Zbigniew Brzezinski, actuellement conseiller au Center for Strategic and International Studies et professeur de relations internationales à l'université Johns Hopkins à Washington, a été conseiller pour les affaires de sécurité nationale du Président Carter. Son précédent ouvrage était Le grand échiquier. Partisan d'une grande fermeté vis-à-vis de l'Union Soviétique lorsqu'il servait dans l'Administration Carter, il jouit aujourd'hui d'une autorité qui dépasse le camp démocrate, passant pour un observateur à la fois modéré et réaliste.
Dans cet essai sur le bon usage de la puissance américaine, Brzezinski fonde sur une analyse du rôle de l'Amérique dans le monde une série de prescriptions qui apparaissent comme autant de critiques implicites ou explicites de la politique de l'Administration Bush.
Les Etats-Unis se retrouvent aujourd'hui, pour la troisième fois de leur histoire , plongés dans un grand débat national sur leur défense, à un moment caractérisé par :
- une suprématie absolue dans l'ordre international, sur tout le registre de la puissance. Non seulement cette suprématie fait l'objet d'une acceptation quasi-unanime, mais aucun rival crédible n'apparaît à l'horizon des prochaines décennies ;
- une vulnérabilité accrue, par contraste avec les puissances qui ont joui dans l'histoire d'une hégémonie comparable, mais pour lesquelles l'espace et le temps jouaient un rôle de glacis ;
- un statut de garant de dernier ressort de la stabilité internationale.
[...] Pour bien l'illustrer, Brzezinski invite son lecteur à imaginer ce que seraient les conséquences d'un retrait immédiat des forces américaines stationnées dans les trois régions les plus sensibles de la planète, l'Europe, l'Extrême-Orient et le Golfe persique : . un chaos politique majeur. L'Europe entamerait une course désordonnée au réarmement et ses acteurs entreraient en concurrence pour gagner les faveurs de la Russie. En Extrême-Orient, la péninsule coréenne serait probablement précipitée dans la guerre, tandis que le Japon aurait pour priorité le réarmement - nucléaire compris. [...]
[...] La question qui se pose aujourd'hui est de savoir vers quelle définition politique tendra cette ébullition : Brzezinski estime que la dynamique fondamentaliste, réactionnaire, tend à s'épuiser, alors que le seul véritable défi politique émane des mouvements populistes qui embrassent l'islam comme idéologie politique - et entretiennent le ressentiment anti- occidental. S'agit-il d'un phénomène analogue à celui des partis populistes de masse apparus dans le sillage de la Révolution Industrielle et du signe avant-coureur réveil d'une civilisation longtemps engourdie ? Quoi qu'il en soit, ces processus emprunteront des voies variées, modérées pour certains, violentes pour d'autres, mais les Etats-Unis devraient, en tout état de cause, éviter de donner l'impression qu'ils assimilent les spécificités culturelles de l'islam à des obstacles insurmontables à l'accès à la modernité. [...]
[...] ) point d'ancrage crucial pour affronter le tumulte eurasien Ce choix requiert un engagement régional plus net du Japon. L'ancien conseiller du président Carter propose de mettre en oeuvre ces postulats en se concentrant sur trois priorités : - la résolution du conflit israelo-arabe, qui est non seulement une source de déstabilisation pour tout le Moyen-Orient, mais menace également l'alliance euro-atlantique de dislocation. Compte tenu des divergences de fond entre l'Europe et les Etats-Unis sur ce dossier, mais aussi des velléités des conservateurs américains proches du Likoud d'imposer un nouvel ordre dans la région, le risque est réel que l'Europe se définisse, pour la première fois depuis Suez, contre l'Amérique. [...]
[...] Les Etats-Unis se retrouvent aujourd'hui, pour la troisième fois de leur histoire[1], plongés dans un grand débat national sur leur défense, à un moment caractérisé par : - une suprématie absolue dans l'ordre international, sur tout le registre de la puissance. Non seulement cette suprématie fait l'objet d'une acceptation quasi-unanime, mais aucun rival crédible n'apparaît à l'horizon des prochaines décennies ; - une vulnérabilité accrue, par contraste avec les puissances qui ont joui dans l'histoire d'une hégémonie comparable, mais pour lesquelles l'espace et le temps jouaient un rôle de glacis ; - un statut de garant de dernier ressort de la stabilité internationale Une nouvelle définition de la sécurité nationale et internationale Les attentats du 11 septembre 2001 ont consacré la fin de la sécurité souveraine cette notion qui rendait synonymes sécurité et souveraineté. [...]
[...] L'auteur donne également une définition géographique de l'insécurité en la localisant dans la principale zone de turbulences du monde qu'est l'Eurasie, en particulier la zone comprise entre le canal de Suez et la Chine, qu'il avait déjà, dans Le grand échiquier, qualifiée de nouveaux Balkans du monde C'est dans ce périmètre, qui concentre la moitié de la population mondiale, que l'on trouve les trois quarts des pauvres de la planète, les foyers de conflits ethniques les plus explosifs, les violences religieuses les plus intenses et quelques uns des régimes les plus despotiques. C'est une région que l'Amérique doit traiter - et pacifier - comme un ensemble, car c'est là que se situent les enjeux majeurs de la sécurité du monde : le terrorisme, les armes de destruction massive, les approvisionnements énergétiques . Le premier effort doit porter sur la compréhension de la complexité du monde islamique, une tâche rendue difficile, aux Etats-Unis, par le préjugé anti-arabe et l'assimilation sommaire de l'islam au terrorisme, mais néanmoins indispensable. [...]
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