Depuis le 11 septembre 2001, on assiste, non seulement, à une nouvelle forme de barbarie, celle de l'hyper terrorisme, mais aussi à une réaction qui est plutôt celle d'un empire à la fois ascendant et blessé, possédé par le sentiment de sa puissance, de sa vulnérabilité, de son invincibilité, qui, cherchant à combattre une terreur insaisissable, risque de la répandre et de la reproduire.
Actuellement, il semblerait qu'il y ait concomitance entre une tentative américaine d'empire universel et une violence permanente qui ne serait plus seulement celle des Etats, mais celle des groupes et des réseaux, en particulier terroristes. La guerre froide était caractérisée par l'endiguement de l'empire soviétique grâce à un empire américain informel, flexible et ouvert au pluralisme. La période de « l'entre deux empires » entraînait, avec la désintégration de l'empire soviétique les risques de l'anarchie sanglante mais aussi les espoirs d'un ordre relativement réglé.
On assiste aujourd'hui à deux offensives, dont chacune se conçoit comme une contre-offensive : celle de la djihad islamiste, qui se définit comme une réaction à l'invasion de la modernité, et celle d'une Amérique qui, attaquée et frappée en plein cœur, trouve dans son besoin de revanche le ressort d'une entreprise offensive visant la destruction de ses ennemis, la conversion des indécis et le remodelage de la planète dans un sens compatible avec les intérêts et les valeurs des Etats-Unis.
Mais la logique de cet affrontement risque de donner l'avantage aux tendances ou aux fractions les plus fanatiques ou les plus violentes présentes dans les deux camps.
[...] Avec la dissolution du pacte de Varsovie, qu'en est-il de la survie de l'OTAN ? Après tout, une alliance militaire peut difficilement prospérer sans adversaire potentiel. Même, si certains sont en faveur d'une transformation de l'OTAN en organisation politique, dont la mission serait de négocier des accords de maîtrise des armements ou de désarmement, elle devra plutôt constituer un filet de secours aux relations est-ouest. Ce serait alors aux structures paneuropéennes que reviendrait la charge d'établissement de relations économiques entre ces deux pôles. [...]
[...] Les partisans de l'intervention se recrutaient au centre droit (Mme Thatcher, R. Nixon, la CSU) ou dans la gauche non communiste (les Verts allemands et français, et une partie des partis socialistes). Au contraire, le centre politique comme les bureaucraties diplomatiques et militaires avait pour devise surtout pas de zèle Les idéalistes sont en général opposés à la force mais ont insisté en Yougoslavie sur la nécessaire opposition à l'agresseur nationaliste ou totalitaire. Les réalistes, sensibles avant tout aux enjeux économiques et stratégiques, perçoivent en Yougoslavie, une cause humanitaire et non un intérêt stratégique ; cela n'exclut pas une intervention mais elle ne devra rencontrer aucune opposition sérieuse ni ne risquer de s'enliser. [...]
[...] Mais cette conception aurait forcé, à vivre dans un même état, au nom des vertus de la tolérance multiethnique et du cosmopolitisme, des groupes qui ne le veulent pas. Plutôt qu'un saupoudrage indécis, la communauté internationale aurait dû employer tous les moyens nécessaires pour résoudre les problèmes, c'est-à- dire qu'elle aurait dû s'engager non seulement sur le plan humanitaire mais surtout sur le plan politique et militaire. La guerre de Yougoslavie constitue par excellence le cas où l'on pouvait et devait intervenir, le cas qui servait de test à l'après-guerre froide et à l'émergence de la communauté internationale (Page 95).Ce test a été raté et les occidentaux ont eu le déshonneur et la guerre. [...]
[...] (Page 155) Il n'y a pas de société ni de politique sans contradictions, mais certaines sont plus contradictoires que d'autres.C'est certainement le cas des Etats-Unis. »(Page 160) L'individualisme américain , la méfiance envers l'Etat , la tradition des milices de la guerre d'Indépendance expliquent à la fois , d'une part l'importance de la violence individuelle et la résistance au contrôle des armes à feu, et d'autre part l'importance attachée à la vie du soldat américain. »(Page 170) Les fonctions de maintien de la paix et de l'ordre et d'interposition auxquelles les militaires américains et l'administration Bush étaient quasi unanimement réfractaires semblent s'imposer de l'Afghanistan au Proche- Orient et prendre une importance qui ne permet pas de les laisser aux alliés. [...]
[...] Après la première guerre mondiale, la question se posait sur la formule institutionnelle précise à adopter pour la société des nations, mais sur la présence ou le retrait américain, et surtout sur l'évolution intérieure et le sort ultime de l'Allemagne et de l'Union soviétique. La différence, aujourd'hui, consiste en ce que le problème de l'Allemagne est résolu. Le vrai point d'interrogation est donc celui que pose le sort d'un empire atteint de maladie mortelle tout en continuant d'être une super puissance nucléaire. Les premières priorités de l'Europe doivent être l'union économique et politique de l'Europe occidentale et l'établissement de liens structurels avec l'Europe de l'est conduisant à son intégration éventuelle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture