Né à la conférence de Bandung en 1955, l'afro-asiatisme a marqué la seconde moitié du XXème siècle. Il favorisa la décolonisation et permit l'émergence du Tiers-Monde sur la scène internationale. Mais, il souffrit vite de ses contradictions et perdit son unité initiale.
I/ Origines de l'afro-asiatisme et de la décolonisation II/ La conférence de Bandung et l'avènement du Tiers-Monde III/ Les impasses de l'afro-asiatisme...
[...] D'autre part, le non alignement doit permettre aux Etats de rester indépendant et éventuellement de jouer le rôle de conciliateurs entre les deux blocs (plus concrètement, il permet aussi d'être aidé simultanément par les deux blocs). La thématique des droits de l'homme, quant à elle, est limitée à la restauration de la dignité de l'homme colonisé. Mais, au sein des pays, le projet de développement peut servir de justification à un système politique autoritaire. Parallèlement, le concept de Tiers-Monde apparaît. Il réunit les pays récemment décolonisés et l'ensemble sud-américain, plus anciennement indépendant. [...]
[...] A partir de 1956, les Afro-Asiatiques tendent à devenir les non-alignés, avec l'adjonction de la Yougoslavie et, en 1961, de Cuba. La conférence de Belgrade en 1961 marque le refus des alliances militaires collectives et le soutien apporté aux luttes de libération nationale. Les impasses de l'afro-asiatisme Peu à peu, le mouvement va perdre son unité. Les rivalités Sud-Sud ont longtemps été occultées par le rapport Nord-Sud ; mais, dès 1962, l'asiatisme entre en crise avec le conflit armé entre la Chine et l'Inde, dans l'Himalaya. [...]
[...] Mais le colonialisme va surtout se heurter à son coût de plus en plus important. Les coûts d'administration des colonies explosent avec l'accroissement démographique et la modernisation des sociétés indigènes. L'équilibre des finances n'est préservé qu'au prix d'une baisse des budgets militaires ce qui rend plus difficile à réprimer une éventuelle révolte. Le maintien du pouvoir colonial passe donc par la multiplication de compromis avec les nationalistes. Suite à la vague d'accessions à l'indépendance en Asie et dans le monde arabe en 1945 et à l'entrée des nouveaux Etats à l'ONU, un groupe arabo- islamique se forme en 1949 au sein de cette institution. [...]
[...] En conclusion, l'afro-asiatisme permit l'instauration d'une dignité nationale bafouée par le colonialisme. La véritable force du mouvement fut sa capacité de monnayer, sous forme d'aides, les positions géopolitiques de ses Etats-membres dans le grand jeu de la guerre froide. Son principal impact historique fut l'accélération du processus de décolonisation, en particulier en Afrique. Le champ d'action du mouvement demeura les institutions internationales, conçues comme des lieux d'expression politique et comme des instruments de redistribution économique entre Etats riches et Etats pauvres. [...]
[...] Les Afro-Asiatiques : acteurs ou enjeux de la scène politique internationale ? (Henry Laurens, Politique Etrangère 3-4/2000) Né à la conférence de Bandung en 1955, l'afro-asiatisme a marqué la seconde moitié du XXème siècle. Il favorisa la décolonisation et permit l'émergence du Tiers-Monde sur la scène internationale. Mais, il souffrit vite de ses contradictions et perdit son unité initiale. Origines de l'afro-asiatisme et de la décolonisation Dès les années 1870, les élites des peuples dominés des Empires coloniaux prennent conscience d'une certaine communauté de destin qui les unit face au pouvoir blanc. [...]
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