Arme nucléaire - Dissuasion - Pouvoir égalisateur de l'atome - nouvelles doctrines nucléaires - nouveau système international - nouvelles guerres.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'arme nucléaire passe pour le facteur ultime de la puissance des Etats. La vision réaliste de la notion de puissance, qui la définit comme « la capacité d'un acteur, habituellement un gouvernement, à influencer le comportement des autres acteurs » (Samuel Huntington), semble en effet confirmer l'idée que la bombe nucléaire permet de distinguer les « puissants » de ceux qui ne le sont pas. Tout au long de la guerre froide, la bombe devient l'outil privilégié de la « dissuasion » orchestrée par Washington et Moscou pour éviter un conflit généralisé. Le système international bipolaire est alors pris en otage par les deux principales puissances nucléaires, les Etats-Unis et l'URSS, tandis que les autres puissances concurrentes s'efforcent d'initier leurs propres programmes d'armement afin d' « exister » sur la scène mondiale (en particulier la France).
La fin de la guerre froide coïncide avec l'émergence d'un nouveau système international, né de la convergence de facteurs divers, comme l'éclatement du bloc soviétique, la prolifération étatique, et bien sûr la mondialisation économique. Les menaces y apparaissent désormais plus opaques, peuvent venir d'acteurs non étatiques, et ne semblent plus seulement justifiées par une compétition rationnelle entre Etats mais par des motifs plus divers, culturels, identitaires, ou idéologiques. Ce nouveau contexte remet largement en cause la prise en compte de l'arme nucléaire comme facteur de puissance : l'efficacité de la dissuasion nucléaire semble discutable dans la mesure où les représailles massives à une agression n'est envisageable que si l'attaque vient d'un ennemi clairement identifié et géographiquement localisable.
Dans quelle mesure le nouveau système international rend-il illégitime la prise en compte du nucléaire comme facteur de puissance ? L'arme nucléaire doit-elle encore être considérée comme un facteur déterminant de la puissance d'un acteur dans le système international ?
[...] Alors que la violence demeurait jusqu'alors essentiellement militaire et interétatique, elle prend selon Bertrand Badie une nature sociale Elle est la conséquence du défaut d'intégration sociale internationale [ ] et des humiliations subies dans les zones de fracture de l'espace mondial Dès lors, il s'agit d'une violence beaucoup plus irrationnelle que celle des Etats qui cherchent à assurer leur sécurité, et qui s'incarne dans des formes terroristes ou émeutières. Face à de telles attaques, la dissuasion nucléaire est presque inopérante : les agressions potentielles ne sont pas le fruit d'un calcul rationnel de la part de l'agresseur mais le résultat d'une frustration profonde et non maîtrisée Guerres civiles, émeutes, réseaux terroristes se trouvent davantage dépendants d'attentes sociales que de stratégies décidées par les princes à l'échelle institutionnelle Badie). Dès lors la pression exercée par la menace nucléaire est moins importante. [...]
[...] Le système bipolaire, qui opposait deux camps assez clairement limités, répondait à ces exigences. Ainsi ont pu se mettre en place au fil du temps un code de conduite international à l'ère nucléaire (G.H Soutou, La guerre de cinquante ans). Le nucléaire est alors un facteur de puissance essentiel pour ses détenteurs : il leur permet d'influencer le comportement des autres acteurs du système international, sans avoir besoin d'employer aucune ressource. . les mutations du système internationale post-guerre froide affaiblissent le prestige des puissances nucléaires La chute du mur de Berlin et la disparition de l'URSS amorcent de nombreux changement dans le système international. [...]
[...] L'arme nucléaire est-elle encore un facteur de puissance ? Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'arme nucléaire passe pour le facteur ultime de la puissance des Etats. La vision réaliste de la notion de puissance, qui la définit comme la capacité d'un acteur, habituellement un gouvernement, à influencer le comportement des autres acteurs (Samuel Huntington), semble en effet confirmer l'idée que la bombe nucléaire permet de distinguer les puissants de ceux qui ne le sont pas. Tout au long de la guerre froide, la bombe devient l'outil privilégié de la dissuasion orchestrée Washington et Moscou pour éviter un conflit généralisé. [...]
[...] L'arme nucléaire doit-elle encore être considérée comme un facteur déterminant de la puissance d'un acteur dans le système international ? * * * I L'implosion du système international bipolaire remet largement en cause l'importance du facteur nucléaire dans la définition de ce qu'est une grande puissance Si le nucléaire a pu s'imposer comme l'un des principaux facteurs de puissance pendant la guerre froide . Pendant la guerre froide, la prolifération nucléaire et la doctrine de dissuasion était largement légitimée par la compétition avec un ennemi unique, les Etats-Unis ou l'URSS. [...]
[...] - Par ailleurs une autre limite à l'efficacité de la dissuasion nucléaire (indépendante de l'évolution du système internationale mais liée à l'évolution des mentalités) doit être mentionnée. Plus personne aujourd'hui ne pense à remettre en cause l'association entre arme nucléaire et dissuasion après plus de six décennies de non- emploi de l'arme nucléaire. Il est donc désormais plus ou moins officiel que les bombes n'ont pas vocation à être utilisées mais plutôt à dissuader les éventuelles attaques. L'efficacité de la dissuasion en est gravement affectée, puisque la croyance joue un rôle non négligeable en matière de dissuasion nucléaire (Thérèse Delpech, L'héritage nucléaire). . [...]
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