtième siècle, variant au gré des bouleversements politiques. Si, jusqu'en 1939, la diaspora est majoritairement orientale, elle s'occidentalise après la Guerre. [...]
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