Du conflit à la qualification de génocide: illustré par le cas du Darfour, exposé en relations internationales
Le terme de génocide a été inventé par le juriste polonais Raphaël Lemkin en 1944 pour qualifier, a posteriori, les pratiques de guerre de l'Allemagne nazie débouchant sur la Shoah. C'est donc la mise en ?uvre du crime d'Etat nazi (la mise à mort méthodique de six millions d'êtres humains en vue d'éradiquer du continent une religion ou une race honnie) qui a été le révélateur de ce nouveau concept. Le terme « génocide » désigne alors pour son créateur « la destruction d'une nation ou d'un groupe ethnique par un plan coordonné de différentes actions visant à détruire les fondements essentiels de la vie des groupes nationaux, pour anéantir ces groupes eux-mêmes ». Il précise que « le génocide est dirigé contre le groupe national en tan qu'entité, et les actions qu'il entraîne sont menées contre les individus, non en raison de leur qualités individuelles, mais parce qu'ils sont membres du groupe national ».
I. Du massacre au processus génocidaire : des éléments de définition imprécis qui soulèvent des controverses quant à l'utilisation du terme « génocide »
II. L'utilisation du mot « génocide » autour de quatre enjeux : l'instrumentalisation de ce terme pour qualifier un conflit de « génocide »
[...] Le peuple victime recherche donc une gratification symbolique et/ou matérielle pour des souffrances passées. C'est le cas en Namibie où le peuple Herero a attaqué l'Allemagne devant la justice américaine en 2004 pour réclamer des dommages et intérêts à l'ancien peuple colonisateur janvier 2004, Namibie, Les confessions allemandes : l'Allemagne reconnaît enfin le génocides des Hereros Cent ans après le début du massacre des Hereros dont on n'a longtemps rien su, l'Allemagne présente ses regrets à l'ethnie bafouée. Ce génocide perpétré par l'armée allemande a cause la mort de Hereros environs entre 1904 et 1907. [...]
[...] En effet, depuis les 1990's, la France qualifie le conflit de haute intensité ce qui est clairement un euphémisme ; elle a aussi bloqué des initiatives de l'Union Européenne critiquant la politique soudanaise ; et elle s'est opposée à l'adoption de sanctions par les Nations Unies comme l'aurait voulu Washington Selon une ONG allemande de défense des droits de l'homme (GfbV : société de défense des peuples menacés), la France constituerait le premier obstacle à la mise en place de sanctions au conseil de sécurité de l'ONU à l'égard du gouvernement de Khartoum . Cette attitude vient du fait que la France craint une déstabilisation de toute l'Afrique occidentale et centrale, notamment Tchadienne. [...]
[...] Une véritable politique organisée de destruction d'un groupe particulier se met en place. On parle alors nature substantielle du groupe», définie par la loi américaine d'application de la Convention comme une partie d'une telle importance que sa destruction implique la définition du groupe comme entité viable Une définition imprécise de ce crime engendrant des divergences quant à la qualification d'un conflit en génocide Cette définition ne remporte pas de consensus quant à son utilisation. On lui reproche son imprécision. Ainsi, certains massacres sont unanimement qualifiés de génocide : - le massacre des arméniens par la Turquie (1915-1916), - l'Holocauste de la population juive perpétré par les nazis (1941-1945) - la liquidation de la communauté Tutsi par le régime des Hutus au Rwanda en 1994. [...]
[...] Le psychologue Israël Charny estime que tout massacre est un génocide alors qu'inversement l'historien Stephan Katz soutient qu'un seul génocide a été perpétré : celui des juifs. Cette absence de définition commune rend très difficile le travail de comparaison et de définition d'un crime en génocide comme le montre la situation du Darfour. II. L'utilisation du mot génocide autour de quatre enjeux : l'instrumentalisation de ce terme pour qualifier un conflit de génocide L'utilisation du mot génocide soulève un autre problème : celui de son instrumentalisation. [...]
[...] Bien qu'il est évident que toute guerre ne conduise pas à un génocide et qu'un génocide puisse être commis en temps de paix, les deux phénomènes sont étroitement imbriqués. La guerre ou le conflit intra-étatique est souvent le contexte dans lequel s'accélère une dynamique de violence qui précipite l'effondrement des contraintes morales et augmente l'accoutumance au meurtre et ce, dans un sens de plus en plus évolutif. L'état de guerre crée un faisceau de circonstances propices à la destruction de communautés. La guerre facilite alors la perpétration d'un génocide. La décision et l'exécution d'un génocide sont plus facilement camouflées par la guerre. [...]
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