Le vertige de Babel, cosmopolitisme ou mondialisme est un essai écrit en 1999. Dans cet essai, P. Bruckner propose une voie nouvelle pour la mondialisation, une voie médiane distincte des deux voies radicales traditionnellement retenues : la voie « nationaliste et xénophobe », attachée « à son patrimoine comme Harpagon à sa cassette » et la voie « cosmopolite », « affamé (é) d'autrui, curieux(se) de tout, pressé (e) d'échanger l'étroitesse nationale pour un vêtement plus ample ».
P. Bruckner constate que l'ouverture et les brassages culturels sont considérés par la doxa comme les traits d'une société tournée vers le progrès. A l'inverse, l'attachement à une nation suscite inévitablement le soupçon de la xénophobie.
P. Bruckner réfute l'idée qu'il n'y aurait pour la mondialisation que deux voies extrêmes à emprunter, à savoir d'un côté la voie des tenants du nationalisme, attachés à l'identité française et excluant toute influence étrangère et de l'autre, la voie des tenants d'un cosmopolitisme dévoyé tournés exclusivement vers l'extérieur.
[...] Le cosmopolitisme mondain P. Bruckner fustige toutes les attitudes faussement revendiquées comme appartenant à une démarche cosmopolite et qui s'apparente en réalité à une attitude mondaine et superficielle. Pour P. Bruckner, n'appartiennent pas à la communauté des authentiques cosmopolites, les personnes communiquant, grâce au progrès des technologies de la communication avec des correspondants habitant à l'autre bout de la terre D'où l'étrange jubilation que procurent ces machines : n'être avec personne tout en étant avec n'importe qui p. pas plus que les personnes usant d'un emploi immodéré du franglais (en général inversement proportionnel à la connaissance de cette langue (l'anglais) p. [...]
[...] Le cosmopolitisme n'est donc en rien la négation du sentiment national pas plus qu'il n'est synonyme de papillonnage et d'éclectisme effrénés. Citations Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix (in Préambule de la Convention de 1945 créant l'UNESCO). Qu'est-ce qu'un grand roman ? Une querelle de clocher, une aventure intime qui passionne la terre entière Plus une culture sera vivante, plus son ouverture et sa voracité vis-à-vis des autres seront grandes (Juan Goytisole cité par P. [...]
[...] Le mondialisme constitue selon P. Bruckner cette sous-culture universelle chargée de remplacer les autres, ce pot-pourri à base de fast- food, d'uniformité vestimentaire, de séries télévisées et de musak, qui prétend lier tous les hommes sous le même joug, que ce soit à Los Angeles, Bombay ou Lagos ! (p. 19). Le mondialisme absorbe toutes les cultures qu'il vide de l'intérieur pour recomposer une culture universelle factice composée d'éléments culturels hétérogènes vidés de leur profondeur et de leur singularité. Cette (sous) culture universelle sensée rapprocher les peuples incarne une simple illusion de totalité car elle n'est in fine que l'expression d'un vide absolu On débouche sur le vide car il n'y a ni la douleur de l'apprentissage, ni l'expérience du dépaysement. [...]
[...] Ce dernier évoque la formidable liberté que lui offre l'apprentissage de ces langues, celle de pouvoir élargir ses propres horizons une langue qui s'apprend est une nouvelle liberté, une langue nouvelle, un cosmos et un monde à elle seule, enfin une chance de survie inestimable p. 29). La démarche cosmopolite est à cet égard un véritable effort pour s'arracher aux références culturelles ancrées en chaque individu. Elle suppose un travail et implique une peine. Toutes les cultures en ce qu'elles se considèrent chacune comme absolues empêchent donc de concevoir une culture universelle. [...]
[...] Je suis donc d'autant plus apte au cosmopolitisme qu'inscrit dans une terre, une langue particulières qui seront mes tremplins pour rejoindre autrui L'essentiel étant que la distance entre les cultures n'empêche pas la relation ni que la relation ne détruise la distance Afin que tout sol lointain ait un jour pour nous la douceur du sol natal Penser ensemble l'enracinement et l'universel comme se fécondant l'un par l'autre Le droit à avoir des droits le privilège même du citoyen (Hannah Arendt cité par P. Bruckner). Mieux vaut une collection de solitudes que la prison des peuples. [...]
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