Si le propos de cette présentation de la crise nationale belge n'est pas de venir infirmer ou confirmer la thèse d'une Belgique reflet précurseur de la disparition de l'Etat-nation, certaines évolutions observées en Belgique peuvent favoriser partiellement la compréhension de la crise actuelle de l'Etat-nation en Europe et dans le reste du monde
[...] Associée à l'ancienne Hollande au sein des Pays-Bas espagnol puis autrichien au lendemain du traité d'Utrecht, la nation belge conquiert provisoirement son propre cadre étatique à la suite de la révolution d'octobre 1789. La reconquête autrichienne puis l'invasion des armées révolutionnaires françaises font tourner court l'expérience des Etats Belgique-unis. Placée sous l'autorité du roi de Hollande, Guillaume par la Sainte Alliance en 1815, la nation belge se révolte à l'instigation des catholiques (réclamant la liberté d'enseignement) et des libéraux (sollicitant la liberté de la presse) : cette éphémère alliance, l"'unionisme", ouvrant la voie à l'indépendance nationale. Au lendemain de sa création l'Etat-nation belge semble disposer de fondements solides. [...]
[...] La crise nationale belge a eu des implications importantes au niveau politique, culturel et social. Abandonnant sa forme unitaire, la Belgique est devenue une fédération (article 1 : "la Belgique est un Etat fédéral qui se compose des communautés et des régions au sein de laquelle chaque communauté (française, flamande, germanophone) et chaque région (wallonne, flamande et Bruxelles) disposent d'un parlement, élu au suffrage direct et d'un gouvernement responsable devant ce dernier. Trois pouvoirs (national, régional et de communauté) exercent en parallèle leurs prérogatives. [...]
[...] Surtout, la pluralité des langues n'est la source d'aucune division politique : l'article 23 de la constitution proclame la liberté en matière de langue, les élites flamandes parlent français Au gré de flux et de reflux, l'affirmation de la nation flamande, les inégalités économiques, sociales, culturelles ainsi que les grands bouleversements du siècle ont été autant de facteurs de crise nationale De 1830 à 1914, la paix et la prospérité ont favorisé l'affirmation croissante du sentiment national. La division majeure que connaît le pays se situe alors entre les catholiques (essentiellement dans les provinces flamandes et Bruxelles) et les libéraux (en Wallonie). Cependant émerge un mouvement d'abord d'ordre littéraire (redonner du lustre à la langue flamande), puis linguistique (une première grande loi autorise le fonctionnement de la justice pénal en flamand en 1873) qui aboutit à la proclamation de l'égalité des langues en 1898. Le mouvement ne remet néanmoins pas en cause la Belgique. [...]
[...] En un sens, Bruxelles, en sa qualité de ville francophone située en Flandre, constitue également un trait d'union entre les communautés. Culturellement, les communautés s'ignorent presque totalement, chacune possédant ses journaux, ses chaînes de télévision, sans réels échanges. La séparation s'accentue progressivement : les jeunes Flamands privilégiant l'apprentissage de l'anglais à celui du français. Conclusion La Belgique connaît donc actuellement des développements sensibles de la crise nationale dont elle souffre depuis plusieurs décennies maintenant. L'avenir de l'Etat-nation belge s'avère source d'inquiétude. [...]
[...] Les élites dirigeantes, formées par le même système scolaire et fortement attachées à l'unité nationale, vont être progressivement remplacées par des élites ne s'étant jamais côtoyées. L'Union européenne, qui favorise les initiatives échappant au strict cadre étatique, vient à son tour réduire l'influence de l'Etat belge. Cependant la scission, tant de fois annoncée, reste incertaine (de façon paradoxale, les Belges s'affirment de plus en plus attachés au maintien de la Belgique). Cette incertitude sur l'avenir de la Belgique témoigne que la crise nationale, loin d'être achevée, présage de nouveaux développements. [...]
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