Les rapports annuels des institutions internationales sont porteurs d'enjeux multiples. Censés refléter l'activité effectuée pendant l'année écoulée et permettre une auto-évaluation, ils sont en réalité un instrument que l'organisation peut utiliser pour se valoriser, affirmer une identité ou sa légitimité, répondre aux critiques qui lui sont adressées. Comparer les rapports annuels du PNUD, du FMI et de la BM peut donc nous permettre de comprendre à la fois les divergences et les similitudes dans l'objet et les approches des 3 organisations, la division du travail qui s'établit entre elles, les stratégies qui sont mises en oeuvre dans la rédaction de ces rapports
[...] ) L'expérience des dernières années montre que les prêts à l'ajustement structurel de la Banque et les programmes d'ajustement du FMI sont dans la pratique complémentaires et se renforcent mutuellement." (Raport annuel, 1985). Concernant l'impact social des programmes d'ajustement recommandés par le FMI et la BM, seul le PNUD adopte une approche originale, évoquant "L'expérience souvent douloureuse qui a été celle des pays en développement dans les années 80. Bon nombre d'entre eux avaient alors réduit les budgets de ssecteurs sociaux pour permettre aux pouvoirs publics de surmonter les difficultés crées par la chute des cours des produits de base, l'alourdissement du fardeau de la dette et les programmes d'ajustement structurels qui comportaient des mesures d'austérité rigoureuse. [...]
[...] Dans les années 90, la chute du communisme fournit une nouvelle occasion au FMI et à la BM d'affirmer l'importance de leur rôle. Le FMI en particulier s'impose comme la principale institution organisant le passage des pays de l'Est à l'économie de marché. Puis ce sont les crises financières qui occupent le devant de la scène. Les rapports du FMI montrent que celui-ci trouve dans les turbulences financières un moyen de retrouver une légitimité dans le domaine monétaire et financier, en revendiquant un rôle de premier plan dans la réforme de l'architecture financière internationale. [...]
[...] L'apparition de photos dans les rapports est aussi une façon de manifester que l'institution s'intéresse aux hommes et aux femmes des pays en développement et pas seulement à leur balance des paiements, comme le FMI. Les rapports de la BM se rapprochent en cela de ceux du PNUD, traditionnellement moins techniques et plus illustrés. Tout en maintenant les tableaux de chiffres économiques, les rapports de la BM essaient de donner un visage aux réalisations:en couverture comme à l'intérieur, des photos montrent presque toujours des hommes et femmes souriants et sont assorties d'une légende vantant les mérites de la Banque. [...]
[...] En effet, le FMI, surtout après la fin du système de Bretton Woods, oriente son action essentiellement vers les pays en développement. C'est le cas de la BM également après la période de reconstruction de l'après-guerre; en 1960 est créé l'AID (Association Internationale de développement) "dont le but est de favoriser l'octroi de crédits moins onéreux que des emprunts classiques pour la balance des comptes des pays bénéficiaires" (Rapport de la BIRD, 1960-61). A l'origine, les trois rapports reflètent une approche plutôt économiciste du développement. C'est évident pour le FMI, dont le rapport est très ouvertement à contenu économique et financier. [...]
[...] En comparaison, le rapport de la BM estime qu' "Il est difficile d'évaluer de manière détaillée les effets de distribution et l'impact social des prêts à l'ajustement structurel ( . ) Une analyse générale montre toutefois qu'à moyen et long termes et peut-être même à court terme, les effets négatifs de la dégradation de la situation économique sur les pauvres et les chômeurs auraient certainement été pires si le pays n'avait pas adopté un programme approprié d'ajustement." (Rapport annuel, 1985). [...]
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