Le programme « pétrole contre nourriture » est un dispositif onusien visant à satisfaire les besoins humanitaires du peuple irakien, qui a fonctionné de 1996 à 2003. Il s'agissait de faire face aux conséquences tragiques de l'embargo international, mis en place par l'ONU suite à l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, lequel a mené, selon certaines estimations, à la mort d'1,5 million d'Irakiens par manque de nourriture ou de médicaments.
Imaginé comme une « mesure temporaire destinée à couvrir les besoins humanitaires du peuple irakien », le programme permettait à l'Irak de vendre son pétrole et d'acheter en échange de la nourriture, des médicaments et autres services, sous la supervision de l'ONU. Il est interrompu par l'intervention militaire des Etats-Unis et de leurs alliés en 2003, après avoir brassé en tout 64 milliards de dollars en sept ans.
[...] Le programme a eu d'importantes conséquences sociales et économiques sur la population sans pour autant inquiéter l'élite politique irakienne. Les sanctions ont entraîné une forte paupérisation de la population irakienne et un délabrement des infrastructures de ce pays. D'où, d'ailleurs, l'actuel grand défi de la reconstruction en Irak : partir d'une situation d'obsolescence générale de l'économie de ce pays, de l'état d'abandon de pans entiers d'activités industrielles, agricoles et de services. Le constat le plus tragique a en tout cas été celui fait par les ONG humanitaires. [...]
[...] Bibliographie - Al-Rachid, Loulouwa. - L'humanitaire dans la logique des sanctions contre l'Irak: la formule "pétrole contre nourriture". - Politique étrangère. - (2000,printemps)65e année:n°1, p.109-121. - de Lestrange, Cédric; Paillard, Christophe-Alexandre; Zelenko, Pierre. - Géopolitique du pétrole: un nouveau marché, de nouveaux risques, des nouveaux mondes. [...]
[...] Cette résolution prévoyait certaines conditions, notamment que les revenus ne pouvaient servir qu'à l'achat de médicaments, de fournitures de soins, d'aliments et de matériel destinés à répondre aux besoins des populations civiles. Des propositions semblables avaient déjà été formulées, et rejetées par le gouvernement irakien. Mais en 1996, celui-ci accepta d'en discuter, tout en qualifiant la proposition de «malveillante et injuste», avant de finir par l'accepter. Le programme «pétrole contre nourriture» fut dès lors mis en place à partir de décembre 1996. [...]
[...] Il serait faux toutefois de dire que le programme pétrole contre nourriture n'a pas eu d'effet sur la politique irakienne. En l'absence de sanctions, le régime aurait pu poursuivre ses agressions ou continuer d'élargir son arsenal NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). Les mesures prises contre l'Irak ont certainement permis de contrôler la situation dans le Golfe et ont peut-être empêché l'éclatement de nouveaux conflits. Toutefois, on peut noter que les États de l'OPEP, risquant de devoir réduire leurs quotas de production en cas de retour de la production irakienne sur les marchés, ont poussé à l'échec des tractations entre l'ONU et l'Irak en 1996. [...]
[...] Ces recettes étaient ensuite recyclées par le demi-frère de Saddam Hussein, Barzan Al-Tikriti, dans des sociétés offshore. Ce trésor de guerre de Saddam Hussein a été estimé à près de 6 milliards de dollars, sans jamais bien sûr bénéficier à la population irakienne. Par ses failles et ses résultats mitigés, le programme humanitaire «pétrole contre nourriture» a été un coup dur porté à l'institution des Nations Unies autant qu'à son secrétaire général, Kofi Annan, qui terminait là de la plus mauvaise des manières son second mandat. [...]
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