Historien fécond, J-B Duroselle élabore en 1981 une tentative de théorisation des relations internationales dans son ouvrage Tout empire périra. Professeur à la Sorbonne, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, son chemin a croisé la routé de grands théoriciens, tel Kaplan ou encore Wolfers. Inspiré des écrits de Raymond Aron il développe une méthode descriptive puis explicative de l'histoire.
Il rééditera son ouvrage, complété en 1992 suite à l'effondrement de l'URSS, dans lequel il revient sur les raisons de cet effondrement, tout en établissant des constats pertinents sur les éléments constitutifs des relations entre Etats : la diplomatie, l'économie, la puissance, la guerre,… Dans un contexte de grands bouleversements, son ouvrage semble synthétiser les différents types d'interactions pouvant exister entre Etats. Il s'interroge ensuite quant à la possibilité de créer une théorie des R.I., en tant que science proprement dite.
Est-il possible de constituer une véritable science des relations internationales ?
Si oui, quels sont les moyens à notre disposition pour élaborer une telle science ?
Dans quelle mesure le raisonnement de Duroselle est t'il ambivalent quant aux faits constatés ?
Nous étudierons les vingt premières pages du chapitre 15, intitulé « La théorie et ses limites » dans lequel Duroselle réfléchi sur les régularités de l'histoire de l'homme ainsi que sur les particularités du système monde depuis le XVIème siècle, points qui seront abordés dans notre première partie concernant l'apport de Duroselle à l'élaboration d'une théorie des R.I. Puis nous tenterons d'appréhender la portée de ce raisonnement au sein du 4ème débat, alors virulent, mais aussi les limites de cet ouvrage qui consistent en l'absence de remèdes.
J-B Duroselle présente une réflexion pertinente sur l'histoire. Il croit possible la création d'une véritable science des R.I. basée sur l'empirisme. La description et la compréhension des faits historiques doivent permettre de relever les régularités et les particularités de l'histoire, qui pourraient alors constituer les fondements d'une science explicative. Trois niveaux d'études sont proposés : celui des régularités, celui des particularités et celui des « recettes », concernant la description de l'action ponctuelle des dirigeants (qui ne sera pas abordée). Cependant, si les travaux de Duroselle présentent de manière remarquable les évènements et les réalités des relations internationales, il ne propose néanmoins pas de remèdes aux dysfonctionnements remarqués. Nous tenterons enfin de rattacher sa pensée au courant théorique le plus proche de sa conception des relations internationales.
[...] Une théorie bornée à l'explication : l'absence de remèdes Le déroulement de la pensée de l'auteur présente une volonté empirique de décrire les faits historiques pour ensuite les expliquer. Mais sa démarche s'arrête ici, Duroselle ne cherche pas à proposer des alternatives au fonctionnement actuel du système. Certes, son apport concernant les régularités de l'histoire permet de prévoir des évolutions, d'expliquer des évènements ; autant d'éléments qui autoriseraient l'auteur à préconiser des moyens d'action pour la paix (par exemple). Sa finalité semble restreinte à sa fonction d'historien, il n'a aucune prétention à conseiller et se contente de décrire. [...]
[...] - Les empires naissent, atteignent leur apogée et finissent par mourir. Ces assertions posées, il convient de remarquer que la pensée de Duroselle est marquée par un fort rationalisme. Il adopte un raisonnement réaliste par rapport à l'histoire passée et perçoit les relations interétatiques comme structurellement houleuses : l'existence de différences de potentiel a toujours conduit les puissants à occuper le terrain, et s'ils sont plusieurs, à se disputer l'occupation du terrain Il reconnaît la contradiction des intérêts étatiques à la base de la conflictualité entre États. [...]
[...] L'apport de Duroselle à la construction d'une théorie des R.I. Cette partie sera consacrée à l'analyse des pages 259 à 277. Nous verrons quelles régularités de l'histoire et particularités du système monde depuis la Renaissance Duroselle met en exergue. La nécessité de repérer les régularités dans l'histoire de l'homme Le début du chapitre 15 est consacré à la recherche des éléments récurrents de l'histoire, pouvant être appréhendés à toute époque et répondant à une logique redondante. Ce sont les régularités de l'histoire. [...]
[...] - Les conditions dans lesquelles des groupes d'hommes passent d'un système de valeur à un autre sont aussi similaires. L'auteur prend l'exemple de l'essor de la religion chrétienne dans le monde pour voir dans quelles conditions ce système de valeur a été le mieux intégré. Il remarque que la conversion se produit lorsque le système de valeur en question est attirant, lorsque l'idéologie existante s'effondre, le tout renforcé par une conquête qui aboutit à la dislocation par la force de l'idéologie existante - Le consensus politique est à la base de la stabilité structurelle d'une communauté. [...]
[...] même si celle-ci est incomplète. Sur le plan épistémologique, il se rapproche donc des rationalistes (qui regroupent les réalistes et les néo/néo) et des constructivistes. La distinction majeure entre la pensée de Duroselle et celle des rationalistes se situe au niveau de la considération du rôle des idées sur la scène internationale. Tandis que les rationalistes n'y attachent qu'une importance secondaire, Duroselle, à travers sa réflexion sur les régularités historiques, met en avant leur fonction première dans les grands changements historiques. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture